Equisafe, la plateforme d'investissement sur la blockchain

Equisafe, la plateforme d'investissement sur la blockchain

Voici aujourd’hui le premier article d’une série qui j’espère sera longue, dédié à la mise en lumière de projets cryptos / blockchain français. Pour ce premier épisode je vous présente la startup Equisafe, et son fondateur Bilal El Alamy qui a accepté de répondre à mes questions.

 

Présentation d’Equisafe

Equisafe est une plateforme d’investissement basée sur la blockchain, c’est-à-dire que tous les titres financiers qu’il proposent par le biais de leur système sont déployés sur une blockchain. Par exemple, à l’heure ou j’écris cet article (nous verrons par la suite ce qui va changer), les actifs financiers disponibles sur la plateforme sont en réalité des tokens présents sur Ethereum. Ce ne sont pas de simples ERC-20 et ils possèdent de nombreuses fonctionnalités. Les transactions effectuées sont disponibles en toute transparence sur la blockchain Ethereum. Il est important à noter que porter des actifs financier sur une blockchain possède aujourd'hui une valeur légale, et permet d’automatiser des tâches et actions.

Il y a deux types d’utilisateurs de la plateforme : les investisseurs et les vendeurs. Ces derniers peuvent proposer à l’achat de nombreux types de biens, que ce soit des parts d’entreprises ou des biens immobiliers par exemple.

 

La philosophie d’Equisafe

Equisafe se présente comme une révolution pour l’investissement. Investir aujourd’hui est beaucoup plus simple, et disponible qu’il y a quelques années. Vous pouvez télécharger l’application d’une plateforme, saisir vos informations personnelles et acheter des actions de l'entreprise Apple dans l’heure par exemple. Mais ce n’est pas disponible pour tout le monde, pour tous les budgets et surtout pour tous les types d’investissement. En effet si vous souhaitez, comme une grande partie des français investir dans l’immobilier, il n’y a que peu de possibilités pour vous.

 

logo-equisafe

 

Equisafe veut donc simplifier la gestion et les opérations d’un fonds d’investissement, tout en démocratisant l’investissement dans des titres financiers. Simplification à toutes les étapes de l’investissement. Donc l’optimisation de la certification KYC (know your customer, démarche obligatoire de récupération de civilité des utilisateurs) en diminuant drastiquement les délais au travail d’UI/UX. En effet la plateforme en ligne semble loin des sites internet bancaires et aborde un design moderne et lisible.

 

La solution d’Equisafe

Elle se présente pour les utilisateur sous la forme d’une plateforme d’échange web. Une fois qu’un nouvel utilisateur s’inscrit et valide l’étape de KYC, il peut se connecter et investir ou rejoindre une entreprise. Il y a différents types d’utilisateur, comme le statut de notaire ou de gestionnaire par exemple.

Equisafe profite du décret du 24 décembre 2019, relatif à l'utilisation d'un dispositif d'enregistrement électronique partagé pour la représentation et la transmission de titres financiers. Sans rentrer dans des détails techniques (hors de mes compétences je l'avoue), cela permet d'apporter une valeur juridique à ce qui est déployé sur la blockchain. Tous les contrats d'achats de vente et de possession sont donc déployé sur une blockchain par le biais de smart-contracts. Cela permet de faciliter la traçabilité et certaines opérations très coûteuses en temps comme la rédaction des rapport d'activités, ce qui peut être utile dans le cas du régime mère-fille des holdings par exemple.

 

L'opération AnnA

L’opération AnnA est la toute première vente d’immeuble en utilisant la blockchain en Europe. Il s’agit plus précisément de l’immeuble « AnnA», situé à Boulogne-Billancourt et évalué à 6,5 millions d’euros. La vente et la détention de la propriété se déroule directement sur la plateforme d’Equisafe, sous la forme d’une centaines de tokens, qui sont des parts digitalisées. Ainsi, ce n’est pas réellement la propriété qui a été portée sur la blockchain, mais des parts d’une société qui détient l’immeuble.

« La différence entre une opération classique et une opération telle que AnnA, c’est que les droits afférant à la propriété de la société qui détient cet immeuble sont désormais entièrement codés dans la blockchain. Chaque jeton est ainsi codé pour renfermer les conditions d’achat, de vente et d’échange des titres, ainsi que les droits auxquels il donne accès (dividendes, vote…) » explique Bilal El Alamy, cofondateur d’Equisafe.

Concrètement ce sont 10 tokens qui ont été émis, chacun pouvant être fractionnés en 100 000 parties facilement échangeables. Si on fait les calculs, cela rend donc accessible l’investissement immobilier. En effet puisque qu'il est théoriquement possible d'acquérir une part de cet hôtel pour moins que le prix d’une place de cinéma. Théoriquement, puisque pour le moment le marché manque de liquidité, il faudrait développer un écosystème d’investisseurs et de vendeurs, comme le précise Bilal.

Il ajoute que « la transaction de l’hôtel AnnA fait office d’expérience, les promoteurs n’ont pas encore décidé s’ils revendront des tokens sur le marché secondaire. »

 

Les problématiques actuelles de la gestion de fond

Aujourd’hui la gestion de fonds d’investissements est assez proche de ce qui se faisait il y a quelques années. La digitalisation n’a pas permis de simplifier complètement les procédures, et les allers-retours chez le notaires, l'avocat et l'expert comptable. C’est ce que veut notamment simplifier Equisafe : en déployant tout les contrats sur la blockchain, ces procédures peuvent être automatisées.

Mais ce ne sont pas que les transactions qui peuvent être automatisées par l'utilisation du système d'Equisafe. En effet le rayon d'action de ce dernier ne se limitera pas aux opérations mais permettra également d’accélérer la réalisation de rapports. Cela concerne donc par exemple les rapports d'activités annuels.

 

Les choix techniques d’Equisafe

L’équipe d’Equisafe utilise actuellement le réseau Ethereum et des smart-contracts développés en Solidity pour leur solution. En effet comme je l’ai expliqué plus haut, ce sont techniquement des smart-contracts Ethereum. Ils répondent aux critères du standard ERC-20, mais possèdent de nombreuses autres fonctionnalités. Cependant, utiliser Ethereum expose à des problématiques liées à l’EVM notamment, et à la scalabilité de son réseau. En effet le fonctionnement « code is law » d’Ethereum peut conduire à des erreurs tardivement repérées sur des smart-contracts. Et notamment conduire à des utilisations malveillantes de ces derniers.

Mais Equisafe compte changer de réseau et basculer leurs smart-contracts existant vers la plateforme Tezos. En effet le réseau concurrent d’Ethereum possède de nombreux avantage pour Equisafe. Tezos utilise une architecture différente, et dans certains cas permet un développement plus simple et une gestion des erreurs dans les smart-contracts plus pratique. Par exemple l’EVM d’Ethereum ne permet de détecter les bugs qu’à l’utilisation, alors que sur Tezos, de nombreuses erreurs peuvent être mises en lumière à la compilation.

Tezos n'utilise pas le même langage de programmation qu'Ethereum pour ses smart-contracts ; c'est même l'ensemble de l'architecture qui diffère : re-déployer les contrats d'Equisafe sur leur réseau n'est donc pas si simple. La stratégie d'Equisafe pour ce nouveau déploiement est de recréer les fonctionnalités de leurs smart-contracts en SmartPy, un langage permettant de les développer en Python, donc proche de Solidity.

 

La position des startup « blockchain » dans l’écosystème français

D’après Bilal, la France n’est pas la « crypto-nation » qui est présentée lors des annonces officielles. En effet, créer une entreprise fintech (l'ensemble des nouvelles technologies pour la finance et le secteur bancaire) dans le domaine de la blockchain, c’est s’exposer à des difficultés pour trouver des banques partenaires. Il me confiait qu’il avait dû changer à plusieurs reprises d’établissement partenaire, et ce n’est pas un cas isolé dans cet écosystème. Pourtant il existe des initiatives privées pour accompagner les porteurs de projets Blockchain. C'est notamment le cas de ChainAccelerator, un incubateur dédié à la blockchain dans lequel est incubé Equisafe.

Mais les projets utilisant des smart-contracts pourront également compter sur les plateformes sur lesquels ils déploient ces derniers pour les accompagner. En effet, il est crucial pour ces derniers par exemple d'avoir le maximum de contrats fonctionnels sur leurs réseaux. Il est important pour eux de développer un écosystème d'applications pour attirer des utilisateurs, et donc des transactions. C'est notamment le cas de Tezos, qui accompagnera Equisafe lors de la transition d'Ethereum vers leur infrastructure. Il est à noter que Tezos est une blockchain d'origine française dont l'une des équipes de développement est à Paris.

Pour développer une startup, il faut très souvent passer par l'ouverture d'un compte bancaire. Et c'est une étape souvent longue, très administrative qui peut parfois ralentir le développement du projet. Les startups dans le milieu des cryptomonnaies sont classifiées comme fintech. Et donc l'accès à un compte bancaire est beaucoup plus complexe, puisque dans une certaine mesure le projet rentre en concurrence avec les banques « traditionnelles ».

 

Interview de Bilal

Portrait Bilal El Alamy Bilal El Alamy

 

Votre infrastructure repose sur des smart-contracts Ethereum. Comment avez-vous mis en place ces derniers ? 

Nous (les fondateurs d'Equisafe) avions un parcours dans la data, et Solidity s'apprend facilement avec des connaissances préalables en Python ou C++ par exemple. On a donc tout développé pendant plusieurs mois pour sortir les smart-contracts qu’utilise Equisafe, qui sont très complets. Pour les connaisseurs, il s'agit de contrats ERC-20, ayant plusieurs dizaines de fonctions ajoutées. Ils sont donc compatibles avec d'autres smart-contracts utilisant ce standard.

 

Vos locaux sont situés au cœur de Paris, à la Station F. La France est-elle la crypto-nation qu'elle annonce vouloir être ? 

Ahahaha, pas vraiment. Que ce soit le secteur Fintech ou Blockchain, la France n'est pas encore adaptée à tout cela. On a dû notamment changer à de nombreuses reprises d'établissement bancaire. Mais tout n'est pas noir et nous bénéficions d'un certain suivi, pour l'opération AnnA par exemple.

 

Aujourd'hui est-il plus simple, ou au contraire plus compliqué, pour une startup blockchain de lever des fonds ? 

Je pense que c'est plus compliqué qu'une startup exerçant dans un autre domaine. À moins d'avoir un produit utilisable et répondant clairement à un problème immédiat, cela peut être un défi.

 

Voilà pour la présentation du projet blockchain français Equisafe. Encore un grand merci à Bilal pour avoir pris son temps pour présenter son projet et avoir répondu à nos questions.

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