Creator Coins : le fils caché de TikTok et des cryptomonnaies

Arthur Hayes abandonne les memecoins

Depuis qu'il a été gracié par Donald Trump, l'ancien PDG de BitMEX se fait de plus en plus présent dans l'écosystème crypto américain.

Établi à Hong Kong, d'où il gère son argent et son family office Maelstrom (6,46 milliards d’actifs sous gestion), Arthur Hayes abreuve l'écosystème de ses connaissances en memecoins, théorie monétaire et marchés financiers.

Les 42 000 abonnés à sa newsletter peuvent profiter pleinement de ses lumières, qui sont souvent braquées sur ses propres investissements — heureux hasard.

Arthur Hayes est-il toujours là où il faut, quand il faut ? Ou met-il en avant ses investissements afin d’utiliser ses abonnés comme exit liquidity ? Un peu des deux.

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Selon Arthur Hayes, les investissements qui méritent aujourd'hui l'attention des investisseurs ne sont plus les memecoins, tels que PEPE et MOTHER, dont il a longuement fait la promotion tout en les qualifiant de « dogshit ».

Son dévolu est maintenant sur des projets plus sûrs, comme ceux de la finance décentralisée. Plus sûrs, mais potentiellement plus rentables, puisqu'il voit dans EtherFi, Ethena et Hyperliquid le potentiel de gagner respectivement 3 400 %, 5 100 % et 13 000 %.

Portfolio personnel d'Arthur Hayes. Nous voyons de fortes participations sur EtherFi, Ethena, et des crypto liées à Hyperliquid.
Source : Arkham.

Attention, ces prédictions n'engagent personne d'autre qu'Arthur Hayes. Ce dernier détient d'ailleurs des positions confortables dans ces 3 projets, à titre personnel et via son fonds d'investissement.

Au-delà de mettre en avant ses propres projets et les entreprises qui adoptent sa vision, comme Ethena, Arthur Hayes est connu pour anticiper les différents cycles du marché.

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Ses prédictions sur les protocoles cités précédemment sont-elles justes ? Difficile à dire.

En revanche, les stablecoins (Ethena) et la finance décentralisée (Hyperliquid) ne vont-ils pas devenir des piliers de l'économie mondiale, brasser des milliers de milliards de dollars, et remplacer les institutions financières les plus puissantes de la planète ? C'est une possibilité envisageable.

Estimation marché stablecoin 2030 : 3 000 milliards de dollars, marché des RWA 2030 : entre 2 000 et 30 000 milliards.
Source : Coinbase market outlook 2025 - 2030

Chaque action, chaque obligation, chaque fonds — chaque actif — peut être tokenisé. S’ils le sont, cela révolutionnera l’investissement.

Les memecoins sont finis, il faut aller vers la finance décentralisée : c'est le fond du message d'Arthur Hayes, livré lors d'une interview accordée au youtubeur Kyle Chasse. Mais faut-il pour autant lui faire confiance ? Les memecoins sont-ils vraiment morts et enterrés ?

Les memecoins ? Ce n'est plus ce que c'était

Lors des précédents cycles, les memecoins captaient toute l’attention. Journalistes et youtubeurs racontaient les histoires folles des fortunes immenses, construites du jour au lendemain, moyennant un investissement de quelques centaines de dollars à peine. Le paradis de la spéculation.

Les memecoins ont créé cette image sulfureuse de la cryptomonnaie : un investissement absurde, sans valeur réelle et qui peut rendre très riche, très rapidement.

Ce fut vrai pour les premiers memecoins, Dogecoin et Shiba Inu. Un peu moins pour la flopée qui a suivi sur Ethereum et Solana, et encore moins pour les centaines de milliers de coins créés via pump.fun.

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Sur Pump.fun, il y a environ 100 000 adresses actives pour 1,2 milliards de dollars de capitalisation de memecoins, soit 10 000 dollars par adresse en moyenne. En 2021, la market cap des memecoins était de 80 milliards de dollars pour 900 000 adresses actives, soit près de 90 000 dollars par adresse en moyenne

Ce site en particulier, pump.fun, marque la phase finale des memecoins tels que nous les avons connus. Une sorte de métastase, moment où les choses partent absolument dans tous les sens de la manière la plus chaotique.

Chacun son memecoin, et l'argent investi est dilué au point que plus personne ne gagne rien, hormis deux ou trois malins qui tirent les ficelles du marketing, ou du marché.

Les memecoins n'étaient pas totalement dénués de sens

Pourtant, ce n'est pas une mort. Plutôt le début d'un nouveau cycle dans lequel la finance traditionnelle est également engagée.

Par exemple, Tesla. Le cours de l'action Tesla ne semble pas lié au nombre de voitures vendues. Pour les admirateurs d'Elon Musk, c'est normal : Tesla est une entreprise de robots. Ou d'IA, ou de pilotage automatique, ou de recharge de batterie, etc.

L'idée est que Tesla n'est pas jugée sur ses résultats en tant qu'entreprise. C'est plutôt une manière d'investir sur le génie d'Elon Musk. Peu importe comment, il finira par trouver quelque chose qui marche. Le public est donc friand de cette action.

Tesla est un peu un memecoin. Elon Musk l'a d'ailleurs traitée comme tel, avec des prises de parole et des déclarations qui ont suscité la colère de la Securities and Exchange Commission (SEC). Et, naturellement, Elon Musk a été attiré par Dogecoin et les memecoins : c'est son monde.

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Lorsque Donald Trump a lancé son « memecoin », c'est aussi devenu une manière d'investir directement sur le président des États-Unis. C'est assumé : ces memecoins n'auront jamais de but, à part offrir au public un moyen de spéculer sur une personnalité.

Plus besoin de prétendue feuille de route ni de whitepaper. Ces cryptomonnaies ne veulent pas d’un protocole de finance décentralisée bancal, ni d’un système de staking que personne n'utilisera et de ses frais exorbitants. Pure spéculation, aucune utilité.

Cette évolution de la finance, que n'avait pas prévu Satoshi Nakamoto, est cohérente avec l'évolution du monde. Les paris prédictifs de Polymarket vont dans la même direction : spéculer, ou parier sur tout et n'importe quoi, des enfants qui meurent sous les bombes jusqu'à la météo.

Les volumes sur Polymarket ont explosé pendant l'élection américaine. Ils se portent bien depuis. Source : Dune.

Une autre vague de cryptomonnaies a fait son apparition, à la jonction de cette spéculation tout azimut et d'Internet : les creator coins, ou live-stream coins, des cryptomonnaies associées à des créateurs de contenus en ligne.

L’ère des creator coins

Internet a révolutionné le monde. Les journaux, le cinéma et la télévision, l'euro et le dollar, c'est de la préhistoire. Contrairement à ce qu'on dit souvent, la cryptomonnaie n'est pas « l'argent d'Internet ». C'est l'argent à l'ère d'Internet.

Avec les creator coins, le monde continue son évolution.

Les memecoins étaient précurseurs. Mais ce n'étaient que de simple blagues. Rapidement, après l'arrivée des premiers memecoins, toutes les bonnes blagues ont été faites. Tous les memes y sont passés, toutes les références possibles et imaginables, toutes les stars, tous les rappeurs qu'on avait oubliés.

Tout a été fait, toute la valeur possible a été extraite. Et il n'y a qu'un nombre limité de choses à raconter avec un memecoin, composé simplement d'un nom, d'une image et éventuellement d'un compte X.

Pourtant, Internet est le berceau de la création, du partage et du contenu. C'est précisément ce qu'il manquait aux memecoins : du contenu, de la consistance, des histoires. Si Tesla fonctionne, c’est qu’Elon Musk nous donne du divertissement tous les jours. Idem pour Donald Trump.

Si TikTok avait un enfant avec les cryptomonnaies ?

Si TikTok faisait un enfant avec les cryptomonnaies, que se passerait-il ? Il suffit de regarder les lives sur pump.fun pour avoir la réponse.

Ces deniers avaient pourtant été supprimés. Dès leur apparition en 2024, les dérives ont explosé et laissaient entrevoir un avenir sombre dans lequel les choses les plus atroces, filmées en live, seraient récompensées par une poignée de dollars. Une vision captée et partagée dans le premier épisode de la saison 7 de Black Mirror.

Nous pouvons facilement comprendre l'anticipation de la série anglaise. Sur Instagram, YouTube et TikTok, les comportements les plus stupides génèrent le plus de trafic, d'interactions et d'argent.

Prendre des risques dans des quartiers dangereux pour se faire pointer une arme sur le visage, agresser des gens, donner des sandwichs au dentifrice à manger aux SDF, les idées ne manquent pas.

Utilisation des réseaux sociaux lors de crimes. Sources : National Library of Medicine

Mais les lives sur pump.fun ont fait leur grand retour. L'argent n'a pas d'odeur ! Ce n'est pas du contenu dangereux, c'est l'économie de l'attention. Cette dernière se monnaie, c'est un marché, et il n'y a rien de mal. Ce n'est pas vu comme un risque, mais comme une opportunité.

Avec le retour des lives sur pump.fun, nous allons probablement revenir rapidement à des actes invraisemblables, comme l'utilisateur qui s'était immolé en live pour gagner de l'argent, des suicides, des actes de violence inouïe ou des agressions gratuites. Pour autant, il y a quand même du bon.

Un réseau social qui rend le pouvoir aux utilisateurs

Si la modération de la plateforme « décentralisée » pump.fun arrive à maintenir un semblant de calme, pump.fun pourrait devenir le réseau social ultime. Un endroit où les membres conservent plus de la moitié de la valeur créée, gardent leurs données et ne sont pas abreuvés de publicité.

Cette application serait fonctionnelle et répondrait à un besoin, offrant ainsi un réel cas d'application de la décentralisation tout en laissant la valeur aux créateurs de contenu. Un modèle comme Twitch, mais en mieux.

En moyenne, les réseaux sociaux gardent 50 % de la valeur produite par les créateurs de contenu.

Pump.fun n’est pas le premier projet à vouloir redistribuer la valeur via une version décentralisée d'une plateforme. Par exemple, le navigateur Brave propose de partager les revenus générés par la publicité. Mais l'entreprise n'a pas trouvé l'équilibre dans son business model, le token Brave (BAT) a perdu 90 % de sa valeur, et le produit n'a jamais su concurrencer Google.

👌 Pourquoi les content coins pourrait révolutionner l'économie des créateurs ?

C'est d'ailleurs le principal problème de la redistribution décentralisée : le business model. Comment se payer, payer les frais de la plateforme, tout en récompensant le créateur de contenu ? Comment différentes dynamiques de prix, parfois contradictoires, peuvent tenir sur une seule et même crypto ?

Réponse : en utilisant différentes cryptomonnaies. Dans le cas de pump.fun, chaque créateur se voit attribuer une cryptomonnaie propre, un creator coin, associée à son compte. La plateforme, elle, lève de l'argent via l'Initial Coin Offering de son token, le PUMP. Un succès fulgurant, puisque 600 millions de dollars ont été levé en 12 minutes.

De leur côté, les créateurs de contenu ne voient pas leur propre cryptomonnaie impactée par les mouvements de prix liées à l'entreprise, ou aux autres créateurs. Chacun a son petit royaume et sa monnaie.

Avec le PUMP comme source de financement pour l'entreprise, de richesse pour l'équipe, et un creator coin propre à chaque créateur de contenu, tout le monde peut vivre sa petite aventure sans empiéter sur le voisin.

Le partage des revenus n'est même plus un sujet : le creator coin appartient au créateur. C'est le seul à en posséder (avec ses followers) : la plateforme redevient ce qu'elle aurait toujours du être : un espace de mise en relation, sans cet intermédiaire envahissant qui prend sa part, impose ses règles, vole les données, bref sans Mark Zuckerberg.

Le creator coin, un memecoin en 4 dimensions

Le memecoin n'est plus une blague éphémère. Fini ce rêve de richesse rapide sur un coup de chance. Plus besoin de lancer des projets boiteux pour tenter de maintenir en vie un memecoin mort depuis longtemps. Place à la crypto associée à un créateur — à un blagueur — qui peut se renouveler, faire des vidéos, créer de nouvelles choses aussi longtemps qu'il vivra (pas forcement très long).

Le modèle des creator coins va très certainement déferler sur Internet. Quelle sera sa forme exacte, dans quelle mesure pump.fun prendra l'avantage sur les marques du groupe de Mark Zuckerberg ? C'est une autre histoire.

Mais il est certain que les créateurs de contenu, ceux qui prennent tous les risques et qui fournissent tout le travail, iront massivement vers ces modèles plus justes et lucratifs, abandonnant les anciennes plateformes qui prennent tout et ne donnent rien.

📰 Retour en force de pump.fun : nouvel El Dorado pour les créateurs ?

Lorsque les plateformes proposent des rémunérations plus élevées, elles attirent automatiquement les créateurs. Mais le modèle de pump.fun, qu'on retrouve également sur Zora d'ailleurs, dépasse la notion de « rémunération ». Le créateur crée et possède sa cryptomonnaie.

Il n'attend pas un chèque de l'entreprise : il est propriétaire.

De la même manière que la finance décentralisée remplacera les banques et les institutions financières, les plateformes sociales décentralisées comme Zora et Pump.fun remplaceront ces réseaux sociaux emblématiques des années 2010. Mais même décentralisées, ces plateformes vont tirer le pire de l'espèce humaine.

Source : Cryptorank

Expert en crypto-monnaie, Marc-Antoine a commencé son voyage dans le Web 3 aux côtés de David Prinçay (actuel président de Binance France) dans le Club Français des Cryptomonnaies. Depuis, c’est en rédigeant des articles dans les médias crypto les plus connus de France qu’il répand la bonne parole. Si vous avez lu un article sur la crypto, il y a de bonne chance pour que vous ayez lu un de ses articles. NFT, Blockchain, Web 3, DeFi, il n’y a pas un secteur qui lui soit étranger. Et n’allez pas lui demander quel est le prochain coin qu’il faut acheter : c’est un Bitcoin maximaliste (eh oui, personne n’est parfait).

Marc-Antoine Caen Poletti

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