Cryptomonnaies : Powell et Lagarde sur la défensive face au retard des banques centrales
La Banque de France a tenu hier une conférence sur la « tokénisation de la finance », afin d’examiner la place des cryptomonnaies, de la finance décentralisée (DeFi), ainsi que d’éventuelles régulations. Le président de la Réserve fédérale des États-Unis, Jerome Powell, ainsi que la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, étaient tous deux invités. Que retenir de leurs interventions ?
Jerome Powell et Christine Lagarde s'expriment au sujet des cryptomonnaies
Un des angles d'attaque a été la finance décentralisée. Le directeur de la Banque des règlements internationaux (BRI), Agustín Carstens, a pointé du doigt le manque de régulation en ce qui concerne ce secteur. Cela exposerait les utilisateurs à des risques :
« Les applications DeFi facilitent l'emprunt, le prêt et les échanges, mais les intermédiaires sont aussi exposés à des risques traditionnels comme la liquidité, les risques de contrepartie, les risques de levier, et la DeFi n'a aucune infrastructure en place pour gérer cela. »
Jerome Powell et Christine Lagarde se sont aussi accordés sur les dangers représentés selon eux par la finance décentralisée. La présidente de la BCE a notamment évoqué les répercussions de l'affaire Terra :
« Cet outil est maintenant accepté par les PayPal, MasterCard et Visa de ce monde, et des abus ont eu lieu - que ça soit Terra ou Luna - et certainement par Monsieur Do Kwon, qui est actuellement en fuite. »
Un positionnement partagé par le président de la Fed, qui pointe « des problèmes structurels significatifs dans l'écosystème DeFi, avec des conflits d'intérêt ». Jerome Powell estime aussi que le manque de transparence peut être un écueil capital.
D'où une exhortation qui est revenue comme une ritournelle dans les échanges : il faut plus de régulation. Selon Powell, « cette situation ne va pas durer », et le « DeFi Winter » que l'écosystème a connu est une preuve de cette nécessité.
Le panel de la conférence
Acheter des cryptos sur eToroLes banques centrales dépassées par le dynamisme de l'écosystème ?
Christine Lagarde et Jerome Powell ont dans leurs interventions admis que l'explosion du secteur des cryptomonnaies était tel qu'il existait un réel risque de se faire dépasser pour les banques centrales. La présidente de la BCE explique ainsi :
« Le monde a été pris par surprise. [...] Nous sommes maintenant au stade où entre 10 et 15% des Américains et Européens ont réellement investi dans les cryptos en 2021. »
Une part conséquente, qui montre l'engouement autour de ces nouveaux actifs. Actifs étant le mot-clé, car Jerome Powell comme Christine Lagarde se refusent à les qualifier de « monnaies ». Selon cette dernière :
« Les crypto-actifs - pas des crypto-monnaies - sont de purs actifs spéculatifs. [...] Certainement pas un moyen de paiement, et pas une réserve de valeur très stable. »
👉 Retrouvez ses déclarations précédentes - Christine Lagarde et les cryptomonnaies : « cela ne vaut rien, cela ne repose sur rien »
Même idée du côté de Jerome Powell, qui admet du bout des lèvres que « certaines de ces activités cryptos ressemblent à des activités financières traditionnelles ».
On sent cependant en creux une certaine inquiétude, les deux dirigeants expliquant qu'il est nécessaire rester à la page afin de ne pas se voir dépassé par ces nouveaux systèmes.
Marteler le rôle des banques centrales
Powell comme Lagarde l'ont répété plusieurs fois : la seule monnaie à laquelle on peut réellement accorder sa confiance est selon eux une monnaie émise par une banque centrale. Selon Jerome Powell, un bon exemple est le secteur des stablecoins, qui se base sur la stabilité des monnaies fiduciaires :
« La banque centrale est et sera toujours la principale source de confiance derrière la monnaie. Les stablecoins ne font qu'emprunter cette confiance à l'émetteur initial. »
Le président de la Fed et la présidente de la BCE admettent cependant que certains usages peuvent avoir un intérêt, avec de réelles innovations. Notamment les smart contracts, d'après Jerome Powell :
« Il y a eu un changement de paradigme, par exemple remplacer les intermédiaires par des smart contracts, ou des structures de gouvernance décentralisées. »
Selon Christine Lagarde, ce sont les stablecoins qui peuvent réellement avoir un intérêt et qui sont « plus prometteurs » que les autres cryptomonnaies. Mais ces avantages sont parfois superficiels, d'après le président de la Fed :
« Dans certains cas ces efficacités apparentes ne sont que superficielles, car les coûts moins élevés sont rendus possibles en ignorant les risques ou les niveaux appropriés d'actifs et de liquidité. »
? Que sont ces actifs ? On vous explique le fonctionnement des stablecoins
Créer un compte sur Bitpanda pour acheter des cryptos facilement 🐼Les MNBC comme réponse ?
Quelle est alors la réponse à ces constats ? Sans grande surprise, ce sont les monnaies numériques de banque centrale (MNBC) qui sont mises en avant. Christine Lagarde confirme que les institutions sentent une demande forte « pour des paiements numériques », et qu'il est crucial d'y répondre afin que les banques centrales conservent leur rôle d'ancrage.
Et cela passera peut-être par la technologie blockchain, si elle s'avère appropriée :
« Si les banques commerciales [...] estiment que la technologie des registres distribués doit faire partie [de l'euro numérique], alors nous seront définitivement ouverts à cela. »
👉 Retrouvez notre guide sur les monnaies numériques de banque centrale pour tout comprendre du sujet
Mais cela prendra plusieurs années d'analyse. Même son de cloche du côté des Etats-Unis, où Jerome Powell prévoit qu'un dollar numérique ne sera pas rendu disponible avant une longue période de tests. Par ailleurs, les deux dirigeants ont confirmé que ni l'euro ni le dollar numérique ne seraient anonyme. Ils pointent cependant des tentatives de préserver « la vie privée ».
Jerome Powell explique également que la sortie de FedNow, un nouveau système de paiement interbancaires, pourrait permettre de pallier les limitations de SWIFT aux Etats-Unis. Il souligne que d'ici là, il faut se poser la question de savoir si les stablecoins devraient être utilisés de manière plus étendue, au-delà des plateformes cryptos.
Cryptoast Academy : 75% de réduction avant le Black Friday pour fêter le bullrunQue retenir de ces interventions ?
Ce qu'on retiendra de ces interventions, c'est que les banques centrales semblent avoir conscience de leur retard en termes de prise en compte des technologies blockchain. Les stablecoins en particulier, qui sont développés et distribués de manière particulièrement souples, semblent inquiéter des institutions qui doivent prendre des années pour élaborer des projets similaires.
L'arrivée de plus de régulation ne sera une surprise pour personne, mais l'on peut considérer cet aveu de faiblesse des banques centrales comme une preuve que les cryptomonnaies ont définitivement trouvé leur créneau, et qu'elles sont désormais considérées comme des alternatives plausibles aux monnaies fiduciaires.
Source : Banque de France via YouTube
Images : Brookings Institution via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0) Présidence de la République du Bénin via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)
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Ils sont trop vieux pour comprendre que le retard pris ne sera jamais rattrapé. Leurs seul souci, c'est le risque. Il oublie juste ce qui s'est passé en 2008 et le risque que les banques ont fait courir à la finance mondiale qui nous amènent aujourd'hui grâce au Q-E à une telle inflation à cause de là d'évaluation monétaire. Si leurs angles d'attaque, c'est la finance décentralisée : <> C'était le 22 sept 2022 et le 10 novembre 2022 FTX très centralisé et très bien surveillé leur pète à la GU....LE. Le souci, ce sont les vieux qui nous gouvernent… Read more »