« Il a profité de ces opérations » : le développeur de Tornado Cash Roman Storm fait face aux accusations du DOJ
L’affaire Tornado Cash semble se muter en affaire de principe pour le département de la Justice américaine (DOJ). Celui-ci argumente que le développeur principal Roman Storm n’a pas seulement émis du code, mais a sciemment participé à du blanchiment de grande ampleur, en lien notamment avec le groupe Lazarus. Zoom sur les questions épineuses qui sont posées actuellement.
Les accusations se précisent dans l’affaire Tornado Cash
L’affaire Tornado Cash est symbolique : elle soulève en effet un nombre de questionnements sur le droit à l’anonymat, la responsabilité des développeurs et l’usage qui est fait de leurs créations. Roman Storm, le développer principal du projet, bénéficie d’un soutien important de la communauté crypto, qui argumente qu’il n’a fait que proposer un service décentralisé, et qu’on ne peut le tenir responsable de l’usage qui est fait d’un code proposé en open source.
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Face à cela, le département de la Justice des États-Unis, ou DOJ, a dû étoffer son argumentaire. Il vient de répondre à la demande de Roman Storm de rejeter les charges qui pèsent sur lui. Dans un document conséquent – 111 pages – les procureurs argumentent qu’ils ne reprochent pas au développeur d’avoir proposé un outil, mais bien de l’avoir géré pour son propre profit, en ignorant les usages qui en étaient faits par de mauvais acteurs.
Formez-vous avec Alyra pour intégrer l'écosystème blockchainLe groupe Lazarus et le hack de Ronin en question
Le point focal de l’affaire, c’est en partie le hack de Ronin par le groupe de hackers sud-coréens Lazarus. On sait en effet que les fonds ont transité par Tornado Cash pour être blanchis. Suite à cela, les développeurs de Tornado Cash avaient implémenté une mise à jour pour bloquer Lazarus sur le mixeur. Mais selon le DOJ, Roman Storm savait que cela ne suffirait pas :
« Malgré le fait qu’ils aient eu confirmation que le changement d’UI n’ait pas suffit, l’accusé et les fondateurs de Tornado Cash n’ont pris aucune mesure additionnelle pour empêcher l’utilisation continue de Tornado Cash [par Lazarus] pour blanchir des fonds et esquiver les sanctions. »
Selon les procureurs, le rôle de Roman Storm va donc plus loin que d’avoir simplement écrit du code. Ils affirment ainsi que la majorité des utilisateurs de Tornado Cash accédaient au service via le site principal du projet. S’il était en effet possible d’utiliser le mixeur directement via le smart contract, 98 % des utilisateurs l’utilisaient en effet via le réseau relais maintenu par les équipes jusqu’à mars 2022, dont Roman Storm :
« L’accusation affirme clairement que le service de Tornado Cash était une entreprise, opérée pour le profit […] et que l’accusé lui-même a profité de son opération par son contrôle de composés clés du service Tornado Cash. »
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Le DOJ rappelle également que c’est bien Roman Storm qui maintenait en partie le site, payait pour son hébergement, et que Tornado Cash s’acquittait des frais en gas des transactions. Le département de la Justice répond donc directement à l’écosystème crypto, qui voit dans ses accusations une menace globale :
Rejoignez la communauté Cryptoast sur Discord« Le gouvernement n’a pas accusé [Roman Storm] d’un crime qui consiste seulement à écrire du code ou à maintenir un site. Le succès même du service Tornado Cash dans le blanchiment de quantités énormes de bénéfices criminels montre le besoin de restriction. »
Des questionnements qui persistent pour l’écosystème
L’affaire Tornado Cash prend donc un axe plus réduit que ce qui a pu être rapporté. Mais au-delà de Roman Storm, les questions persistent. Peut-on tenir responsable des créateurs d’un service décentralisé de l’utilisation qui en est faite ? Surtout quand celui-ci est opéré de manière plus décentralisée ? Que penser des autres mixeurs, ou bien des plateformes d’échange décentralisées (DEX) ?
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Nul doute que le cas Tornado Cash va faire office de précédent. Aux États-Unis, la chasse à l’anonymat est en tout cas engagée : on le voit également avec les difficultés rencontrées par les fournisseurs de portefeuilles. Il est donc probable qu’une partie de l’écosystème migre hors de portée du DOJ ou de la Securities and Exchange Commission (SEC).
Source : DOJ via Court Listener
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