Décryptage - Non, le Bitcoin (BTC) ne sera pas sous le dollar en 2025
Dans un récent papier de projection pour le journal l’Opinion, Philippe Brassac, directeur général du Crédit Agricole, imagine un monde où le Bitcoin s’écrase sous le prix du dollar, dans un monde aveuglément crédule envers la création de Satoshi Nakamoto. Notre 30 avril 2025 serait un peu différent. On vous y emmène.
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Un bitcoin sous le dollar en 2011
La vision de Philippe Brassac s’est déjà réalisée. Mais il faut regarder en arrière pour l'apercevoir. En février 2011, le Bitcoin dépassait pour la première fois le prix du dollar américain, et n’y est jamais retourné.
Depuis, la création de l’entité de Satoshi Nakamoto n’a cessé de bouleverser les lignes de la finance et du transfert de valeur sans tiers de confiance. Dans son billet pour l'Opinion, le directeur général du Crédit Agricole s'interroge :
« Comment tant de personnes informées, sensées et éduquées ont pu se convaincre que la valeur du bitcoin ne pouvait que monter dès lors que le moindre doute provoquerait inéluctablement une prophétie autoréalisatrice inverse ? » Un papier bourré d'interrogations, sans beaucoup d'éléments de réponses. « Comment exiger des comptes à des responsables, puisque nous savions dès le départ qu’il n’y en avait pas ? Comment avoir imaginé une valeur durable en absence d’utilité objective autre que le caractère spéculatif ? »
Essayons d'apporter des éléments de réponses à ses interrogations. Qu’est-ce qui confère au Bitcoin sa suprématie parmi les milliers de cryptomonnaies en circulation ? Pourquoi tant d’entreprises décident-elles de s’en procurer et de l’accepter comme moyen de paiement ? Quelles sont ses particularités technologiques et économiques qui permettent au Bitcoin de poursuivre son ascension ?
Voyons quelques points qui tendent à penser que Bitcoin ne retournera pas à 1 dollar de si tôt avec Quentin Demé, professeur d’économie et consultant.
La rareté du Bitcoin
« Pour connaître la valeur future du Bitcoin, il faut s’interroger sur ce qui lui confère de la valeur actuellement. Deux principes doivent être observés ; l’utilité et la rareté. »
Cette rareté, justement, est inscrite dans l’ADN de Bitcoin. 21 millions d’unités seront émises et pas une de plus. Cette production est contrôlée par un système de minage qui n’est pas sans rappeler celui des métaux précieux.
« Cette rareté augmente avec le temps puisque de nombreux acteurs entrent sur ce marché à mesure que la quantité en circulation diminue. Mais cette condition seule ne suffit pas à expliquer la valeur du Bitcoin. Seule l’utilité associée à la rareté peut expliquer un phénomène de hausse du prix, » rappelle Quentin Demé.
Et oui, si personne n’utilise Bitcoin, pas d'intérêt d’en acheter et d’en détenir. Ça tombe bien, Bitcoin possède de plus en plus de cas d’utilisations concrets. Et d’utilisateurs actifs.
Des institutionnels de plus en plus nombreux à posséder et accepter Bitcoin comme moyen de paiement
On ne compte plus les entreprises qui possèdent du Bitcoin dans leur trésorerie : Tesla, Square ou encore MicroStrategy. Même des employés du gouvernement ukrainien possèdent à eux tous 46 000 bitcoins.
Pourquoi toutes ces entreprises achètent-elles du Bitcoin ? D’une part pour spéculer sur le cours de l’actif, très performant depuis sa création, mais aussi pour se protéger de l'inflation des monnaies fiat.
Comme on le précise dans cet article, depuis le début de la pandémie du Covid-19, la Réserve fédérale des États-Unis (FED) et la Banque centrale européenne (BCE) impriment massivement des billets dans le but de stimuler l'économie. Cette stratégie risque de provoquer le retour de l'inflation du dollar et de l'euro.
D'après les données publiées par Eurostat, l'inflation est passée de 0,3 % en décembre 2020 à 0,9 % en janvier 2021 dans la zone euro. De son côté, l'inflation du roi dollar devrait atteindre les 1,4% en 2021, et 1,7% en 2022, contre 0,74% en 2020. Un chiffre encore plus impactant : 1/3 des dollars en circulation n'existaient pas avant la crise du Covid-19.
Pour ne pas voir leur trésorerie se réduire, certaines entreprises préfèrent se réfugier dans le Bitcoin, dont on connaît déjà l’inflation et son émission dans le temps.
« L’effet réseau est un phénomène important. Si Bitcoin est de plus en plus accepté par les entreprises, les particuliers y trouveront de plus en plus d’utilité à en obtenir. Et le prix augmentera en conséquence. Cependant, ces arguments ne plaident pas non plus pour une hausse soutenue du Bitcoin sans fin, » tempère Quentin Demé.
La technologie blockchain couplée aux spécificités de Bitcoin offre donc un actif numérique précieux. Mais de quoi parle-t-on techniquement ?
La blockchain, entre transparence et sécurité
La blockchain, la technologie au cœur du Bitcoin, pourrait être le premier point d'explication d'un Bitcoin se maintenant au-dessus d'un dollar.
Petit rappel de ce qu’est la blockchain, qu’on peut traduire par « chaîne de blocs » en français. La blockchain est un grand registre d’enregistrement de transactions, ordonnées chronologiquement, distribuées sur tous les ordinateurs du réseau et sécurisé.
Pourquoi est-il sécurisé ? Justement, car il est distribué. Si une entité mal intentionnée souhaite corrompre le registre, il faudrait le falsifier sur la majorité des ordinateurs du réseau. Une chose très difficile aujourd’hui sur Bitcoin. D’autant qu’avec la caractéristique transparente de la blockchain (n’importe qui peut observer ce qui se passe sur une blockchain publique comme Bitcoin), une attaque sur le réseau serait visible de tous les utilisateurs. Et ce dernier perdra donc toute sa valeur.
Il est fondamentalement plus rentable de participer à la sécurité du réseau afin de gagner des bitcoins via le minage plutôt que d’essayer de jouer contre le réseau.
Dans un monde en crise de confiance, la blockchain pourrait rapporter une partie de cette confiance perdue.
« La blockchain et le système Bitcoin ont été créés en 2009. Peut-on encore estimer que l’ensemble des acteurs qui affluent sur le réseau ne sont attirés que par la nouveauté technologique ? » S’interroge Quentin Demé. « Plusieurs années de développement ont permis de comprendre les opportunités et les risques que représentait cette technologie. Depuis, de nombreuses technologies ont fleuri. Bitcoin, le premier réseau des cryptomonnaies en termes de capitalisation ne serait-il pas too big to fail ? En tout cas, nous pouvons nous questionner sur le fait que son seul intérêt soit la nouveauté et, si tel est le cas, ne serait-il pas alors too old to fail ? »
Le Bitcoin lui-même
Transférer de la valeur sans tiers de confiance, voilà ce qu’apporte Bitcoin, à la sortie de la crise des « subprimes » en 2008. Une unité de compte qui permet de stocker de l’argent, en recevoir et d’envoyer de la valeur sans intermédiaire. Avec 21 millions d'unités au total, son inflation est connue et contrôlée. Une particularité qui plaît aux entreprises, dans un monde de dévaluation des monnaies fiduciaires sur fond d’impression monétaire sans fin.
« Pour l'économiste Adam Smith, la valeur d’un bien se fonde sur la valeur travail ; c’est la quantité de travail nécessaire à la production d’un bien qui déterminerait sa valeur (et donc son prix), confie Quentin Demé. Dans le cas de Bitcoin, la production du bien se réalise par le processus de minage qui se complexifie avec le temps pour assurer sécurité et transparence. Nous pourrions dire que c’est ce processus qui contribue à apporter de la valeur au système Bitcoin : la valeur de Bitcoin se fonderait sur la valeur preuve de travail. D’autres économistes ont en revanche fortement critiqué cette théorie de la valeur. Si nous fondions la valeur d’un bien sur la quantité de travail fourni pour le produire, l’œuvre d’art la plus chère serait celle qui a mis le plus de main-d’œuvre à être réalisée. Or ce qui n’est pas vérifié lors des échanges. De nombreux biens n’ont pas d’utilité objective au sens où on l’entend économiquement et ont pourtant une valeur durable. »
Sauver bitcoin par une injection de liquidité ?
Dans sa projection pour l’Opinion, Philippe Brassac s'inquiète de la décentralisation de Bitcoin qui rendrait difficile un sauvetage de son économie par l’injection de liquidité. Est-ce vraiment un problème ?
« Le système Bitcoin est un système par essence décentralisé, il n’y aurait donc pas de responsables de cette chute attendue. Mais pourquoi devrait-il y en avoir ? Si cette prévision se révèle être vraie, ce serait par le mécanisme d’offre et de demande que le Bitcoin atteindrait ce prix et il n’y aurait donc pas à rechercher de responsables. »
Quentin Demé rappelle également qu’aujourd’hui, une partie de la hausse du Bitcoin est expliquée par l’argent mis en circulation de manière massive dans l’économie.
Outre Atlantique, les politiques d’« helicopter money » ont été des échecs économiques et une partie de l’argent a été utilisé pour spéculer sur les marchés financiers entraînant de fait une hausse des cours des actifs. Les cryptomonnaies apportent une alternative fiable à des rendements aujourd’hui faibles notamment causés par des politiques monétaires mondiales.
Vers une interdiction du Bitcoin ?
Alors, qu’est ce qui pourrait ramener Bitcoin sous le prix du dollar ? Une interdiction par les gouvernements ? Ce scénario d’interdiction reste possible, mais les gouvernements semblent faire le pari de la régulation.
L’interdiction existe dans certains pays du globe, mais le prix ne s’est jamais effondré à ce point suite à une telle annonce. Les géants de la finance prennent eux aussi le virage des cryptomonnaies.
Par exemple, l'émetteur de cartes de paiement Mastercard a fait le pari d'ajouter les cryptomonnaies à son réseau au cours de l'année. L'entreprise se dit consciente que les actifs numériques occupent une place de choix.
En parallèle, le réseau Visa règle désormais quant à lui les paiements en stablecoin USDC sur la blockchain Ethereum (ETH) et souhaite intégrer de plus en plus de services liés à la cryptomonnaie.
De nombreuses banques qui dénigraient Bitcoin et les cryptomonnaies en 2017 proposent aujourd’hui des solutions d’achat et de garde. Les monnaies numériques des banques centrales prennent également de plus en plus de place.
La prochaine puissance capable de transmettre sa devise numérique pourrait être en capacité d’imposer sa monnaie dans le monde. La Chine semble en bonne voie dans cette course, devançant la première puissance mondiale actuelle, les États-Unis.
Les monnaies fiduciaires s'adaptent à la blockchain. La technologie popularisée dans son utilisation par Bitcoin semble donc là pour rester.
Un bug responsable de l'effondrement ?
Il reste un cas qui pourrait expliquer l'effondrement de Bitcoin : un bug dans son protocole. Aujourd'hui, aucun bug n'a porté préjudice à la première cryptomonnaie du marché. En cas de problème, la communauté pourrait d'ailleurs mettre à jour le code de Bitcoin.
Conclusion
Enterré vivant à de nombreuses reprises, le Bitcoin s'échange aujourd’hui autour de 60 000$, et sa capitalisation dépasse les 1 000 milliards de dollars.
Dans un monde post-Covid où l’injection de liquidité est devenue la norme, Bitcoin semble être plus que jamais armé face à l’inflation qui se dessine. Il pourra enfin montrer de quoi il est capable, lui qui a été créé à la suite de la crise de 2008 pour être une alternative au monde économique et financier centralisé.
? Pour aller plus loin – Retrouvez notre présentation complète du Bitcoin
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Un avis nécessairement biaisé Émis par l'un de plus gros détracteurs des crypto-monnaie. Le pouvoir des banques est de plus en plus menacé et cela se ressent tous les jours avec les rapports que l'on peut avoir avec son dé-conseiller bancaire. Les derniers dans le déni et qui ne prendront pas le train en marche (chacun a son niveau) seront hors du game pour toujours. Imaginez un instant la faillite d'une banque dans laquelle vous auriez posé toute vos économies ... Souvenez vous de l'affaire Tapie en 1990 qui a failli coûter la vie au crédit Lyonnais, et ce monsieur… Read more »