Babylon et staking de Bitcoin : Révolution ou arnaque ?
La blockchain Bitcoin a récemment connu une flambée des frais de transaction avec le lancement de Babylon, un protocole de staking de BTC. Ce dernier permet aux blockchains en preuve d’enjeu (PoS) de bénéficier de la sécurité de Bitcoin, mais soulève des questions quant à ses implications et ses risques. Voici tout ce que vous devez savoir.
Modifié le 5 septembre 2024.
5 minutes de lecture
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Qu'est-ce que Babylon, ce protocole basé sur Bitcoin ?
Au mois de juillet 2024, la blockchain Bitcoin a généré plus de 4 millions de dollars de frais en seulement 1h30, un record inédit depuis le dernier halving, lequel a eu lieu au mois d'avril 2024 à l'heure où nous rédigeons ces lignes.
Ce phénomène est d'autant plus remarquable compte tenu des faibles frais de transaction observés entre le mois de juin et d'août 2024 qui ont atteint jusqu'à 2 sats/vB, soit environ 0,20 dollar à ce moment-là.
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Cette flambée soudaine des frais a été provoquée par le lancement d'un nouveau protocole de staking de BTC appelé « Babylon ». Ce dernier vise à permettre à des réseaux fonctionnant avec un mécanisme de preuve d'enjeu (PoS) d'être sécurisés par la reine des cryptomonnaies : Bitcoin.
Lors de son lancement, Babylon avait fixé un plafond de dépôt à 1 000 BTC pour ses utilisateurs, soit environ 60 millions de dollars au cours actuel du Bitcoin. Cette limite a incité les investisseurs à se précipiter sur le protocole en augmentant constamment les frais de transaction, créant un bloc dans lequel les frais moyens ont dépassé 1 500 sats/vB, soit environ 200 dollars par transaction.
Logo de Babylon, stylisé par Cryptoast
Cet événement a éveillé la curiosité de nombreux internautes, qui se sont demandé si Babylon représentait une véritable opportunité ou s'il s'agissait simplement d'un énième protocole éphémère surfant sur un bref effet de mode.
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Qu'est-ce que le staking et le restaking ?
Bitcoin repose sur un mécanisme de preuve de travail (PoW) dans lequel les règles du réseau sont protégées par un consensus basé sur la puissance de calcul, dont l'objectif principal est de consommer de l'énergie pour résoudre une équation, représentant ainsi la production d'un travail.
Depuis la mise à jour The Merge sur Ethereum, la blockchain utilise un mécanisme de preuve d'enjeu (PoS). Dans ce cas, le consensus est sécurisé par une quantité de tokens ETH conservée comme une caution pouvant être saisie en cas de mauvais comportement du staker, un processus appelé « slashing ».
Pour rendre le staking plus accessible, des protocoles comme Lido ont introduit le liquid staking. Ce mécanisme permet aux utilisateurs de staker leurs ETH tout en recevant en échange de nouveaux tokens représentant les Ethers stakés, appelé « Liquid Staking Tokens » (LST), ou « tokens stakés liquides » en français.
Schéma des rôles et des acteurs participant au restaking d'Ethers
Ce système rend le token ETH plus liquide, permettant aux utilisateurs de participer à la sécurisation du réseau tout en leur accordant une certaine flexibilité sur l'utilisation de leur capital.
Le restaking, introduit par EigenLayer, va encore plus loin en permettant aux validateurs de prêter la sécurité économique de leurs LST à d'autres systèmes, au-delà de la blockchain Ethereum, offrant une nouvelle couche de protection à ces systèmes.
Swell : le protocole de liquid restaking pour ETHComment fonctionne Babylon à travers Bitcoin?
Les faibles possibilités de programmation de Bitcoin poussent les développeurs à trouver des solutions complexes pour permettre l'exécution des transactions habituellement faites sur les blockchains alternatives.
Construit avec le Cosmos SDK, le protocole Babylon a dû composer avec le langage script de Bitcoin, en particulier l'opcode « OP_CHECKSEQUENCEVERIFY ». Cet opcode impose une contrainte de temps relative, appelée « timelock », qui a notamment permis la création du Lightning Network, permettant désormais à Babylon d'imposer un délai de déverrouillage des BTC stakés.
Babylon utilise également les Extractable One-Time Signatures (EOTS), des techniques de base en cryptographie permettant à quiconque d'extraire une clé privée si 2 messages sont signés avec la même clé.
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Ce mécanisme est conçu pour garantir la sécurité dans les processus de validation des blockchains. Si un validateur signe 2 blocs différents à la même hauteur avec la même clé privée, sa clé est automatiquement exposée, permettant de le punir par un mécanisme de slashing. Ainsi, les EOTS servent à dissuader les comportements malveillants.
Du point de vue de l'utilisateur, ces systèmes permettent d'envoyer une transaction sur la blockchain Bitcoin vers le protocole pour verrouiller les BTC dans un coffre sécurisé self-custodial accessible uniquement avec la clé privée de l'utilisateur.
Du point de vue des blockchains PoS utilisant les services de Babylon, le protocole permet d'obtenir une finalité de transactions garantie par la décentralisation et l'immuabilité de Bitcoin.
Schéma illustrant la relation entre les détenteurs de BTC et les blockchains basées sur la preuve d'enjeu
En résumé, le protocole Babylon vise à créer une place de marché où les propriétaires de BTC et les blockchains en preuve d'enjeu peuvent se rencontrer. Les détenteurs de Bitcoin sélectionnent les réseaux auxquels ils souhaitent allouer leurs tokens en fonction des rendements proposés, tandis que les blockchains déterminent combien de fonds elles souhaitent offrir aux détenteurs de BTC en fonction de la sécurité potentielle qu'elles peuvent en tirer.
Ainsi, quelques utilisateurs ont pu participer à la phase 1 de Babylon et staker 1 000 Bitcoins. Lors de la phase 2, la blockchain Babylon sera lancée, permettant au protocole de collecter les fonds et de les redistribuer. Enfin, la phase 3, celle de Multi-Staking, permettra aux BTC de sécuriser simultanément plusieurs blockchains PoS, générant ainsi des récompenses.
20 € offerts lors de votre inscription sur BitvavoLes points faibles de Babylon
Il est important de noter que les rendements de Babylon ne sont pas garantis, et que jusqu'à présent, les stakers ne reçoivent que des points en guise de récompense. En effet, c'est aux différentes blockchains fonctionnant sous la PoS d'acheter la sécurité offerte par Babylon, or si aucune d'entre elles n'y trouve d'intérêt, les rendements resteront nuls.
La robustesse, la décentralisation et la résistance à la censure de Bitcoin sont des atouts majeurs susceptibles d'attirer de nombreux utilisateurs. Bien que Babylon ne puisse garantir la décentralisation d'une blockchain, qui dépend avant tout de la répartition de ses nœuds validateurs, le protocole offre néanmoins une plus grande certitude quant à l'immuabilité de son historique et la finalité de ses transactions.
L'un des principaux risques associés à Babylon est celui de la centralisation des BTC, similaire à la centralisation observée chez les émetteurs d'ETF Bitcoin spot. Bien que cela ne puisse pas affecter directement la souveraineté du réseau Bitcoin lui-même, un acteur malveillant pourrait exploiter ce risque en cas de faille du protocole.
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De plus, la création d'un système de récompense basé sur la preuve d'enjeu, c'est-à-dire la détention de capital, est mal perçue par de nombreux membres de la communauté Bitcoin, qui la comparent au système d'obligations des États. Un tel système est souvent jugé malsain, car il rémunère la simple détention d'actifs plutôt qu'un réel travail.
Néanmoins, l'idée de sécuriser des réseaux alternatifs avec Bitcoin est innovante et mérite d'être explorée. En un sens, cela représente une amélioration du restaking proposé par EigenLayer, qui utilise l'Ether comme garantie, un actif plus volatil et moins éprouvé en tant que réserve de valeur par rapport à Bitcoin.
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Marius Farashi Tasooji
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