Russie : le rouble au plus bas depuis mars 2022 – Quid de la dédollarisation ?
Se détacher du dollar : c’est devenu le motto de la Russie ces derniers mois, rejointe par les autres pays du BRICS. Mais pour cela, il faut avoir d’autres devises fortes, et le rouble affiche grise mine cette semaine. Il a touché un niveau non atteint depuis mars 2022, et peine à se maintenir sur fond de guerre en Ukraine et d’inflation. Qu’en penser ?
le 14 août 2023 à 14:00.
2 minutes de lecture
Le rouble atteint le même palier qu’en mars 2022
La Russie a envahi l’Ukraine en février 2022, et déclenché une guerre qui s’est enlisée depuis. En réaction, le rouble russe (RUB) avait dévissé, atteignant un point bas en mars de la même année. Et il vient de toucher à nouveau ce palier : en début de semaine à la Bourse de Moscou, un dollar s’achetait contre plus de 100 roubles.
Évolution du rouble russe (RUB) depuis le début de l’année 2022
Le maintien du statut du rouble est un enjeu de taille pour Moscou, qui a besoin d’une devise forte pour poursuivre la guerre en Ukraine. La communauté internationale a en effet fait peser des sanctions économiques fortes sur le pays, qui s’est notamment retrouvé coupé du système de paiement SWIFT.
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Craintes d’inflation et espoir de la dédollarisation pour les Russes
La population russe subit déjà des conséquences économiques importantes dues au conflit déclenché par Vladimir Poutine. L’accès aux devises étrangères – dont le dollar – est limité, et peu d’actifs « de réserve » sont accessibles. L’inflation avait également dépassé au printemps 2022 les 17%. La chute continue du rouble fait donc à nouveau craindre une hausse des prix conséquente.
Face à cela, la Russie mise sur le processus de « dédollarisation ». Aux côtés des pays du « BRICS », elle appelle régulièrement à se concentrer sur des devises locales plutôt que sur le billet vert américain. Officiellement, cela concerne tous les pays, mais c’est bien sûr plus pressant pour ceux qui subissent des sanctions, dont la Russie, l’Iran et la Chine. Un porte-parole du bloc BRICS expliquait cependant au cours de l’été qu’il s’agissait d’une tendance de fond :
« Dans un futur proche, il est peu probable que cela [une monnaie commune, NDLR] soit faisable, mais l’utilisation de devises nationales est déjà une réalité qui prend de l’ampleur de manière globale. Cette pratique n’est pas uniquement visible chez les pays qui font face à des sanctions, mais aussi chez les autres. »
Sur le statut du rouble ne repose donc pas uniquement la vie quotidienne des Russes, mais bien un changement idéologique majeur. Le dollar va perdre de sa prédominance, mais le rouble fera-t-il partie des devises qui en ressortiront renforcées ? Cela reste à voir.
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Marine Debelloir
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