Football, blockchain, cryptomonnaies et NFTs : l'amour f(l)ou
Entre les émissions de fan tokens par les plus grands clubs du monde, les ventes de tokens non fongibles (NFTs) à l’effigie des joueurs ou les contrats de sponsoring avec des sociétés cryptos, l’univers du football accueille à bras ouverts les innovations apportées par la blockchain. Un mariage pour le meilleur, mais aussi pour le pire en l’absence de tout cadre législatif. Nous vous proposons de décrypter cette union de deux mondes faits pour s’entendre.
Miser sur le football pour gagner en visibilité
Le foot et la blockchain, c’est une histoire d’amour qui dure déjà depuis quelques années. Mais ces derniers mois, leur relation a franchi un cap. Il ne se passe plus une semaine sans une annonce fracassante mêlant les deux univers.
Fin mars 2022, c’est Lionel Messi qui faisait la une de tous les médias suite à l’annonce de son partenariat avec la plateforme de fan tokens Socios.com. Contre un chèque de 20 millions de dollars (18 millions d’euros), le prodige argentin a accepté de devenir ambassadeur de la société pendant trois ans.
Together we can do more. Together we can be more.
Introducing https://t.co/2FROhSNgw8’s first global ambassador, Lionel Messi.#BeMoreThanAFan pic.twitter.com/DxiHckf2Wq
— Socios.com (@socios) March 29, 2022
Si Lionel Messi a de quoi se frotter les mains suite à ce juteux contrat, Socios.com n’est pas en reste. La société créée par le Français Alexandre Dreyfus, qui s'appuie sur son token Chiliz (CHZ), signe un très beau coup marketing. En misant sur celui qui est considéré comme l’un des meilleurs footballeurs de l’histoire, elle se donne les moyens de faire connaître ses fan tokens auprès du plus grand nombre. Et elle n’est pas la seule société crypto à avoir investi dans le monde du ballon rond pour gagner en visibilité…
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Cryptoast Academy : 75% de réduction avant le Black Friday pour fêter le bullrunEntre foot et blockchain, l’union fait la force
Le football est sans conteste le sport le plus populaire de la planète. Pratiqué par 250 millions de personnes dans plus de 200 pays, il est suivi par 3,5 milliards de fans à travers le monde. Il constitue donc un terrain stratégique pour les sociétés crypto cherchant à toucher de nouveaux publics en bénéficiant de la plus large exposition possible. Mais les clubs, les joueurs et les compétitions majeures de football profitent également de cette quête de popularité.
Le monde du ballon rond ne s'est pas fait prier pour adopter les innovations apportées par la blockchain, comme les tokens non fongibles (NFTs), afin de créer de nouvelles sources de revenus. Le football et la blockchain, c’est une alliance gagnant-gagnant qui se décline sous différentes formes.
Les contrats de sponsoring
À l’image de Crypto.com, partenaire officiel du Mondial au Qatar qui débutera en novembre prochain, nombreuses sont les sociétés cryptos à avoir choisi de sponsoriser des compétitions ou des clubs de foot. Rien qu’en Premier League, le championnat le plus puissant du monde, 17 des 20 clubs comptent parmi leurs partenaires des entreprises du secteur.
Parmi les alliances les plus notables, on peut citer pêle-mêle OKX et Manchester City, Tezos et Manchester United, Binance et la dernière édition de la Coupe d’Afrique des Nations, Crypto.com et le Paris Saint-Germain… Les sociétés cryptos ont des liquidités à revendre, et le monde du foot voit d’un très bon œil ces nouvelles rentrées d’argent.
Deux grands clubs néerlandais sont allés encore plus loin en acceptant d'être sponsorisés directement en Bitcoin (BTC) :
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- Le PSV Eindhoven a accepté d’être payé en Bitcoin pour un contrat de sponsoring avec l'exchange de cryptomonnaies Anycoin Direct.
- L’AZ Alkmaar conserve des bitcoins dans sa trésorerie dans le cadre d’un accord de parrainage exclusif avec l’exchange Bitcoin Meester.
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L’émission de fan tokens
Les fan tokens, c’est la spécialité de l’entreprise Socios.com. Cette plateforme dédiée aux supporters a fait du football sa priorité, même si elle est engagée dans d’autres sports comme le basket ou le MMA à travers l'UFC. Sa proposition est simple : permettre aux clubs partenaires de stimuler l’engagement des fans et de mieux monétiser leur ferveur.
En pratique, Socios.com conclut des partenariats avec les clubs afin qu’ils émettent sur sa plateforme des tokens qui seront vendus aux supporters. Les détenteurs de fan tokens peuvent ensuite participer à des sondages afin d’influer sur certaines décisions secondaires de la vie de leur équipe, comme le design du troisième maillot, le joueur du mois ou la chanson d'entrée sur le terrain. Ils peuvent également gagner des récompenses réservées aux détenteurs de fan tokens. Ainsi, le club dispose d’une toute nouvelle source de revenus, avec un champ des possibles sans limites pour monétiser l’engagement de ses fans.
🏟 Make your mark on the Emirates Stadium.
❤️ $AFC Fan Token holders decided on the new tunnel message & we invited one lucky @Arsenal fan to be the first to see it.
👉 More info: https://t.co/TXtJ7HHufI
⚡️ $CHZ pic.twitter.com/l9W7ryI0lJ
— Socios.com (@socios) April 1, 2022
Le modèle de Socios.com cartonne. La société compte déjà dans son escarcelle les plus grands clubs du monde, comme le FC Barcelone, l'Atlético Madrid, le Paris Saint-Germain, la Juventus de Turin, Manchester City ou encore Arsenal. Au total, une cinquantaine d’équipes sont disponibles dans l’application. Devant la réussite de Socios.com, la plateforme Binance s’est elle aussi lancée dans la course aux fans tokens avec une plateforme dédiée. Elle compte pour le moment trois partenaires : la Lazio Rome (Italie), le FC Porto (Portugal) et le FC Santos (Brésil), mais elle ne compte pas s’arrêter là.
On pourrait ajouter à tout cela l’initiative du footballeur japonais Keisuke Honda, qui a lancé son propre fan token. L’ex-joueur du Milan AC a utilisé pour cela la plateforme Rally.io, qui servira d’intermédiaire entre la star nippone et les détenteurs de KSK Honda Coin. Ces derniers auront accès à des contenus exclusifs concernant le joueur, sur le terrain comme en dehors. Avec leurs communautés immenses, on pourrait très bien imaginer des poids lourds du foot comme Cristiano Ronaldo ou Kylian Mbappé suivre le même modèle.
Les ventes de NFTs
Vous l’avez sûrement remarqué, les NFTs ont la cote depuis l’an dernier. En tout cas, cela n’a pas échappé au milieu du football. Entre les ligues et les tournois nationaux (Premier League, Liga, Major League Soccer), les compétitions internationales (UEFA), les clubs (FC Liverpool, Manchester United, AS Monaco, FC Porto, PSG) et les joueurs (Ronaldinho, Giorgio Chiellini, David Trezeguet, Lionel Messi, Pelé, Romelu Lukaku), nombreux sont les acteurs du ballon rond qui s'emparent du phénomène. Et la liste est loin d’être exhaustive.
Comment parler de tokens non fongibles dans le football sans évoquer la pépite française Sorare ? Lancé en 2018, ce jeu de fantasy football s’appuie grandement sur les possibilités offertes par les NFTs. Pour faire simple, les participants achètent et vendent des NFTs représentant des cartes de footballeurs, qu’ils utilisent pour composer leur équipe virtuelle. Ils gagnent ensuite des points en fonction des performances réelles en match de chaque joueur et de la rareté de chaque carte.
A player for the ages and a card for the history books?
🇦🇷 The Unique card of the 7x Ballon d’Or winner has just landed on @Sorare with 4 of his @PSG_inside teammates! 🇫🇷
🔥 Get scouting: https://t.co/N8zUYv2I17 pic.twitter.com/mCbUySomAA
— Sorare (@Sorare) March 22, 2022
Au total, plus de 230 clubs de foot ont déjà rejoint Sorare, qui multiplie les partenariats. Et ce chiffre devrait continuer à grossir, car toutes les équipes sous licence touchent des royalties. Pour eux, cette manne financière venue de nulle part est difficile à refuser.
Pas étonnant que la startup attire les investisseurs de tous bords, comme les joueurs Antoine Griezmann et Gerard Piqué, ou le milliardaire Xavier Niel. En septembre 2021, elle a réalisé une levée de fonds de 680 millions de dollars, ce qui constitue un record pour la French Tech. L’entreprise est depuis valorisée à 4,3 milliards de dollars.
Sorare : le jeu de fantasy football le plus populaireLes solutions d’investissement décentralisées dans le football
Plusieurs initiatives s’appuient sur la blockchain et les cryptomonnaies afin de proposer des visions plus décentralisées de l’investissement dans le football, et dans le sport de manière plus générale.
On peut notamment citer le projet de Peter Lim, un investisseur singapourien très impliqué dans le monde du ballon rond. Épaulé par son fils Kiat, il s’est entouré d’anciennes gloires de Manchester United (Paul Scholes, Ryan Giggs, Gary Neville, etc.) pour créer une organisation autonome décentralisée (DAO) baptisée CO92 (pour « Class Of ’92 », qui désigne l’une des meilleures générations de l’histoire du club mancunien). L’objectif ? Démocratiser l’investissement dans le football. Les fans pourront acheter des tokens CO92 DAO, afin de prendre part aux décisions et participer aux placements réalisés. Il n’y aura pas d’investissement minimum.
https://twitter.com/Cryptomagfr/status/1490757180399702024?s=20&t=-iiAC8c9267IIujOlUMdjg
Le fonds d’investissement Tokenchampions a choisi une autre voie en se spécialisant dans la gestion des droits à l’image des footballeurs. Là aussi, les particuliers comme les entreprises sont invités à participer, avec un ticket d’entrée minimum de 100 euros. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le projet ne manque pas d’ambition : il compte gérer un portefeuille d’environ 300 joueurs générant 1,5 milliard d’euros d’actifs dans les trois prochaines années. La stratégie étant naturellement de miser sur des joueurs d’avenir à fort potentiel.
En parlant de démocratisation du foot business, on se devait également de présenter le projet WAGMI United. Son objectif est complètement fou, à savoir donner naissance à un club financé à 100% par les cryptomonnaies et les NFTs. Porté par des investisseurs solides venus d’horizons divers, il pourrait révolutionner la façon dont les clubs de foot sont gérés, avec comme toujours ce souci de décentralisation afin d’impliquer le plus possible les fans.
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Foot et blockchain : un mariage qui divise
Si de nombreux fans de football adeptes de la blockchain se délectent de voir ces deux univers fusionner, certains pointent du doigt les abus nés de cette union. Il faut dire que certains acteurs du monde du football ne sont pas très regardants quand il s’agit d’accepter des sommes mirobolantes venues de l’écosystème des cryptomonnaies.
Des contrats trop rapidement conclus avec des sociétés douteuses
Ces derniers mois, on a vu plusieurs clubs annuler des contrats signés avec des sociétés crypto. La raison ? Ils n’ont pas fait les recherches nécessaires avant de s’engager, et se sont rendu compte un peu tard des soupçons de fraude entourant ces entreprises.
C’est notamment le cas du FC Barcelone, qui a annulé en novembre 2021 un contrat de marketing conclu avec la marketplace de NFTs Ownix. Une décision qui fait suite à l’arrestation pour fraude présumée de Moshe Hogeg, un homme impliqué dans la société. Logiquement, le club ne souhaitait plus être associé à son nom.
Au même moment ou presque, c’est Manchester City qui décidait de suspendre son accord de sponsoring avec la société 3Key Technologies. Alerté par des internautes, le club s’est aperçu qu’aucun membre de l’équipe dirigeante n’avait de présence en ligne. Suite à cette découverte, deux sites Internet en lien avec l’entreprise ont été fermés, ce qui a confirmé les doutes sur la légitimité de 3Key Technologies. Depuis, l’entreprise n’a plus jamais communiqué sur les réseaux sociaux.
Manchester City suspend partnership with "3Key", a start-up cryptocurrency firm whose executives do not seem to appear on internet searches. Partnership was announced last week. pic.twitter.com/Hi02Z2IxAR
— Jack Gaughan (@Jack_Gaughan) November 19, 2021
Plus récemment, ce sont les clubs du Sporting Portugal et du Spezia Calcio qui ont décidé de rompre leurs contrats de sponsoring avec la société crypto turque Bitci.com. Cette fois, la raison invoquée serait le retard dans les paiements dus par l’entreprise aux clubs concernés.
La mauvaise protection des participants en l’absence de régulation claire
En Angleterre, les sociétés cryptos ont bien profité des craintes d’un durcissement de la régulation de la publicité pour les sites de paris sportifs afin d’apposer leurs logos sur la plupart des maillots de Premier League. Les clubs ne pouvaient pas refuser une nouvelle manne d’argent frais dans ce contexte, car les sites de paris en ligne leur rapportent gros. Mais si ce flou législatif a bien des avantages pour l’écosystème blockchain, elle pose des questions du point de vue de la protection des consommateurs.
Au vu du caractère ultra-spéculatif et de la volatilité des cryptomonnaies, des fan tokens et des NFTs, les risques sont nombreux pour les supporters mal renseignés sur la nature de ces technologies. Sans des messages de prévention clairs et une législation limpide, il est évident que de nombreux fans de foot attirés par l’appât du gain vont perdre de grosses sommes d'argent. Certains vont investir plus qu'ils ne peuvent se le permettre, quand d'autres vont tomber dans les pièges tendus par les escrocs pullulant dans l'écosystème de la blockchain. Aujourd'hui, pour survivre dans ce Far West législatif, mieux vieux rester vigilant et se méfier de tout le monde.
Une autre question se pose, celle des risques d’addiction causés par des jeux comme Sorare. Car si les sites de paris sportifs sont aujourd’hui pointés du doigt, c’est principalement pour cette raison. S'ils se voient un jour interdits de Premier League, on ne voit pas pourquoi les entreprises cryptos échapperaient à ce durcissement des règles.
De nombreuses zones grises à éclaircir
L’absence de cadre législatif pour les sociétés cryptos laisse une grande place à l’innovation, mais elle pose également de nombreuses questions de conflits d’intérêts et autres manipulations de la part des différents participants à l’écosystème.
Si l’on prend l’exemple de Sorare, une enquête publiée en octobre 2021 a démontré qu’1% des joueurs détenait 45% de la valeur totale des cartes émises par la plateforme. Une concentration des actifs qui ouvre la porte en grand à des manipulations par les joueurs les plus dotés. Mais ce n’est pas tout…
Quand des joueurs en activité investissent dans Sorare et participent au jeu, à l’image de Gérard Piqué, on ne peut pas s’empêcher de penser à tous les conflits d’intérêts que ça cause. Comme le fonctionnement du jeu dépend des performances réelles des joueurs en match, un footballeur pourrait très bien décider de lever le pied sur le terrain pour ses propres intérêts ou ceux d’un complice.
Une société comme Socios.com pose également de nombreuses questions. Par exemple, il serait très simple pour un joueur d’investir dans le fan token d’un club juste avant d’accepter une offre de transfert de sa part, afin de bénéficier de l’augmentation du cours causée par l’annonce de sa signature. Le club pourrait très bien faire de même, en rachetant une partie de ses fan tokens juste avant de faire une annonce fracassante afin de profiter de l’augmentation du cours pour réaliser des bénéfices facilement. Les possibilités de dérapages sont infinies.
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Conclusion
Vous l’aurez compris, si les univers du football et de la blockchain sont faits pour s’entendre, les contours de leur union restent très flous. Et ce n’est pas l’arrivée de memecoins sur ce terrain qui va leur permettre de gagner en crédibilité. Pourtant, Floki Inu et Baby Doge Coin ont eux aussi choisi d’opter pour le sponsoring dans le foot afin de gagner en légitimité et en visibilité. Le premier s’affiche même dans le dos du maillot de Naples, l’un des clubs les plus illustres d’Italie.
Espérons qu’avec le temps, et l’arrivée de législations adéquates pour encadrer les pratiques douteuses, le mariage entre football et cryptomonnaies sera enfin débarrassé de tous ces nuages menaçants. Car qu'on ne s'y trompe pas : malgré toutes les dérives observées ces derniers mois, la fusion de ces deux mondes a le potentiel de révolutionner notre façon de consommer le football, et le sport de manière plus générale. Bientôt l'amour fou après l'amour flou ?
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