Qu'est-ce qu'un burn de token ?

La gouvernance de nombreux projets de l'industrie fait le choix de brûler une partie de leur cryptomonnaie. ETH, BNB ou SHIB, certaines des cryptomonnaies les plus valorisées du marché utilisent ce mécanisme. Mais qu'est-ce qu'un burn de tokens exactement ? Quelles sont les raisons d'un tel choix ? Présentation d'une pratique très appréciée des investisseurs.

Qu'est-ce qu'un burn de token ?
  1. Qu'est-ce qu'un burn de token ?
  2. Pourquoi est-il intéressant de brûler des tokens ?
  3. Les différents types de burn
  4. Conclusion sur la pratique du burn de tokens

Qu'est-ce qu'un burn de token ?

Un « burn » (ou brûlage en français) désigne le mécanisme par lequel les unités d'une cryptomonnaie sont brûlées, c'est-à-dire détruits, d'une manière intentionnelle et permanente.

Par conséquent, un burn réduit l'offre en circulation de la cryptomonnaie puisque le nombre total de tokens disponible diminue.

C'est un procédé déflationniste, en opposition à l'émission de tokens (mint), qui survient en récompense de minage ou de validation d'un bloc selon la blockchain sur laquelle opère une cryptomonnaie.

Un burn n'implique pas littéralement la destruction de tokens, ce n'est qu'au sens figuré. En effet, concrètement, le procédé par lequel les tokens sont brûlés consiste à les envoyer sur un « dead wallet ». La particularité d'un tel portefeuille tient en l'absence de clé privée, ce qui signifie qu'il est impossible d'y avoir accès et qu'il sera donc pour toujours inactif.

Aperçu d'un des dead wallets sur la blockchain Ethereum

Figure 1 : Aperçu d'un des dead wallets utilisés sur la blockchain Ethereum

 

Une fois les tokens envoyés sur un dead wallet, il est impossible de les récupérer. Sur la capture d'écran ci-dessus, nous voyons que l'équivalent de 265 millions de dollars en tokens ERC-20 ont été brûlés sur ce dead wallet, ainsi que l'équivalent de 24,7 millions de dollars d'Ethers (mai 2022).

Si une comparaison est nécessaire, il suffit de s'imaginer verrouiller de l'argent en espèce dans un coffre-fort ne possédant pas de code d'accès dès sa conception, le rendant impossible à déverrouiller.

Il existe une autre manière par laquelle des tokens peuvent être perdus à jamais, et c'est à ne pas confondre avec un burn.

Il s'agit d'erreurs humaines, en effet, si l'on se trompe d'adresse lorsque nous tentons d'envoyer des fonds ou si nous perdons l'accès d'un portefeuille, ces tokens seront perdus à jamais, même si le nombre de tokens en circulation ne baissera pas officiellement.

Pourquoi est-il intéressant de brûler des tokens ?

La raison la plus courante derrière un burn de tokens est l'augmentation de la rareté de l'actif en question. Cela trouve son origine dans la loi de l'offre et de la demande. Plus l'offre d'un actif est réduite, plus celui-ci possède de la valeur de par sa rareté, et d'autant plus si combiné à une demande conséquente.

Ainsi, brûler des tokens permet de réduire l'offre en circulation, et donc augmenter sa rareté, ce qui a des chances d'en augmenter sa valeur, et donc son cours (dans l'hypothèse où la demande reste la même avant et après le burn).

Le cas d'Ethereum (ETH) et de la mise à jour EIP-1559

La blockchain Ethereum est l'un des meilleurs exemples de l'utilisation d'un mécanisme de burn afin d'augmenter sur le long terme la valeur de sa cryptomonnaie, l'ETH.

De son lancement en 2015 jusqu'à 2021, la blockchain Ethereum ne possédait aucun moyen de brûler les ETH. Cela a changé le 5 août 2021 avec l'Ethereum Improvement Proposals 1559 (EIP-1559). Cette mise à jour de la blockchain a changé la manière dont les frais de transactions étaient collectés.

Pour faire simple, une partie des frais de transaction payés lors d'un transfert sur la blockchain Ethereum sont, depuis l'EIP-1559, brûlés. Envoyés automatiquement vers un dead wallet, ces ETH sont donc mis hors de circulation.

Ce changement intervient pour ralentir la croissance de l'offre en circulation de l'ETH, qui possède une inflation annuelle moyenne de 4,5 %, et qui est surtout illimitée.

Aperçu de statistiques sur les tokens ETH depuis l'implémentation de l'EIP-1559 au 18 mai 2022

Figure 2 : Aperçu de statistiques de l'ETH depuis l'implémentation de l'EIP-1559

 

Ainsi, à l'heure de l'écriture de ces lignes (mai 2022), soit environ 8 mois après l'implémentation de l'EIP-1559, la blockchain Ethereum a brûlé 2 345 millions d'ETH, soit l'équivalent de 4,6 milliards de dollars au cours actuel, tandis qu'elle a émis en récompense de minage 3 848 millions d'ETH selon Watch the Burn.

Il s'agit d'une émission nette de 1 502 millions nouveaux ETH. L'EIP-1559 a donc permis en 8 mois de réduire de 60,95 % l'émission d'ETH via ce nouveau mécanisme de burn.

Il est cependant difficile d'affirmer que ces burns aient contribué significativement à l'augmentation du cours de l'ETH. Mais il est probable que sur le long terme, ce mécanisme soutiendra la croissance du cours de la cryptomonnaie.

? Pour tout savoir sur Ethereum, consultez notre fiche à ce sujet

Le Shiba Inu (SHIB) et Vitalik Buterin

Un cas très célèbre de burn de tokens dans l'industrie des cryptomonnaies est celui du Shiba Inu (SHIB) et de Vitalik Buterin, le célèbre co-fondateur de la blockchain Ethereum.

En effet, le fondateur de Shiba Inu, Ryoshi, a envoyé 50 % de l'offre totale de tokens SHIB à Vitalik Buterin au lancement du projet en août 2020.

Vitalik Buterin a, près d'un an plus tard, décidé de brûler la quasi-totalité des tokens SHIB qu'il détenait en les envoyant sur un dead wallet. Cette décision a donc considérablement contribué à diminuer le nombre maximal de tokens SHIB en circulation : de 1 quadrillion à 590 trillions. Peu après cette destruction, le cours du SHIB s’est envolé vers de nouveaux records, avant de se stabiliser.

La transaction de Vitalik Buterin ayant brûlé 41% de l'offre totale de tokens SHIB

Figure 3 : La transaction de Vitalik Buterin ayant brûlé 41% de l'offre totale de tokens SHIB

 

Les manipulations liées au burn

Il peut exister des manipulations liées au mécanisme de burn et nous attirons l'attention sur cela. Prenons l'exemple concret d'une équipe détenant 20 millions de tokens sur 100 millions en circulation, elle possède logiquement 20 % de l'offre en circulation.

Imaginons maintenant que de nombreux tokens soient brûlés, mais uniquement des tokens que ne possède pas l'équipe. La part de tokens détenus par l'équipe va donc augmenter.

Admettons que 10 millions de tokens soient brûlés, l'équipe détiendra donc 20 millions de tokens sur 90 millions ; soit 22,22 % de l'offre en circulation. Ceci peut être inquiétant au niveau de la gouvernance d'un projet et de sa centralisation.

Dans le cas des projets moins connus, il est possible qu'une équipe affirme brûler des tokens sur un dead wallet, tandis qu'en réalité, le portefeuille sur lequel les tokens sont envoyés n'a rien d'un dead wallet (ils peuvent donc en récupérer le contenu). Il convient donc de mener des recherches avec diligence lorsqu'une équipe prévoit de détruire une partie des tokens.

Les différents types de burn

Il existe de nombreuses manières de brûler des tokens. Ethereum et l'EIP-1559 comme nous l'avons vu, brûle automatiquement une partie des frais de transaction du réseau.

Un autre exemple est le BNB de Binance. Il s'agit d'une des cryptomonnaies les plus connues de l'industrie lorsque l'on mentionne le mécanisme de burn.

En effet, depuis octobre 2017 et jusqu’à fin 2021, à chaque trimestre, la plateforme Binance utilisait 20 % de ses bénéfices pour racheter des BNB au cours du marché et les brûler.

Les burns effectués par Binance chaque trimestre

Figure 4 : Les burns de tokens BNB effectués par Binance chaque trimestre

 

La particularité du BNB réside en l'engagement pris par Binance dès le début du projet de brûler des BNB de cette manière jusqu'à ce que 50 % de l'offre en circulation initiale, donc 100 millions de tokens BNB, soit brûlée.

Il s'agit de diminuer l'offre en circulation du token BNB pour en augmenter la rareté et la valeur par la même occasion. La manière dont Binance brûle les BNB, via un rachat au cours du marché, peut rappeler le rachat par une entreprise de ses propres actions auprès des investisseurs.

Ce rachat au cours du marché agit donc comme une manière de récompenser les détenteurs de tokens BNB.

Cependant, depuis janvier 2022 (le 18e burn), le mécanisme de combustion des tokens BNB a évolué et Binance a introduit l’auto-burnCe nouveau mécanisme se sert d’une formule mathématique prenant en compte le nombre total de blocs générés et le prix moyen du BNB sur le trimestre.

Cela a plutôt bien réussi au projet puisque le BNB est l'une des cryptomonnaies les plus valorisées du marché. À l’heure de l’écriture de ces lignes, 37,2 millions de tokens BNB ont été brûlés soit près de 2,2 milliards de dollars en cumulant les montants brûlés que cela représentait en dollars à chaque itération.

Un autre type de burn a lieu dans le cadre des stablecoins algorithmiques. Ceux-ci possèdent un système à deux cryptomonnaies, dans laquelle l'une absorbe la volatilité de l'autre, le stablecoin.

Pour se faire, l'offre en circulation des deux cryptomonnaies est élastique : cela implique un mécanisme de burn sur l'une des deux cryptomonnaies en opposition à l'émission de nouveaux tokens de l'autre cryptomonnaie, ceci afin de stabiliser le cours du stablecoin.

Ainsi, admettons qu'un stablecoin algorithmique dévie de sa parité avec le dollar à la baisse. Dans ce cas, un mécanisme d'arbitrage existe, lequel consiste à envoyer un token du stablecoin au protocole pour le brûler, afin de recevoir en échange l'équivalent d'un dollar dans l'autre token nouvellement émis.

Ce mécanisme permet de rétablir le cours du stablecoin à 1 dollar. Le Terra USD (UST) et le tristement célèbre LUNA, le Decentralized USD (USDD) et le TRX, ou encore l'USN et le NEAR utilisent ce type de burn dans le cadre d'une politique monétaire élastique.

Il convient de noter que même dans ce type de burn, l'objectif principal est d'augmenter la valeur de la cryptomonnaie absorbant la volatilité.

Enfin, n'importe qui peut concrètement brûler des tokens, pour quelques raisons que ce soit, en les envoyant soi-même sur un dead wallet.

Conclusion sur la pratique du burn de tokens

Brûler des tokens est une pratique répandue dans l'industrie des cryptomonnaies. Ayant pour effet de réduire l'offre en circulation, il est important d'en comprendre les tenants et les aboutissants et nous espérons que cet article vous aura aidé à y voir plus clair.

L'objectif principal derrière un burn de token est d'influencer sa valeur en le raréfiant. Cependant, cela ne signifie pas que ce mécanisme soit forcément une bonne chose puisque c'est loin d'être le seul facteur influençant la valorisation d'une cryptomonnaie.

En général, les investisseurs apprécient cette pratique et poussent les développeurs ou la gouvernance de projets qui ne le font pas à implémenter un mécanisme de burn. Toutefois, la prise de valorisation n'est pas garantie et aucun projet ne devrait se reposer uniquement sur cela.

👉 Retrouvez tous nos guides pour en savoir plus sur l'écosystème des cryptomonnaies

Sources - Figure 1 et 3 : EtherScan ; Figure 2 : Watch the Burn ; Figure 4 : BSC Scan

Cet article a été mis à jour le 27/05 par Jessy Aouali

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Bob

Super Article, j'ai adoré !

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