6 entreprises produisent 9 blocs sur 10 : Bitcoin est-il encore décentralisé ?
Alors que Bitcoin incarne l’idée d’un système sans intermédiaires, la réalité technique interroge. Six entités dominent la production de blocs, concentrant une grande partie du pouvoir. Cette centralisation apparente remet-elle en cause l’un des fondements du protocole : sa capacité à rester neutre et résistant à la censure ?

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Bitcoin est-il encore décentralisé ?
Bitcoin a été conçu pour permettre à 2 individus d’échanger de la valeur en pair-à-pair, c’est-à-dire sans avoir à passer par un tiers de confiance comme une banque ou un service de paiement. Utiliser du BTC, c’est un peu comme utiliser des espèces, mais dans un environnement numérique. C’est d’ailleurs pour cela que Satoshi Nakamoto a intitulé son White Paper : « Bitcoin: A Peer-to-Peer Electronic Cash System ».
La blockchain Bitcoin est souvent perçue comme un idéal de décentralisation, car elle permet des échanges de valeur sans risque de censure. Toutefois, la notion de décentralisation est fréquemment mal comprise, et parfois délibérément déformée, par de nouveaux projets crypto qui en profitent pour légitimer leur modèle.
Certes, la décentralisation peut se concevoir comme un spectre, mais la définition qu'on lui donne n’est pas aussi souple qu’on le croit. Par « décentralisé », on entend généralement « résistant à la censure ». Et selon de nombreux observateurs, une blockchain ne suffit pas à elle seule pour être résiliente.
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Même l’invention de Satoshi Nakamoto n’est pas exempte de limites. Bien qu’elle garantisse (aujourd'hui) une résistance à la censure, Bitcoin n’est pas totalement à l’abri de risques de centralisation pouvant compromettre sa résilience.
Aujourd’hui, près de 90 % des blocs sont produits par seulement 6 acteurs.
Répartition du hashrate de Bitcoin
Ces données proviennent d’un nouvel article publié par 0xb10c, un analyste on-chain reconnu pour ses observations sur les enjeux de décentralisation et de censure sur la blockchain Bitcoin.
Son analyse révèle que 6 pools de minage sont à l’origine d’environ 90 % des templates, c’est-à-dire des ensembles de transactions formant la base des blocs minés.
Feel Mining : générez des revenus passifs avec vos cryptosLa centralisation des pools de minage est-elle aussi problématique qu'on le pense ?
À titre de comparaison, les pools de minage sur Bitcoin peuvent être assimilés aux block producers d’Ethereum, qui repose sur la preuve d’enjeu (PoS). Sur ce réseau, seulement 2 producteurs construisent 82 % des blocs, et 5 en produisent à eux seuls 92 %.
Cependant, la centralisation des templates n’est pas aussi alarmante qu’elle pourrait le paraître. Prenons un peu de recul. Cette concentration pourrait effectivement poser problème si ces 6 acteurs décidaient de collaborer pour censurer certaines transactions.
Dans un tel scénario, les transactions ciblées n’auraient plus que 10 % des blocs disponibles pour être confirmées, ce qui allongerait considérablement les délais. Plus grave encore : elles pourraient théoriquement tenter de prendre le contrôle de la chaîne en rejetant systématiquement les blocs contenant des transactions indésirées.
Mais en pratique, une telle attaque serait difficilement réalisable. Ces pools de minage n’ont pas le contrôle total : leur pouvoir se limite à la création des templates et le hashrate appartient bien aux mineurs eux-mêmes.
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Si l’une de ces pools décidait de censurer, les mineurs indépendants qui lui fournissent leur puissance de calcul pourraient quitter la pool en quelques minutes. Ils seraient incités à le faire, car la censure nuit non seulement à leur rentabilité immédiate, mais aussi à la valeur du BTC sur le long terme, un risque qu’aucun mineur rationnel n’a intérêt à prendre.
C’est ce mécanisme, propre à la preuve de travail (Proof of Work) constituant le consensus de Nakamoto, qui assure la résilience de Bitcoin face à la censure.
Dans la situation actuelle, où 6 pools produisent environ 90 % des blocs, une censure à grande échelle impliquerait une coordination entre plusieurs d’entre eux pour dépasser le seuil critique de 50 %. Or, les 2 plus grandes pools sont basées respectivement en Chine et aux États-Unis. Étant des opposants géopolitiques, il est donc peu probable qu’elles coopèrent dans une attaque commune.
Et même dans ce cas hypothétique, encore faudrait-il que les mineurs qui composent ces pools acceptent d’y rester, tout en prenant le risque de voir leur rentabilité s’effondrer.
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Je ne vois pas l'intérêt de minimiser les risques de centralisation en les comparant à ceux d’Ethereum, comme si pointer du doigt un autre réseau suffisait à rassurer. Or, la centralisation reste un problème en soi, peu importe ce que font les autres. Ce n’est pas en relativisant que l’on renforce Bitcoin, surtout quand le ton semble plus défensif qu’analytique...
C'est une simple comparaison pour montrer que le problème n'est pas propre à Bitcoin, mais touche plusieurs réseaux, voire même tous
Je trouve aussi que le ton de l'article minimise largement le problème. On n'a pas que 6 entreprises qui font 9 blocs sur 10, mais surtout deux pools qui en font plus de la moitié.
A deux, on n'a pas besoin d'être rationnel, juste corrompu, menacé ou piraté. Et on n'a pas besoin du long terme pour faire des dégâts immédiats.
Le cas des 2 pools en mentionné :
« Or, les 2 plus grandes pools sont basées respectivement en Chine et aux États-Unis. Étant des opposants géopolitiques, il est donc peu probable qu’elles coopèrent dans une attaque commune. »
Et le problème est le même qu'avec 6. Comme expliqué, il ne tient qu'aux mineurs d'accepter la censure. Ce qui est possible, mais a peu de chance d'arriver car censurer représente un manque à gagner dans les frais des transactions non récoltés et dans la baisse du prix du BTC si une telle attaque était exécutée.
La concentration du hashrate est un sujet intéressant, mais le ton de l'article atténue excessivement les risques. Présenter la centralisation comme un faux problème sous prétexte que les pools ne contrôlent pas directement les mineurs manque d’objectivité. La menace ne réside pas uniquement dans une censure active, mais aussi dans la vulnérabilité structurelle que crée une telle concentration, surtout si elle persiste dans le temps.
La « vulnérabilité structurelle » dont vous parlez concerne justement la censure de transaction de manière systématique et permanente.
Si vous faites allusion à la double dépense, ce n'est pas un type d'attaque rationnellement réalisable.