L'histoire des « 8 traitres » serait-elle en train de se répéter avec le Web 3.0 ?
Découvrez l'affaire des huit traitres, ou « traitorous eight » en anglais, un groupe d'individus considérés comme les pères fondateurs de la Silicon Valley. Leur histoire pourrait-elle résonner avec la nôtre et être annonciatrice d'un exode des cerveaux vers l'industrie des cryptomonnaies ?
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Cet article est inspiré d'une série de tweets d'Orka, publiée ce 26 décembre 2021.
Les cryptomonnaies : nouvel eldorado de la Silicon Valley ?
Encore récemment, le secteur des cryptomonnaies était considéré comme une niche réservée aux développeurs passionnés ou aux investisseurs en quête d'amusement. Au crépuscule de cette année 2021, force est de constater que la donne a changé. Désormais soutenu par des acteurs institutionnels de tous horizons, et notamment de la finance traditionnelle, celui-ci a complètement changé de dimension en quelques mois.
Dès mi-2020, les fonds d'investissement, les banques, les gestionnaires d'actifs et les entreprises privées (dont Tesla, bien entendu) ont commencé à acheter du Bitcoin (BTC) ou à en proposer à leurs clients. De manière générale, le nombre d'utilisateurs s'est multiplié et de nouveaux projets solides se sont développés. Certains d'entre eux ont même acquis le statut de licornes, à l'image de la start-up française Ledger.
Cette jeune et prometteuse industrie a également vu débarquer de nouveaux profils dans ses rangs. Des cadres, ingénieurs, entrepreneurs et autres managers ont quitté des emplois confortables chez Google, Amazon, Facebook et d'autres grandes entreprises technologiques ou financières pour rejoindre ce qu'ils considèrent comme une opportunité unique dans une vie.
Cette opportunité, c'est de profiter de l'émergence des cryptomonnaies et participer à la révolution du Web 3.0 par les technologies de la blockchain. Il est difficile de ne pas voir de parallèles historiques avec la façon dont l'ordinateur personnel et Internet ont été initialement moqués, avant de bouleverser notre quotidien et faire naître une nouvelle industrie et son lot de milliardaires.
Comme le rapporte le New York Times, la Silicon Valley connaît actuellement une ruée vers l'or - numérique - et voit ses meilleurs cerveaux la quitter. Ce n'est pas la première fois qu'elle est confrontée à ce genre de transition. Un espèce d'élan qui n'arrive qu'une fois toutes les décennies, voire moins, et qui emporte les acteurs les plus brillants d'une industrie vers la prochaine révolution.
C'est d'ailleurs l'histoire même de la création de la Silicon Valley. Ouvrons une parenthèse historique sur cet évènement, celui des « traitorous eight », et les flagrantes similarités que nous retrouvons aujourd'hui avec l'industrie des cryptomonnaies.
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Un peu d'histoire, qui sont les « traitorous eight » ?
Avant d'aller plus loin dans cet article, il est nécessaire de faire un rappel sur l'histoire des huit traitres, plus connus sous le nom de « traitorous eight » en anglais. Ces huit jeunes ingénieurs prometteurs et brillants sont aujourd'hui considérés comme les pères fondateurs de la Silicon Valley.
Cette histoire prend place dans les années 1950, durant lesquelles William Bradford Shockley co-invente et développe le transistor, indispensable à tout équipement électronique que nous connaissons aujourd'hui. En 1956, il délocalise sa société à Mountain View, en Californie. Ce fut la première entreprise à travailler sur des composants semi-conducteurs au silicium, dans une région qui deviendra à l'avenir la fameuse Silicon Valley.
Cependant, Shockley est considéré comme un manager autoritaire, mégalomane et surtout paranoïaque. Après avoir reçu le prix Nobel de physique « pour ses recherches sur les semi-conducteurs et sa découverte de l'effet transistor », son comportement despotique s'aggrave encore un peu plus. Du jour au lendemain, il décide même de cesser complètement ses recherches sur les semi-conducteurs au silicium.
C'est ainsi qu'en 1957, lassés des décisions et du comportement de leur patron, huit des jeunes scientifiques les plus talentueux qui constituaient son équipe décidèrent de quitter le navire. Ils choisirent de poursuivre leurs idées visionnaires au sein d'une nouvelle société qu'ils formèrent, Fairchild Semiconductor. Ce sont eux qui seront plus tard surnommés « the traitorous eight ».
Le laboratoire Shockey ne s'en remettra pas, alors que la société Fairchild prospéra et s'imposa rapidement comme le leader de l'industrie des semi-conducteurs. En 1960, elle est devenue un incubateur de start-up de la Silicon Valley et a été à l'origine de la création d'une soixantaine de sociétés, dont AMD et Intel, surnommées les « Fairchildren ».
Comme le suggère cet internaute, Orka, dans une série de tweets, serions-nous en train de voir l'histoire se répéter ? Longtemps raillées et négligées par de nombreux institutionnels, les cryptomonnaies seraient-elles en train de connaître le même phénomène ? Partons à la découverte de huit acteurs majeurs qui ont choisi de quitter les géants de l'industrie de la technologie ou des finances pour rejoindre celle des actifs numériques.
Cryptoast Academy : 75% de réduction avant le Black Friday pour fêter le bullrunLes nouveaux « traitorous eight » des cryptomonnaies ?
Jack Dorsey, ancien PDG de Twitter
Commençons cette liste par une personnalité que l'on ne présente plus, Jack Dorsey. En novembre 2021, l'emblématique fondateur de Twitter a décidé de quitter son poste de PDG pour se consacrer à son autre société, Square. Quelques jours après cette annonce, la société s'est rebaptisée en Block, en référence bien entendu à la blockchain.
Connu pour être un fervent défenseur du Bitcoin, Jack Dorsey pourrait donc se consacrer exclusivement à cette industrie et notamment au développement d'applications décentralisées pour le Web 3.0. Le mois dernier, nous apprenions la volonté de Block de produire des machines de minage de BTC et de lancer sa propre plateforme d’échange décentralisée pour Bitcoin.
Eric Schmidt, ancien PDG de Google
Eric Schmidt est un homme d'affaires américain, ayant occupé le poste de PDG de Google entre 2001 et 2011. Il est notamment à l'origine du développement et du lancement de Gmail, Google Maps, Google Chrome ou encore de l'acquisition d'Android et YouTube. En 2011, il cède sa place et devient président exécutif d'Alphabet Inc., la holding détenant le géant américain, avant de quitter ses fonctions en 2017.
Au début de ce mois de décembre, nous apprenions la nomination d'Eric Schmidt en tant que conseiller stratégique auprès de Chainlink, le pionnier des oracles sur la blockchain. En octobre 2021, l'indice Bloomberg des milliardaires classait Schmidt comme la 55e personne la plus riche du monde, avec une valeur nette estimée à 26,8 milliards de dollars.
Sandy Carter, ancienne vice-présidente d'Amazon Web Services
Sandy Carter est une businesswoman américaine, notamment connue pour être l'ancienne directrice générale d'IBM, multinationale américaine dans l'informatique. Entre 2017 et 2021, elle occupa un poste de vice-présidente au sein d'Amazon Web Services, la division du groupe américain spécialisée dans les services de cloud computing (l'informatique par le cloud).
D'après Forbes, Sandy Carter est considérée comme l'une des femmes les plus influentes du monde de la Tech. En décembre 2021, elle a décidé de rejoindre Unstoppable Domains, une société spécialisée dans les tokens non fongibles (NFT) et la vente d'adresses sur la blockchain (.crypto, .bitcoin, .nft, etc.)
Surojit Chatterjee, ancien vice-président produit chez Google
Depuis février 2020, Surojit Chatterjee occupe un poste de Chief Product Officer (CPO) au sein de Coinbase, la célèbre plateforme d'échange américaine, première de son genre à avoir été introduite en bourse. À l'instar de Sandy Carter, cette décision de changer d'horizon a eu un énorme impact au sein de son ancienne société.
En effet, comme le rapporte le New York Times, Chatterjee a entraîné derrière lui une vague de départs. Plus d'une centaine de cadres et d'ingénieurs se sont dirigés vers des entreprises du secteur des cryptomonnaies. À tel point que l'actuel PDG de Google a dû employer les grands moyens et mettre en place une politique spéciale pour freiner cette tendance.
Brian Roberts, directeur financier chez Lyft
Lyft est une société technologique américaine, concurrente d’Uber, qui développe et exploite des applications mobiles mettant en relation des utilisateurs et des conducteurs (ou des véhicules) pour des services de transports. Pendant plus de 7 ans, Brian Roberts a participé à la forte croissance de l'entreprise en tant que directeur financier, avant de la quitter en décembre 2021.
Roberts a rejoint OpenSea, la première plateforme d'achat et de vente de tokens non fongibles au monde, développée sur la blockchain Ethereum (ETH). Il estime « avoir vu suffisamment de cycles pour être conscient lorsque quelque chose d'aussi important vient d'émerger ». Selon lui, nous sommes à l'aube de quelque chose d'important pour l'industrie des NFTs.
Ian Rogers, ancien directeur digital du groupe LVMH
Occupant le poste de Directeur Digital du groupe LVMH de 2015 à 2021, Ian Rogers a été l'un des premiers à sauter le pas et à rejoindre une start-up de l'industrie des cryptomonnaies. En octobre 2020, il a rejoint la société Ledger, devenue récemment la 15ème licorne française.
Depuis près d'un an, Ian Rogers supervise les activités « BtoC » de Ledger, notamment le service produit, le marketing et les ventes. Ian Rogers est notamment connu pour avoir fondé Topspin Media, racheté ensuite par Yahoo!, puis avoir occupé le poste de directeur général de Beats Music, la célèbre marque d'écouteurs, et enfin avoir contribué au lancement d'Apple Music au sein du géant américain.
David Marcus, ancien responsable du projet Facebook coin
En octobre 2021, la société Facebook se rebaptisait en Méta, en référence aux metaverses. Une initiative qui a fait du bruit et qui a d'ailleurs permis au secteur de connaître une vague d'engouement fulgurante. Quelques semaines plus tard, le responsable historique du projet Facebook Coin a annoncé qu'il quitterait l'entreprise d'ici la fin de l'année.
Après 7 ans passés au sein du groupe Facebook, avec à son actif la participation au lancement de l'application Messenger, David Marcus prévoirait de lancer sa propre start-up dans le secteur dans les cryptomonnaies, selon les informations du New York Times. À l'heure de l'écriture de ces lignes, il n'a pas donné plus de détails à ce sujet.
Evan Cheng, ancien directeur de R&D chez Novi, Facebook
Pendant près de 6 ans, Evan Cheng a également travaillé pour le compte de Facebook. Il a notamment occupé un poste de directeur de recherche et développement du projet Novi, le portefeuille numérique développé par l'entreprise américaine. En septembre 2021, il quitte son poste et lance sa propre start-up, Mysten Labs.
Mysten Labs a l'ambition de construire l'infrastructure nécessaire pour accélérer le développement et l'adoption du Web 3.0, en fournissant les outils nécessaires aux développeurs pour concevoir de nouveaux produits, services et applications. En seulement trois mois, la société d'Evan Chang compte 20 employés, dont 80 % proviennent d'entreprises telles que Facebook, Google et Netflix.
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En conclusion, que retenir ?
La liste proposée ci-dessus ne représente qu'une infime partie de cette exode qui a marqué l'année 2021. Va-t-elle se poursuivre en 2022 ? « La réponse est absolument oui, » a affirmée Sandy Carter lors de son départ d'Amazon, qui estime que « le moment est tout simplement parfait pour s'y engouffrer ».
À l'heure actuelle, les entreprises concernées par ces départs font majoritairement partie de l'industrie des nouvelles technologies ou de la finance. Toutefois, de nombreux secteurs sont encore sous-représentés dans le paysage actuel des cryptomonnaies, notamment l'énergie, la grande distribution, les médias ou encore la santé. Cela laisse la place à l'émergence de nombreuses nouvelles entreprises, à une exode bien plus massive et à une croissance encore plus importante.
Reprenons notre comparaison initiale. Fairchild, la société fondée par les « traitorous eight » a connu une croissance littéralement exponentielle, doublant son chiffre d'affaires chaque année. En moins de 10 ans, elle s'est imposée comme second producteur de matériel électronique derrière Texas Instrument.
Bien entendu, ceci n'est qu'une comparaison entre deux évènements ayant lieu à deux époques bien différentes. Toutefois, ne dit-on pas que la vie est faite de cycle ?
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