Un revenu universel en cryptomonnaies est-il envisageable ?
L’idée d’un revenu universel en cryptomonnaies commence à faire son chemin. Si certains envisagent l’instauration d’un salaire de base entièrement géré par un organisme central, d’autres préfèrent s’appuyer sur la blockchain ou l’Internet of Things. On fait le point sur les deux approches et sur les applications pratiques du dividende universel.
Pourquoi mettre en place un revenu de base en cryptomonnaie ?
Les partisans du revenu universel affirment que sa mise en place permettra d’abolir la pauvreté et de garantir des conditions de vie décentes pour tous. Son instauration devrait aussi permettre d’émanciper l’individu de l’impératif de travailler. Dans la société dépeinte par les défenseurs du revenu universel, on ne travaillerait non plus pour assurer sa survie mais plutôt par choix et passion. Évidemment, le revenu universel prend surtout sens dans une société robotisée, où machines et intelligence artificielle ont fini par remplacer le travail à la chaîne. En bref, l’application de ce projet vise surtout à révolutionner le concept de « travail » dans un monde où les robots ont mis des milliards de travailleurs au chômage technique. Dans ce futur encore utopiste, les cryptomonnaies ont un rôle majeur à jouer.
Les opposants du dividende universel estiment que sa mise en place conduira inévitablement à l’inflation des monnaies traditionnelles.
"Si un Etat initialement membre de la zone euro, choisit de sortir de celle-ci pour pouvoir financer le revenu universel via la création monétaire, on peut s’attendre à une forte inflation voire une hyperinflation dans le pays en question" estime le Bulletin de l’Observatoire des Politiques économiques en Europe de l’Université de Strasbourg.
C’est là que les cryptomonnaies entrent en jeu ! Contrairement aux devises papier, les crypto-actifs ne peuvent pas être produits à l’infini. Par exemple, la quantité maximale de bitcoin à miner a été fixée lors de sa création à 21 millions. Dans ces conditions, le bitcoin et les altcoins en général sont donc imperméables à l’inflation inhérente aux monnaies fiat. Le revenu universel en cryptomonnaie a donc déjà un avantage certain par rapport à un revenu versé en monnaies fiat.
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Un revenu universel fourni par l’Etat ?
Dans un premier temps, imaginons la mise en place d’une allocation universelle en cryptomonnaie entièrement gérée par un organisme central. Cet organisme est chargé de verser les salaires universels et de s’assurer de la bonne gestion du système. Certains partisans de cette approche souhaitent que ce soit l’Etat qui garde le contrôle du système de revenu universel. Dans ce contexte, le revenu versé en crypto-actifs remplace les subsides fournis par le gouvernement aux foyers les plus démunis et aux individus dans l’incapacité de travailler. Ces devises numériques pourraient être échangées contre des services ou des biens.
Cette approche est similaire au projet de dollar numérique inclus dans le plan de relance économique du Parti Démocrate des Etats-Unis. Dans le cadre de ce projet, chaque particulier américain dont le revenu annuel est inférieur à 75 000 dollars recevrait 2000 dollars numériques par mois. Cette initiative a pour but de relancer l’économie après la crise du coronavirus. Les devises numériques évoquées dans le projet se rapprochent d’une forme de revenu universel.
Malheureusement, ce projet, finalement avorté, pèche par l’implication de la Réserve fédérale (FED) des États-Unis. Les dollars numériques versés aux particuliers sont en effet accessibles dans un compte détenu par la FED. Dans ces conditions, la FED est en mesure de contrôler toutes les transactions réalisées. C’est l’écueil principal du revenu universel versé par un gestionnaire central. Dans ce cas de figure, l’organisme qui verse le dividende garde le contrôle absolu de vos devises. Il peut ainsi édicter des règles d’utilisation ou bannir des individus sur base de ses propres critères.
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Un revenu universel basé sur la blockchain : l’approche décentralisée
Évidemment, la mise en place du revenu universel aurait un coût financier énorme pour l’Etat, même s’il remplacerait les aides sociales actuelles comme le chômage. D’après les estimations réalisées par l'institut Montaigne, l’instauration du revenu universel coûterait entre 305 et 424 milliards d’euros par an à l’Etat français, en fonction du montant versé mensuellement à chaque individu. Pour absorber le coût généré par le revenu universel, le risque est grand que l’Etat décide finalement d’imposer de nouvelles taxes à la population restée active.
L’instauration d’un revenu garanti géré par un dispositif décentralisé pourrait permettre d’enrayer cette réaction en chaîne, souvent mise en exergue par les détracteurs de la réforme. Dès lors que les revenus versés aux individus ne sont plus versés par un organisme central, en l’occurence l’Etat, qui se charge de dispatcher des ressources communes. De même, les actifs nécessaires à la rémunération des individus ne seraient plus générés par des taxes ou des impôts mais directement produits par les citoyens eux-mêmes.
Comment ? En monétisant leurs données personnelles. De nos jours, de nombreuses firmes s’enrichissent en exploitant les données personnelles des utilisateurs de leurs services. C’est le cas de géants de la technologie comme Facebook, Amazon ou Google, les fameux GAFA. Ces entreprises tirent une importante partie de leurs revenus de la vente de données personnelles à grande échelle. Actuellement, les internautes cèdent donc des informations monnayables auprès de firmes d’analyse marketing à des tierces parties. En clair, les internautes du monde entier sont actuellement assis sur une immense montagne d’or dont ils ne soupçonnent même pas l’existence. Tous les internautes du monde génèrent des données personnelles en surfant sur la toile. C’est pourquoi on peut véritablement parler de revenu ou de salaire universel.
Pour garder le contrôle de leurs données personnelles et les partager contre rémunération à de grands groupes publicitaires, les internautes pourraient s’appuyer sur la blockchain. Afin de percevoir un revenu, l’internaute n’aurait qu’à attribuer des droits d’accès et de valorisation aux données générées directement dans une chaîne de blocs publique. Décentralisée, transparente et immuable, la blockchain est la technologie idéale pour mettre au point un dispositif de cet ampleur sans risque de fraude.
Pour traiter cette quantité colossale de données, certaines solutions blockchain sont plus adaptées que d’autres. On citera ainsi le Lightning Network. Toujours en développement, ce réseau décentralisé permet de réaliser des paiements instantanément et sans frais en s’appuyant sur des des contrats intelligents. C’est idéal dans le cadre d’un revenu universel généré par la monétisation de vos données personnelles.
Dans la même optique, on citera aussi le projet Harmony développé par Binance développé par Binance. Avec Harmony, la plateforme d’échange vise à mettre sur pied une blockchain capable de gérer des données à grande échelle en provenance du monde entier. Binance ambitionne d’ailleurs de gérer des milliards de transactions et d’utilisateurs en simultané tout en garantissant des échanges instantanés sur son réseau. Malheureusement, le projet est lui aussi au stade développement pour le moment.
« La mise à l'échelle est toujours l'un des principaux problèmes de l'industrie blockchain et devrions chercher à résoudre de la manière la plus efficace possible » affirme Changpeng Zhao, PDG de Binance.
En utilisant Harmony ou le Lightning Network, un internaute souhaitant recevoir un revenu pourrait théoriquement mettre en vente ses données personnelles et percevoir instantanément une rémunération. Cerise sur le gâteau : ce dispositif ne coûterait pas un sous à l’État et à la collectivité. Pour l’heure, ce revenu universel basé sur la vente de données personnelles est encore au stade de la théorie.
En utilisant Harmony ou le Lightning Network, un internaute souhaitant recevoir un revenu pourrait théoriquement mettre en vente ses données personnelles et percevoir instantanément une rémunération. Cerise sur le gâteau : ce dispositif ne coûterait pas un sous à l’État et à la collectivité. Pour l’heure, ce revenu universel basé sur la vente de données personnelles est encore au stade de la théorie.
Un revenu universel généré par les objets connectés
Une autre approche consisterait à s’appuyer sur l’Internet Of Things (IOT). La cryptomonnaie Iota a en effet été développée dans le but de permettre aux internautes de reprendre le contrôle sur leurs données personnelles. Plutôt que de s’appuyer sur une blockchain, Iota se base sur le réseau Tangle. Pour effectuer une transaction instantanée et sans frais sur ce réseau, l’utilisateur doit d’abord mettre à disposition la puissance de ses objets connectés (smartphone, PC, ampoules connectées, enceintes…).
D’après David Sønstebø, l’un des cofondateurs du Iota, le projet Tangle va permettre aux utilisateurs d’objets connectés de monétiser les données personnelles générées par leurs appareils. On pense notamment aux smartphones ou aux montres connectées par exemple. Via le réseau décentralisé de Tangle, les usagers peuvent vendre leurs données en échange de token Iota. En clair, tout le monde peut percevoir un revenu en vendant les informations collectées par leurs objets connectés.
Le réseau Tangle se distingue aussi par une scalabilité infinie. Plus le nombre d’utilisateurs du réseau augmente, plus les performances de celui progressent. Plus Tangle enregistre des transactions plus les transferts sont effectués rapidement. C’est un atout indéniable si le réseau est amené à traiter un afflux important de données. Malheureusement, le le Trinity Wallet, le wallet officiel de IOTA, a récemment victime d’un piratage de grande ampleur, suscitant les inquiétudes des utilisateurs.
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Ces projets blockchain permettent déjà de recevoir un dividende universel dès aujourd’hui
Certaines initiatives ont déjà mis sur pied des monnaies virtuelles basées sur le principe du revenu universel. On commencera par citer Swiftdemand. La plateforme vise en effet à instaurer un revenu universel en cryptomonnaies. Swiftdemand se définit d’ailleurs comme "une tentative de mise en place d’un revenu de base". Tous les jours, elle offre à ses membres 100 jetons Swift. Pour réclamer ses jetons journaliers, il suffit de se connecter avec ses identifiants. Les actifs amassés peuvent être échangés sur une marketplace en ligne. Actuellement, les Swifts sont des devises numériques mais ne sont pas encore des cryptomonnaies. Le token sera mis sur le marché quand le seuil de 5000000 usagers aura été atteint.
Dans le même genre que Swiftdemand, citons aussi Mannabase, Circles ou encore Solidar. Ces plateformes optent pour une approche centralisée du revenu universel. Dans ce cas-ci, un organisme central va venir remplacer l’Etat et se charger de verser les allocations aux individus. Dans ce cas de figure, l'individu n'a rien à faire pour recevoir son revenu.
Dans une optique décentralisée cette fois, évoquons la monnaie libre Ğ1 (June). Basée sur une blockchain, cette monnaie numérique est co-produite par tous les membres du projet Duniter. Chaque membre reçoit quotidiennement un dividende universel d’un montant identique à celui perçu par les autres. Pour percevoir un revenu et entrer dans la communauté, il faut d’abord être certifié par 5 membres.
Que pensez-vous de ces projets visant à mettre en place un revenu de base en crypto-actifs ? Quel est le projet le plus viable à vos yeux ? On attend votre avis dans les commentaires ci-dessous.
J, ai envoyé un commentaire. L'avez vous bien reçu ?
Raymond Lahure
Bonjour
Je pense que toutes ces réflexions ne sont pas inutiles. Beaucoup de choses ont changé depuis la période Covid. Les gens préfèrent le travail à domicile. Ne pourriez vous pas créer un business model qui permettrait aux utilisateurs de travailler en ligne pour gagner un revenu universel mensuel. Avec une base de 1000 euros, par exemple, qui peut progresser suivant le temps consacré à cette activité. Ça permettrait à beaucoup de retrouver une activité salarié et apporterai une contribution rentable pour ce nouveau Business model.
Cordiales salutations
Raymond Lahure