Quel avenir pour les crypto-monnaies ?
Comment évolueront les crypto-actifs dans le futur ?
Si l’idée des monnaies cryptographiques date de plusieurs dizaines d’années, la première à réellement voir le jour sous la forme qu’on connait actuellement est le Bitcoin. La présentation de ce concept par un certain Satoshi Nakamoto a eu lieu en octobre 2008. A l’époque, même si ce concept était essentiellement connu des geeks, il s’agissait d’une petite révolution.
Depuis lors, énormément de choses ont découlé de ce premier crypto-actif. Le concept de la blockchain commence à être (petit à petit) connu du public, des entreprises s’intéressent à l’utilisation de cette technologie dans leurs activités économiques, et les gouvernements de différents pays commencent à mettre en place des contraintes règlementaires afin d’encadrer le développement de cette nouvelle classe d’actifs.
Même si certaines personnes promettent un bel avenir aux crypto-monnaies, il reste encore pas mal d’inconnues à leur sujet. Quelle importance vont-ils avoir dans le futur ? Est-ce que leur utilisation se généralisera à l’ensemble de la société, ou bien est-ce que cela restera une affaire de geeks et d’entreprises spécialisées ? Est-ce que les crypto-monnaies vont parvenir à cannibaliser une partie de la capitalisation boursière totale ?
Ces questions sont intéressantes, bien que les réponses que l'on puisse y apporter sont, au mieux, très subjectives. Dans cet article, nous allons donc tenter d’exposer notre point de vue sur le sujet.
Taille du marché actuel des crypto-monnaies
Pour évaluer la popularité des crypto-actifs, on peut se baser sur la capitalisation totale de ce marché. A la date de la rédaction de cet article (janvier 2020), nous sommes environ à une capitalisation de 220 milliards de dollars selon le site internet coinmarketcap. Au moins de janvier 2018, ce chiffre s'élevait à presque 800 milliards.
Si on compare avec la capitalisation totale des marchés financiers, qui est aux environs des 80.000 milliards (source), on se rend compte que les crypto-actifs ne représentent même pas 0.15% de ce montant total.
On peut donc dire que la part actuelle des crypto-actifs est encore très faible par rapport à la capitalisation boursière totale. Cela signifie donc, si cette nouvelle classe d’actifs tend à se populariser à l'avenir, que la croissance potentielle de ce secteur peut être assez importante.
Il faut également savoir que la capitalisation boursière totale des sociétés n'est elle-même qu'un grain de sable vis-à-vis, par exemple, du marché de l'immobilier mondial, estimé à un total de 217.000 milliards de dollars en 2017. Les crypto-actifs ont donc encore beaucoup de chemin à parcourir avant que l'on puisse les considérer comme "importants".
Régulation par les gouvernements
Un signe évident que les crypto-actifs ont un potentiel important, c’est la volonté de plusieurs gouvernements de régulariser cette nouvelle classe d’actif.
Cependant, cette régularisation doit être interprétée de manière différente selon les pays. Il existe en effet plusieurs cas différents de régularisation :
- L'interdiction totale des crypto-actifs. Même si en pratique cela n’est pas possible, les pays qui le souhaitent peuvent interdire certaines activités, comme par exemple le fait de prendre part à une ICO. En cas de non-respect, ils peuvent alors infliger une amende à la société ayant autorisé leurs citoyens à participer à cette levée de fonds virtuelle.
- La légalisation et autorisation des crypto-actifs et de leur utilisation par divers organismes. Des législations sont alors mises à en place afin de favoriser le développement de cet écosystème, et généralement d'en profiter par le biais de la taxation.
- Pour finir, certains pays n’ont émis aucun avis sur le sujet. Les citoyens de ces derniers opèrent dans une zone grise et sont souvent soumis à des lois complètement inadaptées, comme c'était le cas en France jusqu'en début d'année 2019.
On remarque toutefois que ce sont les pays qui s’en sortent plutôt bien économiquement qui sont intéressés par la régularisation du secteur, même si certains ne veulent régulariser que certains aspects et en interdire d’autres. Outre ces pays, les paradis fiscaux sont également très intéressés par les crypto-actifs, et tentent souvent d'attirer les grosses sociétés du milieu dans leur juridiction. C'est par exemple le cas de Malte, où Binance a choisi de s'établir après avoir été expulsée par la Chine, le Japon et bien d'autres.
En ce qui nous concerne, la France a un récemment émis un avis qui se veut plutôt favorable sur les crypto-actifs. Malheureusement, un nombre extrêmement réduit de nos législateurs semble avoir compris le sens du mot "favorable", et le résultat est que la France conserve un des taux d'imposition les plus importants, 30%. Un plafond de plus-value très faible sans imposition, avec, en prime, l'obligation de déclarer tous vos comptes sur des plates-formes étrangères sous peine d'amende... De très nombreux redevables choisiront certainement l'expatriation afin d'éviter cet impôt. Surtout lorsqu'il est de notoriété publique que même sans sortir de l'Europe, il demeure possible de bénéficier de taux d'impôt approchant 0%...
Au niveau européen, 7 pays du sud de l’Europe, dont la France, s’unissent pour promouvoir la blockchain. Ces 7 pays, connus sous l’appellation MED7, ont pour ambition de faire connaître auprès de leurs citoyens les avantages de cette nouvelle technologie. On peut dire que c’est sans contexte un signal fort et intéressant pour l’avenir des crypto-actifs, malgré la violence de la taxation française dans le domaine.
? Les actualités des régulations dans les crypto-monnaies
Les différents scénarios sur l’avenir des crypto-monnaies
Même si les gouvernements des plus grandes économies mondiales semblent favorables au développement des crypto-monnaies, il faut toutefois prendre en considération qu’il est également possible que cette nouvelle classe d’actif ne révolutionne pas le monde comme prévu.
Trois scénarios sont possible quant à l’avenir des crypto-actifs :
- Les crypto-monnaies échouent à s’imposer auprès du grand public et des professionnels. Son utilisation resterait limitée aux geeks et autres activistes politiques anti-banques.
- Les crypto-actifs s’imposeront, mais seulement dans certains secteurs où ils seront réellement utiles.
- On arrive à une adoption généralisée où tout le monde utilisera cette nouvelle classe d’actif dans la vie de tous les jours, que ce soit en tant que monnaie, preuve de propriété immobilière, ou ticket de caisse.
Bien qu’il existe des scénarios intermédiaires entre les 3 présentés ici, nous allons seulement analyser ces 3 éventualités.
Scénario numéro 1 : échec ou utilisation uniquement par des geeks
Même si l’option d’un échec est fortement improbable, ce scénario demeure possible. Le bitcoin est resté longtemps une crypto-monnaie utilisée essentiellement par les geeks. Au début, son utilisation ne servait qu’à échanger de l’argent virtuel qu’on ne pouvait utiliser nulle part.
Ce n’est que progressivement que différents projets utilisant la blockchain ont commencé à voir le jour. Mais malheureusement, la plupart de ces projets sont encore au simple stade de projet. On n’a pour ainsi dire quasiment aucune application vraiment concrète qui fonctionne à 100%, qui est facile d'utilisation, etc. Même les deux crypto-actifs les plus populaires, Bitcoin et Ethereum, ont encore de gros défauts.
Pour l’instant, les crypto-monnaies doivent être considérées pour ce qu’elles sont vraiment : essentiellement de la spéculation. Même si de plus en plus de personnes s’y intéressent, on est encore loin d’une technologie efficiente qui peut réellement changer notre mode de vie. Et tant qu’on aura pas quelque chose de plus concret, on peut considérer que l’échec est une possibilité.
Scénario numéro 2 : utilisation par les geeks et par certains marchés de niche
En plus de l’utilisation des crypto-actifs par des geeks, l’avenir des crypto-monnaies peut également se retrouver dans certains marchés de niche.
En effet, pour certains domaines, la blockchain peut être une véritable révolution. Grâce à la technologie des smart contracts, on peut automatiser toute une série de choses qui nécessitaient auparavant de nombreux employés afin d’être effectuées correctement.
Pour illustrer ces propos, voici 3 projets français pour lesquelles la blockchain apporte une grosse plus-value. Elle permettra de faire fonctionner leurs activités d’une manière plus efficace et moins coûteuse :
- Request Network (REQ). Ce projet veut révolutionner le monde du paiement, de la comptabilité, de l’audit, etc. Grâce à l’utilisation de la blockchain et des smart contracts, voici quelques exemples de ce qu’il sera possible de faire :
- Gestion automatique de la comptabilité au jour le jour.
- Possibilité de trouver facilement les activités non-rentables de la société.
- Possibilité de payer dans n’importe quelle devise avec une conversion automatique dans la devise demandée par la personne à qui vous envoyez le paiement.
- Émission automatique des factures.
- iExec (RLC). Il s’agit d’un système de cloud computing décentralisé. Il sera possible de :
- Vendre sa puissance de calcul non-utilisée.
- Acheter de la puissance de calcul.
- Économiser énormément d’énergie en ne devant pas immobiliser des ordinateurs lorsqu’on en a pas besoin.
- NaPoleonX (NPX). Il s’agit du premier gestionnaire de crypto-actif à recevoir l’agrément de l’AMF. La blockchain et les smart contracts permettront de :
- Prouver de manière irréfutable les performances passées.
- Distribuer de manière automatique les dividendes.
Scénario numéro 3 : adoption de masse par l’ensemble de la population
La dernière option à considérer pour l’avenir est une adoption des crypto-monnaies par l’ensemble de la population. C’est-à-dire que tout le monde utiliserait les crypto-actifs dans la vie de tous les jours.
Cela signifierait que :
- Les gens pourraient payer avec les crypto-actifs de leur choix pour faire les courses, dans les restaurants, dans les administrations, etc.
- La blockchain serait utilisée dans de nombreuses applications dans la vie réelle. Par exemple :
- Pour enregistrer des transactions immobilières et servir de preuve de propriété.
- Faire office de ticket de caisse de supermarché et économiser du papier.
- Enregistrer les antécédents médicaux.
- Dans l’IoT (Internet of Things) avec des projets comme IOTA.
- Etc.
- Les États pourraient se décider à créer leur propre devise numérique en remplacement des monnaies actuelles.
Si ces points peuvent paraître fortement improbable à l’heure actuelle, c’est une option qu’il convient d’envisager. Si on remonte 20 ans en arrière, qui aurait imaginé l’ampleur qu’aurait internet aujourd’hui ?
Il faut aussi garder à l’esprit que certaines évolutions ont mis du temps à rentrer dans les mœurs. Par exemple, certaines personnes âgées ne mettent pas leur argent en banque. De la même manière, certaines personnes sont encore incapables d’utiliser un ordinateur de nos jours.
Enfin, il est à considérer également que les crypto-actifs sont encore largement imparfait. Énormément de problèmes doivent être résolus, comme par exemple la scalabilité, l’irréversibilité de certaines transactions, une prise en main difficile pour l’individu lambda, etc.
Conclusion
Depuis 10 ans, les crypto-actifs on déjà parcouru un chemin incroyable. Il est très difficile de savoir ce que l’avenir nous réservera d’ici les 10 prochaines années.
Nous pensons que les crypto-actifs vont prendre de plus en plus de place au cours des futures années. Nous avons la certitude qu’ils s’imposeront dans les secteurs où ils sont utiles et apportent une réelle plus-value. Lorsque les tâches seront effectuées à moindre frais, de manière plus rapide, automatiquement, sans la possibilité de falsifier quoi que soit et en créant un système qui ne peut pas se faire attaquer par des hackers, il n’y aura alors plus aucune raison pour que nous continuions à utiliser des technologies faillibles comme celles que nous utilisons aujourd’hui.
Par contre, nous restons encore un peu sceptiques à l’idée de payer les factures dans la vie de tous les jours avec des crypto-monnaies plutôt qu’avec des monnaies fiduciaires comme l’euro ou le dollars. Même si de plus en plus de commerces ou sites internet commencent à accepter des devises virtuelles, les seules personnes qui se décident à utiliser ce moyen de paiement sont pour l'instant des passionnés.
Très bon résumé, merci. 🙂
Petite question concernant la fin de votre conclusion : nous travaillons actuellement sur une plateforme similaire à Bylls au Canada pour la France. Pensez-vous qu'il est encore trop tôt pour ce type de service (paiement crypto de ses factures) ?