Le Bitcoin pour lutter contre l'inflation ?
Le Bitcoin est souvent perçu comme une valeur refuge permettant de lutter contre l’inflation des monnaies fiduciaires. Dans de nombreux pays, des investisseurs s’appuient en effet sur la mère des cryptomonnaies afin d’échapper à l’inflation galopante des devises nationales. En cas de crise économique majeure, le bitcoin peut-il permettre d’échapper à la baisse du pouvoir d'achat ? On fait le point sur la question.
La pandémie de coronavirus annonce les prémices d’une crise économique et financière majeure. Depuis quelques semaines, les principaux indices boursiers dégringolent suite aux mesures de confinement prises dans de nombreux pays, dont la France, l’Inde ou l’Allemagne. Dans ces conditions, le FMI (Fonds Monétaire International) s’attend à une récession supérieure à 1% en Europe. L’institution craint même une crise économique bien plus grave, mais plus limitée dans le temps, que celle des subprimes en 2008. De son côté, l’Allemagne table même sur une récession de 5% pour l’année 2020.
Pour amortir au maximum les conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de débloquer 750 milliards d’euros pour racheter en masse la dette des états et des entreprises de la zone euro. Grâce à ce programme « de rachat d’urgence », la BCE espère bien relancer une économie actuellement au poids mort. Même son de cloche aux États-Unis, où la banque centrale américaine (Fed) a décrété l’achat de 500 milliards de dollars de bons du Trésor et de 200 milliards de dollars de titres hypothécaires.
Dans ce contexte, certains analystes craignent que l’épidémie, et surtout les milliards d’euros débloqués par les banques centrales, ne provoque in fine le retour de l’inflation. Pour l’économiste américain Kenneth Rogoff, la crise sanitaire actuelle augure même le retour d’une inflation digne des années 70.
Se tourner vers le BTC en cas d’inflation des monnaies fiat ?
Face aux risques d’inflation des monnaies fiat, de nombreux investisseurs tendent à se tourner vers le bitcoin. Indépendant du système monétaire traditionnel, le bitcoin est souvent considéré comme une valeur refuge, au même titre que l’or.
Comme l’or, le bitcoin est d’ailleurs disponible en quantité limitée. La quantité maximale de bitcoins à miner est en effet de 21 millions. Lors de la création du Bitcoin, Satoshi Nakamoto a en effet décidé de fixer le plafond de la devise directement dans le protocole source. Ce nombre maximal est immuable. Quoi qu’il arrive, le bitcoin conservera donc une certaine rareté intrinsèque, qui découle directement de son algorithme initial. C’est pourquoi on parle souvent d’or numérique pour évoquer le BTC. Une fois que tout le bitcoin aura été miné (en 2140), la seule façon de s’en procurer sera d’en acheter sur une plateforme d’échanges.
C’est l’une des différences majeures avec les monnaies FIAT, dont le nombre de billets en circulation n’a pas vraiment de limite. On l’a vu récemment avec la décision de la Réserve fédérale des États-Unis (FED) de racheter massivement des titres de dettes aux acteurs financiers. En clair, la FED va imprimer une quantité colossale de dollars pour dynamiter l’économie américaine, actuellement paralysée par la crise sanitaire. Cette politique, efficace à court terme, risque d’entrainer l’inflation du dollar sur le long terme. Contrairement à l’euro et au dollar, le bitcoin ne peut pas être produit de manière arbitraire. Il échappe donc aux risques d’inflation.
De plus, le bitcoin est une monnaie 100% décentralisée. La création de la devise repose entièrement sur la communauté des mineurs. Contrairement aux monnaies fiat, le BTC n’est pas émis ou contrôlé par un état, une banque ou un organisme central.Personne ne peut donc décider de produire arbitrairement et en masse du bitcoin pour résoudre une crise économique. La crypto-devise est donc immunisée contre l’inflation.
Néanmoins, comme tous les actifs, le bitcoin, ainsi que la plupart des cryptomonnaies, a perdu une grande partie de sa valeur suite à la panique suscitée par la pandémie. En quelques heures, le cours du bitcoin s’est effondré de plus de 30% pour s’afficher sous la barre des 4000 euros. Cette dégringolade est surtout due aux besoins de liquidités des investisseurs. Face à ce krach, de nombreux détracteurs ont rapidement estimé que le bitcoin n’était finalement pas une valeur refuge en temps de crise économique.
Pourtant, la cryptomonnaie a rapidement repris du poil de la bête. Le cours du bitcoin est parvenu à se stabiliser au-dessus de la barre des 6000 euros. En l’espace d’une semaine, le BTC a enregistré une remontée de +29.75%, non loin de sa valeur avant le krach du 12 mars dernier. En cas de crise majeure, tous les actifs subissent inexorablement de plein fouet la volatilité et l’instabilité des marchés. Sur le moyen terme, le bitcoin est par contre parvenu à limiter les pertes, ce qui n’est pas forcément le cas des autres actifs. Comme le souligne Coinbase, le bitcoin n'est pas positivement corrélé au S&P 500. Sur le long terme, le prix du BTC évolue donc en fait de façon totalement indépendante, que ce soit des marchés boursiers, du cours des monnaies fiduciaires ou des politiques gouvernementales.
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L’exemple du Venezuela
Sans surprise, le bitcoin a notamment connu un essor fulgurant dans les pays ayant connu une importante inflation des monnaies nationales. Au Nigeria, au Soudan du Sud et dans de nombreux pays d’Afrique, le bitcoin s’est imposé comme une véritable alternative aux monnaies fiat au cours des dernières années.
C’est aussi le cas au Venezuela. Dans ce pays d’Amérique Latine, l’inflation de la devise nationale, **le bolívar souverain **, a frôlé les 500%. En 2019, l’inflation cumulée a même atteint 9.585,5%, rapporte la Banque centrale du Venezuela (BVC). Face à la flambée des prix et la baisse de leur pouvoir d’achat, les Vénézuliens se sont massivement tournés vers le dollar américain, mais aussi vers le bitcoin. Selon LocalBitcoins, le volume d’échange de bitcoins en provenance du pays a atteint des sommets en février 2019. En une semaine, les habitants ont en effet échangé 2 000 BTC, soit 7 millions de dollars.
Pour faire leurs courses, les vénézuéliens doivent néanmoins toujours échanger leurs bitcoins contre des bolívars.Dans ce contexte critique, la chaîne de grands magasins Traki a décidé en août 2019 d’accepter les paiements en bitcoin. Par contre, les habitants du Venezuela ne conservent pas leurs avoirs en bolívars au vu de l’inflation. Pour épargner des devises, et sécuriser leurs avoirs, ils doivent donc acheter des marchandises, comme des voitures ou des bâtiments, ou convertir leurs bolívars en BTC. Pour le mineur Mauricio Di Bartolomeo, le bitcoin est d’ailleurs « est un des seuls moyens d’économiser au Venezuela, c’est une planche de salut ».
En conclusion, le bitcoin reste l’une des valeurs refuges les plus prisées en cas d’inflation des devises nationales. Même si son cours varie fortement, la mère des cryptomonnaies conserve une valeur intrinsèque, garantie par son algorithme initial, et reste immunisée contre l’inflation.
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