« Il est temps d’agir de manière radicale » : Les géants de l'industrie européenne tirent la sonnette d'alarme
L’Europe est plus que jamais dépendante des technologies étrangères, mettant en péril sa souveraineté numérique. Face à ce constat alarmant, près de 100 acteurs du numérique appellent à une réorientation stratégique pour bâtir une infrastructure technologique indépendante. Leur solution : investir massivement dans le cloud, les semi-conducteurs et l’open source pour reprendre le contrôle.
le 22 mars 2025 à 16:00.
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Repenser la gouvernance numérique en Europe
Dans une lettre ouverte intitulée « EuroStack », près de 100 représentants de l'industrie technologique européenne ont appelé le législateur européen à une « action radicale » concernant la dépendance du continent aux technologies numériques étrangères.
Récemment, la conférence de Munich sur la sécurité a souligné la fragilité stratégique de l’Europe, face à un soutien américain de moins en moins acquis. Face à ce défi, des acteurs majeurs du numérique tels qu'Airbus, Element, OVHCloud, Murena, Nextcloud et Proton appellent à une « réorientation stratégique urgente » pour assurer l’indépendance technologique de l’Europe.
Notre dépendance aux technologies non européennes deviendra presque complète en moins de trois ans aux taux actuels.
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Bien que l’UE ait abordé la question de la souveraineté numérique sous la présidence d’Ursula von der Leyen, EuroStack considère que les efforts actuels sont mal orientés et inefficaces. Selon la coalition, trop de fonds sont attribués aux universités et à la recherche expérimentale, au détriment d’initiatives commerciales qui pourraient réellement contribuer à l’autonomie stratégique européenne.
La lettre plaide pour une fédération des forces technologiques européennes afin de bâtir une infrastructure numérique robuste, fondée sur des standards communs et une coopération renforcée. Cette interopérabilité favoriserait l’émergence de solutions locales compétitives face aux géants américains du cloud, tels qu’Amazon et Microsoft.
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Dans les faits, le groupe d'intérêt plaide pour la création d’un « Sovereign Infrastructure Fund », destiné à financer les investissements publics dans les infrastructures numériques européennes, évitant ainsi une dépendance aux financements auprès des VC américains. Ces fonds doivent viser en particulier les secteurs nécessitant de lourds investissements, comme les semi-conducteurs et l’informatique quantique.
L’économiste Cristina Caffarra reconnait que la mise en place de ce fonds exigerait des ressources financières considérables, mais elle suggère qu’une partie des investissements pourrait être stratégiquement allouée, notamment au soutien des infrastructures open source.
C'est en effet ce que souligne Frank Karlitschek, PDG de Nextcloud, en insistant sur le rôle clé de l’open source pour renforcer la souveraineté numérique. Il suggère que l’UE impose l’utilisation de logiciels open source dans une part significative des infrastructures critiques. Une telle initiative, selon lui, stimulerait l’innovation et favoriserait l’émergence de startups européennes, tout en limitant la dépendance aux solutions propriétaires américaines.
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Andy Yen, fondateur de Proton, affirme que l’Europe a trop longtemps refusé d’adopter une politique « Europe First », à la différence des États-Unis et de la Chine qui privilégient systématiquement leurs propres industries. Il estime que le principal problème n’est ni un manque de compétences ni un déficit de créativité, mais plutôt une absence de demande locale pour la technologie européenne.
Un mandat « Buy European » serait mis en place, incitant les achats publics à se tourner en priorité vers des solutions européennes. L'objectif n’est pas d'exclure les acteurs non européens, mais de créer un environnement compétitif où les fournisseurs locaux peuvent rivaliser et justifier les investissements nécessaires.
En conclusion, l’Europe doit cesser de se focaliser uniquement sur la régulation des géants du numérique et prendre conscience que ses infrastructures technologiques essentielles échappent largement à son contrôle. Face à ce constat, une stratégie industrielle ambitieuse est indispensable pour garantir la souveraineté numérique du continent et réduire sa dépendance aux acteurs étrangers.
Ouvrir un compte sur N26, la banque crypto-friendlySources : Open Letter ; EuroStack Pitch
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