Le rappeur français Koba LaD fait de la pub pour une cryptomonnaie

Logiquement, cela devrait vous fait sourire un peu, mais en fait, non. Le rappeur Koba LaD vient de recommander à tous ses fans d'investir sur la cryptomonnaie Peculium, la monnaie du futur (comme il l'appelle). Le projet, lancé en 2018 par le biais d'une ICO, avait récolté une dizaine de millions de dollars. Nous allons en profiter pour faire le point sur Peculium aujourd'hui, en 2020.

? Article : Qu'est-ce qu'une ICO ?

Koba LaD fait la promotion de Peculium sur Snapchat

Le rappeur a visiblement été payé, en sa qualité d'influenceur, pour promouvoir le site internet de Peculium auprès de sa communauté.

Cela n'est pas sans nous rappeler une certaine Nabilla qui faisait de la pub sur Snapchat en janvier 2018 pour un site vendant des formations pour investir sur le Bitcoin. Juste avant que le Bitcoin atteigne son plus haut prix historique et qu'il s'écrase subitement. A première vue, on pourrait donc vous recommander de faire très attention à ce type de conseil.

Nabilla

On remarquera tout de même que la vidéo de Koba LaD se coupe alors que le rappeur n'a pas terminé ses explications. A-t-il décidé de supprimer la suite avec du recul, pour éviter que cela soit assimilé à des conseils en investissements ? Aucune idée.

Peculium : un site douteux et manquant d'informations

Outre l'apparence discutable du slogan difficilement lisible, le site semble à première vue tout à fait correct. Mais dès qu'on cherche des informations, on se rend compte qu'il est totalement vide.

Mis à part une présentation très basique du produit, qui nous permet de comprendre qu'il  s'agit d'un système d'investissement et d'épargne, aucune mention explicite des frais, des taux de gain estimés... Il n'y a que des termes marketing et des slogans qui se répètent d'un paragraphe à l'autre. La seule information tangible affichée concerne les frais que l'on ne paye pas, à savoir les frais de versement, de sortie et d'arbitrage, qui sont tous à zéro euros. Bizarrement les frais de transaction ne sont pas affichés (il s'élèvent pourtant à 8%), ni les frais d'ouverture de compte, de clôture de compte, de contact avec le service client (à supposer qu'il y en ait un)... Et ces frais ne sont pas non plus affichés dans la section réservée aux utilisateurs, qui, soit dit en passant, n'est rien d'autre qu'un ersatz de Coinbase avec des menus parfois mal écrits, mélangeant le français et l'anglais.

Interface utilisateur de Peculium

Le site vous dit également qu'il faut acheter du PCL (le jeton PECULIUM) pour utiliser les services de la plateforme, mais ne dit pas quel est le coût de ces services, par exemple. L'utilité du jeton, en plus d'être extrêmement réduite par définition, est extrêmement floue puisqu'il n'est indiqué nulle part si ce jeton est utilisé pour payer un abonnement, ou s'il suffit de payer une seule fois, etc.

Enfin, le site est totalement dépourvu de mentions légales, et le peu de documents qui y ressemble vaguement est rédigé uniquement en anglais : une politique de confidentialité, et un accord d'utilisation relatif à l'ICO de Peculium.

Note : Les mentions légales ainsi qu'une page récapitulative sur les frais ont été ajoutées quelques temps après la publication de notre article, mais nous n'avons pas encore eu le temps de nous y pencher de plus près. Le site, tel qu'il était le jour de la publication de l'article, se trouve à cette adresse.

Autrement dit, ce site vous permet de déposer de l'argent, mais vous n'avez aucun moyen de savoir qui le détient, sauf en allant chercher vous-même les informations. Et c'est illégal en France. Dommage, pour une société française.

Des partenaires discutables (c'est un euphémisme)

Le site de Peculium affiche plusieurs articles de presse à leur sujet qui mentionnent très vaguement Peculium sans véritablement en parler, mais ce n'est pas le plus absurde. Pour rire un bon coup, il faut aller regarder les "partenariats" de Peculium, qui sont visiblement plutôt unilatéraux.

Parmi les sociétés qui sont affichées, il y a notamment :

• Chatila Rais, qui est... Euh... La société du CCO de l'équipe Peculium, donc un premier cas de partenariat de l'équipe Peculium avec elle-même.
• La société Deqode d'abord, puis la société Techracers, aujourd'hui appelée... Deqode. Peculium a même la gentillesse de mettre un lien vers le site de Deqode sur l'image dédiée à Techracers, au cas où l'on n'ait pas remarqué qu'ils multiplient les partenaires comme Jésus multipliait les pains.
• Le groupe "Finance Innovation", sur le site duquel on peut constater que Peculium n'apparaît nulle part sur la liste des partenaires.
• La société UpsilonData, dont le site web (lien archive.is ici) est une avalanche d'incohérences : un menu totalement vide et un autre rempli de texte probablement tapé par un enfant qui s'énerve sur un clavier, encore une fois sans aucune mention légale, et dont l'ensemble des boutons relatifs aux réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Pinterest...) ne comportent aucun lien... Ah, et, j'oubliais. Le dirigeant de la société PECULIUM est aussi dirigeant de la société UPSILON. Nous avons donc là un deuxième cas confirmé de partenariat de l'équipe Peculium avec elle-même.

Et ce n'est là qu'une vérification superficielle de l'identité des partenaires. Je suis certain qu'avec une enquête un peu plus poussée, d'autres pépites pourraient être découvertes.

Conclusion

Pour couronner le tout, un rapide passage sur n'importe quel site comme Coinmarketcap ou Coingecko vous permettra de voir que le volume de Peculium est assez bas, signe d'un manque d'intérêt total de la part de la communauté crypto.

Il me semble qu'il n'y a pas vraiment besoin de pousser l'enquête plus loin. Peculium est clairement un projet à l'intérêt limité. Avec 10 millions d'euros et 2 ans de travail depuis l'ICO, le produit donne toujours l'impression d'être un simple brouillon produit après une nuit de travail par un étudiant en licence 1 d'informatique. Et ce ne sont pas les recommandations de Koba La Débrouille qui vont y changer quelque chose.

Bref, je ne suis pas certain que ce soit la crypto-monnaie du futur, contrairement à ce qu'annonce Koba LaD. Faites vos propres recherches avant d'investir et, d'une façon générale, faites attention aux conseils en investissement donnés par les influenceurs sur les réseaux sociaux.

Passionné de crypto à mes heures perdues, je suis un juriste originaire du Sud de la France. J’adore décortiquer le fonctionnement de ces technologies et je m’intéresse également aux profonds changements qu’elles apportent. A côté de cela, j’aime le foot, la philosophie, les échecs et les porte-bonheurs chinois.

Benjamin M.

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