Scam scanner : florilège des crypto-arnaques

Malgré la multiplication des projets innovants et sérieux dans le domaine de la blockchain, de nombreuses crypto-monnaies ne reposent sur aucun projet tangible et sont parfois conçues structurellement comme des arnaques.
L’univers des crypto-monnaies en raison de sa réglementation balbutiante, de son caractère virtuel et décentralisé apparaît comme un terrain propice au développement d’arnaques en tous genres. Pyramides de ponzi, cessation frauduleuse d’activité (exit scam), fausses Initial Coin Offering (fake ICO), faux portefeuilles (fake wallet), piratages, manipulations de cours, dilutions de tokens sont crypto-monnaie courante.
Cet article est focalisé sur une de ces pratiques : la cessation frauduleuse d’activité ou exit scam.
L’exit scam post-ICO : prends l’oseille et tire-toi
Un exit scam post-ICO revient à collecter des investissements en devises ou crypto-monnaies mais à ne pas distribuer de tokens, à ne pas développer le projet ou à ne pas intégrer le token à une plateforme d'échange.
Dans la catégorie des exit scam post-ICO, j’ai choisi le cas du token Prodeum, un projet blockchain ayant pour objectif de permettre à l’usager de scanner des produits pour authentifier leur origine et lieu de conditionnement.
L’ICO de Prodeum n’a pas été une réussite et les investissements ont été limités à quelques Ethereum. Ce qui rend Prodeum si particulier est la manière avec laquelle a été annoncée sa fermeture. Le site a été remplacé par une page blanche sur laquelle figurait, sobrement, un seul mot : « penis ».
L’exit scam du complot des twin towers avec Pepe la grenouille
Monero Gold (XMRG) est un token ERC20 qui était encore disponible début février 2018 sur la plateforme d’échange CoinExchange. D’après son équipe « de 8 experts dans leur domaines, considérant que leur vision peut être accomplie avec leur communauté », l’ambition du projet était de « permettre d’acheter des biens et des services ». Malgré cette description allusive voire douteuse, le volume d’échange journalier de Monero Gold a atteint jusqu’à 3 millions de dollars.
Le Monero Gold n’a aucun lien avec la cryptomonnaie Monero, mais s’est mis dans le sillage de celle-ci pour bénéficier de son image. Au-delà de cet acte de parasitisme, l’équipe de Monero Gold a décidé le 4 février 2018 de revendre tous ses tokens et de remplacer son site par une page obscure présentant l’attentat des twin towers avec Pepe la grenouille... La plateforme d’échange CoinExchange sur laquelle ce token était disponible s’est engagée à racheter, à ses frais, une partie des Monero Gold.
Pepe the frog, symbole de la haine raciale sur internet
L’exit scam rebranding : la méthode Bitconnect
La plateforme d’échange de crypto-monnaies Bitconnect proposait notamment d’obtenir des unités de la crypto-monnaie Bitconnect (BCC) contre des devises ou d’autres crypto-monnaies. Ces BCC pouvaient être stockés sur la plateforme et généraient un rendement de 1% par jour. Outre cette rente, le système reposait sur un système d’affiliation incitatif permettant d’obtenir un pourcentage sur les dépôts des personnes invitées avec 10 niveaux d’affiliation.
Plusieurs autorités, notamment les autorités financières du Texas et de Caroline du Nord ont émis des injonctions pour interdire l’activité de la plateforme. L’équipe de Bitconnect a décidé d’arrêter ses activités de dépôt de BCC et d’échange de crypto-monnaies ce qui a eu pour effet de faire passer le cours du BCC de plus de 400$ à 5$ l’unité en moins d’une semaine.
Malgré cette perte évidente de confiance de ses investisseurs, Bitconnect a proposé aux détenteurs de BCC et à tout investisseur d’acheter des BCCX (BitconnectX), sa nouvelle crypto-monnaie, dans le cadre d’une Initial Coin Offering. Dans l’espoir de redonner confiance dans leur projet, les membres de l’équipe de Bitconnect ont proposé, pendant une durée limitée, aux détenteurs de BCC de voir leurs BCC évalués à 150$ dans le cadre de l’ICO. Ce nouveau tour de force a propulsé la crypto-monnaie de 5$ à 80$, jusqu’au moment où les investisseurs se sont aperçus que l’opération de conversion des BCC en BCCX était quasi-impossible, en raison d’une saturation du réseau…
Cet imbroglio frauduleux n’a pas encore pris fin et les sites de Bitconnect et BitconnectX sont encore en ligne.
Ci-dessous un petit aperçu de la communication Bitconnect (à consommer avec modération) :
Le sauvetage juridique à la sauce hollandaise : le cas Confido
Confido (CFD) était un projet blockchain promettant, avec une certaine ironie, de développer un système de dépôt fiduciaire par smart contract. Après avoir levé 1.235 ETH le 8 novembre 2017 (évalués à 374.477$ à cette date) comme en atteste encore le site de leur ICO, l’équipe de Confido n’a plus donné de nouvelles à sa communauté et à ses investisseurs.
Le 24 novembre 2017, soit à peine quinze jours après l’ICO, une annonce a été publiée sur le site de Confido par leur cabinet d’avocats hollandais, Jonkers & Van Gemert, faisant part des regrets de l’équipe de Confido et de leur souhait de reverser aux investisseurs les Ethereum encore en leur possession.
Quelques jours plus tard, le 1er décembre 2017, le cabinet d’avocats a indiqué qu’un portefeuille Ethereum avait été ouvert par leur client avec 880,1402 ETH. Le cabinet d’avocats indiquait avoir vérifié que ce portefeuille Ethereum était bien celui de Confido en leur demandant d’envoyer sur un portefeuille Ethereum du cabinet 0,0001 ETH. Ce test a bien été réalisé comme en atteste le site Etherscan, dont la fonctionnalité permet de suivre l’ensemble des transactions réalisées sur le protocole Ethereum.
Le 7 décembre et le 20 décembre 2017, le cabinet a annoncé et mis en place sur la plateforme d’échange chinoise KuCoin un système de remboursement, prenant la forme d’un ordre d’achat (buy wall) en ETH de tokens Confido (0,000097 ETH/CFD).
Si Confido n’a pas restitué la totalité des ETH collectés lors de l’ICO, il est intéressant de noter qu’en parité CFD/USD, la somme restituée est deux fois supérieure à la somme collectée en raison de l’augmentation du prix des ETH depuis le 8 novembre 2017. Par ailleurs, le rachat des CFD par Confido semble à peine avoir commencé puisque ce token s’échange encore en février 2018 à un prix supérieur à celui fixé lors de son dépôt de bilan virtuel.
La créativité du cabinet d’avocats hollandais peut être saluée. Pour autant, cette restitution d’une partie des sommes collectées n’a absolument pas pour effet juridique de blanchir Confido et permet tout au plus de limiter le préjudice imputable à Confido et de constituer des preuves pour démontrer la bonne foi de Confido et de ses fondateurs dans le cas d’un hypothétique procès civil ou pénal devant une juridiction se reconnaissant compétente.
Quelques indices pour reconnaître un scam
Plusieurs indicent permettent de reconnaître un scam : les systèmes d’affiliation pyramidaux, les rentes excessives, l’absence de création de société, les faux profils des modérateurs, l’absence de sérieux de l’équipe ou plus généralement les avis négatifs sur les sites spécialisés.
Si les pratiques frauduleuses sont fréquentes, elles ne doivent pas pour autant être utilisées pour discréditer l’ensemble des projets fondés sur la blockchain, mais inviter à une réflexion sur les modalités de certification des projets.
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attention au ico swinca coin
le gros scam du moment c'est euroswap EDEX. attention ne vous faites pas avoir !
Et que dites-vous du cas Beenest ? Un projet qui semblait très prometteur, avec une équipe qualifiée, une levée de plus de 15 millions de dollars et depuis plus rien, zéro communication... Comment un projet aussi important, encensé un peu partout n avec une grosse com a pu capoter de la sorte ? J'ai cru comprendre qu'il y avait eu une faille dans leur sécurité, de là à tout laisser en plan...