Les actions de la SEC peuvent-elles influencer la régulation crypto en Europe ? Entretien avec Meria

Dernièrement, les actions de la Securities and Exchange Commission (SEC) aux États-Unis à l’encontre de l’écosystème des cryptomonnaies, incarnées notamment par les sanctions contre les services de staking de Kraken et l’affaire du BUSD, font craindre une intensification du risque règlementaire. Ainsi, nous sommes allés à la rencontre de Thibaut Boutrou et Rija Rameloarison de Meria, pour savoir s’il fallait s’inquiéter d’une contagion de ce risque en Europe.

Les actions de la SEC peuvent-elles influencer la régulation crypto en Europe ? Entretien avec Meria

La régulation américaine peut-elle influencer l’industrie locale ?

Tandis que les regards sont actuellement tournés vers les États-Unis et l’intensification des efforts de régulation de la Securities and Exchange Commission (SEC), nous avons tenté de comprendre en quoi ces évènements pourraient affecter l’industrie locale. C’est pourquoi nous sommes allés à la rencontre de Meria, acteur majeur de l’écosystème des cryptomonnaies en France. Thibaut Boutrou, cofondateur et COO de l’entreprise, ainsi que Rija Rameloarison, responsable conformité, qui nous ont apporté leur point de vue.

Tandis que Meria maintient de nombreux nœuds sur diverses blockchains avec des consensus utilisant la preuve d’enjeu (PoS), il était intéressant de savoir si les actions de la SEC à l’encontre des services de staking provoquaient des inquiétudes ou non.

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L’impact du législateur américain sur les activités de Meria

Premièrement, Rija Rameloarison a tenu à souligner la différence entre deux manières de règlementer les cryptomonnaies, incarnées respectivement par l’Union européenne (UE) et les États-Unis. En effet, si la première a plutôt fait le choix d’établir une règlementation spécifique, notamment incarnée par le règlement MiCA, les seconds tentent de faire rentrer cela dans un cadre déjà existant  :

« Il faut comprendre que l’UE et les États-Unis ont une approche sensiblement différente concernant la régulation du secteur des cryptomonnaies. En Europe, nous avons pris le parti de créer un cadre règlementaire spécifique, une initiative d’ailleurs largement portée par la France. Cette approche permet un cadre plus précis et offre une sécurité juridique. Côté américain, ce cadre dédié n’existe pas et par conséquent, les États-Unis se basent sur une règlementation existante : celle de la finance traditionnelle et du secteur bancaire. Le problème de cette approche, c’est que les règles ne sont pas toujours adaptées à la réalité de l’industrie crypto. »

Est-ce que l’intensification de cette régulation aux États-Unis présente un frein pour le développement de Meria à l’étranger ?

Réponse de Thibaut Boutrou :

« Si nous envisageons d’aller toucher le territoire américain, là, naturellement, nous serons impactés. Mais cet impact reste modéré concernant notre développement à l’étranger sur les frontières proches. Ces prises de position des États-Unis ont évidemment des conséquences sur le marché dans sa globalité, mais très peu sur la question de notre propre extension internationale. »

À votre niveau, pensez-vous que l’attitude de la SEC pourrait influencer négativement les régulateurs européens ?

Réponse de Rija Rameloarison :

« Comme développé précédemment, l’approche des deux régulateurs est vraiment différente, il est donc difficile de craindre une contagion sur ce sujet, bien qu’il soit probable que nos régulateurs s’informent sur ce qu’il se passe côté américain et inversement. Nous avons même la sensation que les échanges entre l’industrie crypto et les régulateurs européens sont plus fructueux. »

Rija Rameloarison revient également sur un point fondamental en Europe, qui tend à protéger des prises de position comme celles de la SEC : la sécurité juridique. Pour expliquer simplement ce principe, il permet notamment de protéger les citoyens de changements trop fréquents de la loi, empêchant par exemple celle-ci d’être rétroactive et dissuade l’établissement de normes contradictoires : la loi doit être « intelligible et accessible ».

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La décentralisation totale est-elle une solution envisageable ?

Avec la pression règlementaire qui s’accroît sur les plateformes de cryptomonnaies, ainsi que les facteurs de risques de ces dernières comme l’ont montré de mauvais acteurs tels que FTX, deux visions peuvent alors s’opposer : centralisation et décentralisation. Ainsi, nous avons voulu en savoir plus sur la position de Meria, que Thibaut Boutrou nous a partagé en détail :

Les évènements récents pourraient-ils amener Meria à développer des solutions pour accompagner et éduquer ses clients dans la self-custody, afin de s’émanciper de l’étiquette « plateforme centralisée », lui permettant ainsi de se tourner vers un business model où le client resterait 100 % propriétaire de ses cryptos ?

« Aujourd’hui, Meria est effectivement plus connue pour sa plateforme, mais en réalité, une grosse partie de notre activité se passe on-chain donc c’est déjà un peu le cas. Nous laissons le choix à nos clients : utiliser nos services à travers cette plateforme ou, pour ceux qui en ont les capacités, le temps et l’envie, de les utiliser en autonomie via leur propre wallet. D’ailleurs, notre Meria Academy dispose de tutoriels expliquant comment faire de la délégation directement depuis son wallet. »

Ainsi, Thibaut Boutrou va plus loin, en détaillant la « double casquette » de Meria :

« Notre cœur de métier reste la validation on-chain et notre plateforme est un moyen de distribuer notre expertise. Nous sommes convaincus qu’à terme, l’industrie tendra vers plus de décentralisation sur ces sujets, mais si nous faisons un constat purement rationnel : aujourd’hui, nous sommes vraiment très tôt dans cette transition. Je pense que le rôle d’acteur comme Meria est justement, en quelque sorte, d’accompagner cette transition. »

Par ailleurs, Thibaut Boutrou souligne également la complexité apparente du Web3 pour les nouveaux entrants, comme le vocabulaire ou encore des outils tels que les wallets. Toutefois, ces freins devraient être levés à l’avenir, notamment grâce à l’éducation et au fait que les nouvelles générations sont de plus en plus friandes de ces technologies.

D’autre part, il n’opte pas pour une vision binaire de type « tout décentralisé ou tout centralisé », mais note que ces deux écoles répondent à des besoins différents :

« Je pense qu’il y aura toujours des personnes qui voudront cette centralisation et qui en auront besoin, parce qu’elle offre un certain confort, donc notre positionnement consiste plus à laisser le choix aux gens. »

Il incite par ailleurs les investisseurs à se questionner sur les tenants et aboutissants de chacune de ces deux philosophies. Notons par exemple que la centralisation implique un risque de défaillance de l’acteur à qui l’on fait confiance, tandis que la décentralisation demandera de la responsabilité vis-à-vis de ses clés privées.

En outre, Thibaut Boutrou souligne que le fait que la régulation s’intéresse à notre écosystème est plutôt une bonne chose, car « cela montre que ça avance ». Si « les premières décisions ne sont pas toujours favorables », du fait que les politiques n’ont pas toujours le même niveau d’expertise que les acteurs de l’écosystème, la démocratisation suit son cours. En effet, si tout n’est pas encore parfait, le cofondateur de Meria conclut que la position des régulateurs a favorablement évolué en cinq ans et « qu’il faut laisser le temps faire son œuvre sur le sujet ».

💡 Sur le même sujet – Just Mining devient Meria et dévoile un profond renouveau pour sa plateforme

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