Bitcoin en crise : un changement controversé menace l’unité de la blockchain
Une proposition de modification du protocole Bitcoin ravive les tensions entre développeurs. L’idée : supprimer une limite sur les données inscrites dans les transactions. Pour certains, cela améliorerait la clarté du réseau. Pour d’autres, c’est une porte ouverte à la congestion et aux usages non monétaires.

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Un débat sur l'utilisation non monétaire de Bitcoin scinde la communauté en 2
Tout a commencé la semaine dernière, lorsqu’Antoine Poinsot, développeur Bitcoin, a envoyé un email à la liste de diffusion des développeurs, proposant de lever les restrictions sur l’utilisation des outputs OP_RETURN dans les transactions relayées par Bitcoin Core.
Vous n’avez rien compris ? C’est normal. Laissez-nous vous expliquer.
Si Bitcoin est aussi résilient, c’est avant tout grâce à ses règles de consensus. Elles permettent à tous les utilisateurs du réseau de s’accorder sur ce qui constitue une transaction valide. Et même si cela peut paraître simpliste, dans Bitcoin, une transaction est soit valide, et elle entre dans la blockchain, soit invalide, et elle est tout simplement rejetée.
🪙 Tout savoir sur Bitcoin et son histoire
Parmi les transactions valides, on distingue 2 grandes catégories :
- Les transactions standards : elles respectent les règles du consensus Bitcoin et sont acceptées, relayées et traitées par la majorité des nœuds du réseau ;
- Les transactions non-standards : elles sont valides aux yeux du consensus, mais jugées trop complexes ou trop volumineuses pour être systématiquement relayées. Leur propagation pourrait compromettre la stabilité et la disponibilité des nœuds.
Schéma des transactions valides de Bitcoin
Quand on parle de blocs et de transactions Bitcoin, la taille compte vraiment. Pour préserver la décentralisation du réseau sur le long terme et protéger son usage comme monnaie, Bitcoin fait le choix assumé d’être « lent » (un bloc toutes les 10 minutes) et modeste en taille (environ 4 Mo par bloc).
Mais certains voient dans l’immuabilité de la blockchain une opportunité unique : graver des données pour l’éternité. Et à la manière des hommes de Cro-Magnon décorant les parois de leur grotte, certains utilisateurs s’amusent à publier des transactions contenant du texte, des images, voire même d’autres tokens via les protocoles BRC-20 ou Runes.
Il existe plusieurs manières d’inscrire des données dans la blockchain Bitcoin. Mais pour canaliser ces usages inévitables vers une méthode moins nuisible pour le réseau, un opcode spécifique a été introduit dans le langage de script Bitcoin : l'OP_RETURN. Celui-ci permet d’attacher jusqu’à 80 octets de données à une transaction… jusqu’à maintenant.
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Ainsi, lorsque Antoine Poinsot a partagé cette idée, et que Peter Todd a publié une pull request sur le GitHub de Bitcoin Core pour ouvrir officiellement le débat, une large partie de la communauté a exprimé son mécontentement. Pour certains, ce changement signerait la fin de ce que représente fondamentalement Bitcoin.
Deux camps s'affrontent.
D’un côté, il y a ceux qui soutiennent que la limite de 80 octets imposée aux OP_RETURNs incite les utilisateurs à utiliser des détours pour insérer des données dans la blockchain de manière inefficace, opaque et souvent problématique pour le réseau.
Parmi ces alternatives, on cite souvent Slipstream, un service lancé par Mara, l’un des plus grands mineurs de Bitcoin.
Ce service permet à quiconque de publier des transactions non-standards, qui seront intégrées dans les blocs minés par Mara. En contournant ainsi les règles définies par les nœuds Bitcoin Core, Mara s’octroie un avantage conséquent : une nouvelle source de revenus.
Résultat : une concurrence biaisée vis-à-vis des autres pools, avec le risque de favoriser la centralisation du minage à long terme.
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De l’autre côté, les opposants voient dans cette modification une porte ouverte aux transactions non monétaires, perçues comme du spam. Ils redoutent une prolifération de contenus indésirables, une congestion plus importante du réseau et des blocs saturés par des transactions plus volumineuses, sans utilité financière réelle.
Luke Dashjr incarne ce côté plus conservateur. Fidèle à sa ligne, il s’oppose fermement à la levée de la restriction des OP_RETURNs, dans le but revendiqué de préserver la stabilité du protocole et de poursuivre l’ossification de Bitcoin.
Et bien que la pull request de Peter Todd n’ait pas encore été ajoutée à Bitcoin Core, Dashjr apparaît déjà comme l’un des grands gagnants de ce débat. Son implémentation alternative, Bitcoin Knots, gagne du terrain : elle représente désormais plus de 5 % des nœuds du réseau, dépassant même la dernière version de Bitcoin Core.
Répartition des versions des noeuds Bitcoin utilisés
Quelle que soit l’issue de cette proposition, une chose est sûre : ce débat met en lumière les risques de centralisation autour de Bitcoin Core. Et peut-être, à terme, encouragera-t-il la diversification des implémentations, voire l’émergence de nouveaux clients concurrents capables de rééquilibrer le pouvoir.
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