Qui est Nayib Bukele, le président du Salvador qui a fait le pari fou du Bitcoin (BTC) ?
« Roi philosophe », « dictateur cool » ou « crypto-bro », les qualificatifs que s’applique lui-même Nayib Bukele montrent bien la complexité du président du Salvador. Qui est donc cet homme politique hors cases qui a créé des changements drastiques dans son pays avant de tout miser sur le Bitcoin (BTC) ?

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Origines de Nayib Bukele
Nayib Armando Bukele Ortez est né le 24 juillet 1981 à San Salvador, la capitale du Salvador. Son père est un homme d’affaires d’origine palestinienne et sa mère est Salvadorienne. Ayant obtenu l’équivalent du bac en 1999, le jeune Nayib Bukele s’inscrit à l’Université d’Amérique Centrale, à San Salvador.
Il y étudie le droit, avec l’ambition de devenir avocat. Mais il arrêtera ses études précocement, pour rejoindre l’agence de communication Nölck, une des entreprises de son père. La sensibilité politique de Nayib Bukele s’exprime tôt : il milite alors pour le Front Farabundo Martí (FMLN) de libération nationale, un mouvement politique basé à l’origine sur 5 mouvements de guérillas marxistes.
En parallèle, il fonde sa propre entreprise de marketing, Obermet. Il la préside de 1999 à 2006 et de 2010 à 2012. La société s’occupe notamment des publicités liées à la campagne politique du FMLN. Entre ces 2 activités, il dirige Yamaha Motors El Salvador. À l’époque, Nayib Bukele a déjà de grandes ambitions : il se décrit comme « un entrepreneur avec un grand avenir ».
Carrière politique de Nayib Bukele et création de Nuevas Ideas
Mais c’est dans le domaine politique que Nayib Bukele finira par se distinguer. Il entre en politique en 2011, toujours sous l’égide du FMLN. Il devient maire de la ville de Nuevo Cuscatlàn en 2012, son premier mandat politique. À l’époque, il montre déjà un goût pour les projets spectaculaires. Il lancera ainsi un ballon de haute altitude pour photographier le pays et fera construire un boulevard entre sa ville et les municipalités de Huizúcar et Antiguo Cuscatlán.
Il faut noter qu’à cette époque, ses projets sont largement financés par la société ALBA Petroleos, une entreprise détenue par PDVSA. La PDVSA est une entreprise pétrolière d’État vénézuélienne, qui s’est distinguée elle aussi par son utilisation novatrice des cryptomonnaies, bien qu’elle ait fait l’objet d’un scandale de corruption ces dernières années.
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Nayib Bukele poursuit dans les années suivantes son ascension au sein du FMLN. Il devient maire de San Salvador en 2015. À ce poste, il fait campagne pour lutter contre la criminalité, un thème qui le suivra jusqu’à son accession à la présidence du pays.
Premières controverses
C’est lors de ce mandat que Nayib Bukele fait par ailleurs face à ses premières controverses majeures. Il est à l’époque accusé d’avoir négocié avec des gangs de San Salvador et d’avoir créé de faux sites d’information basés sur les journaux locaux El Diario de Hoy et La Prensa Gráfica. Cela afin de partager des informations favorables à ses actions.
C’est aussi à cette époque que sa relation avec le parti FMLN se détériore. Les conflits s’additionnent, ce qui finira par conduire à son expulsion du parti en octobre 2017. Suite à ce départ forcé, Nayib Bukele choisit de créer son propre parti : Nuevas Ideas, afin de faire campagne pour les prochaines élections présidentielles de 2019.
Dans les années qui suivent, Nayib Bukele fait campagne contre la corruption, se détachant nettement du parti au pouvoir. Refusant de débattre avec les autres candidats à la présidentielle, il devient très tôt le favori des sondages, contre le candidat de son ancien parti FMLN. Son élection en février 2019, avec 53 % des voix, est une petite révolution : aucun candidat extérieur aux 2 partis principaux du Salvador n’avait été élu depuis 1984.
Des stratégies de communication novatrices pour un homme d’État
Pendant la campagne et son premier mandat présidentiel, Nayib Bukele se décrit comme un réformateur, tant dans les politiques menées que dans le style de communication. S’il se qualifiait autrefois de « gauchiste radical », il adopte désormais une attitude plus centriste, affirmant ne se reconnaître ni dans la gauche ni dans la droite. Il gouverne grâce à Twitter (désormais X), l’utilisant comme principal canal de communication. Il joue aussi de son image de « millenial » afin de moderniser sa fonction.
Localement, Nayib Bukele axe sa présidence sur la guerre contre les gangs, ou maras. Le Salvador est en effet fortement touché par la violence, ce qui en fait à l’époque un des pays les plus dangereux du monde. Le nouveau président commence donc une campagne extrêmement agressive sur le thème de la sécurité, avec de nombreuses arrestations sommaires. Et cela fonctionne : les chiffres de la criminalité s’effondrent et les homicides sont de moins en moins nombreux. Chaque année depuis l’arrivée de Nayib Bukele au pouvoir, la violence est réduite dans le pays.
Cette évolution a cependant un coût humanitaire : de nombreuses organisations, dont Amnesty International, alertent sur les « violations massives » en termes de droits de l’homme et les dérives autoritaires associées à Nayib Bukele. Mais le président du Salvador semble en jouer, allant jusqu’à adopter le surnom de « plus cool des dictateurs », sur Twitter. Il se prépare par ailleurs à une autre action forte, cette fois dans le domaine de l’économie.
Nayib Bukele et le pari fou du Bitcoin (BTC) au Salvador
En 2021, le Salvador rencontre des difficultés financières : si l’inflation n’atteint pas des niveaux comparables aux économies les plus sinistrées de l’Amérique centrale, elle reste forte. Par ailleurs, le dollar américain est devenu la monnaie officielle du pays depuis 2001, après l’abandon du Colon salvadorien. Il en résulte une économie complètement « dollarisée » avec une forte dépendance à l’aide internationale.
Pour Nayib Bukele, la solution vient donc du Bitcoin (BTC). Alors que l’utilisation de la cryptomonnaie reste encore confidentielle dans le pays, il choisit d’en faire une monnaie officielle, grâce à la « loi Bitcoin » adoptée en 2021. Cette décision surprenante propulse le Salvador sur la scène internationale : c’est encore à ce jour le seul pays à avoir adopté une cryptomonnaie en tant que devise officielle. À sa tête, Nayib Bukele devient le symbole d’une classe politique nouvelle, qui souhaite se débarrasser partiellement des héritages des accords de Bretton Woods.
Avec le Bitcoin, l’ambition de Nayib Bukele est d’offrir aux Salvadoriens un actif alternatif au dollar américain et de diversifier les réserves du pays. Par ailleurs, il estime que ce changement attirera les investisseurs étrangers et permettra de réduire certaines dépenses. Pour ce faire, dès l’été 2021, du BTC est distribué gratuitement aux habitants du pays, en échange de l’installation du portefeuille gouvernemental, le Chivo.
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Impact et controverses autour de la « loi Bitcoin »
La « loi Bitcoin », aussi révolutionnaire soit-elle, a eu un impact mitigé au Salvador. Les habitants du pays se sont en effet précipités sur le portefeuille Chivo lors de sa sortie, mais l’utilisation réelle du Bitcoin au sein de l’économie locale n’a jamais décollé : en 2024, il est estimé que 92 % des Salvadoriens n’utilisent pas le BTC, lui préférant encore le dollar américain.
Les réserves d’État en Bitcoin ont cependant connu un succès plus net, tout du moins en termes de prix. La hausse du cours du BTC a en effet permis au Salvador de réaliser d’importants bénéfices. Lors de son 2e mandat, Nayib Bukele a par ailleurs confirmé que l’achat de Bitcoin continuait d’être une priorité : le pays achète 1 BTC par jour depuis l’adoption de la loi.
L’adoption du Bitcoin par le Salvador a également été très critiquée à l’international par des organismes tels que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Le FMI s’est par ailleurs lancé dans un bras de fer avec le gouvernement du Salvador : il ne veut plus accorder de prêt au pays sans une modification de la loi Bitcoin. L’organisme estime en effet que la cryptomonnaie fragilise la gestion de la dette du Salvador.
Réélection et 2e mandat de Nayib Bukele
Nayib Bukele a été réélu en 2024 suite à une décision de la Cour suprême, jugée anticonstitutionnelle par certains opposants. Il reste cependant très largement soutenu par l’électorat du Salvador, remportant 84 % des voix lors de cette élection. Au cours de son second mandat, le président du Salvador a continué sa politique anti-gangs et pro-innovation. Il a par ailleurs poursuivi ses efforts en faveur du Bitcoin, communiquant beaucoup sur la hausse de la cryptomonnaie.
Toujours très contesté à l’internationale pour ses positions autoritaires, Nayib Bukele a continué de s’amuser de ces critiques, se décrivant tour à tour comme un « roi-philosophe », un « empereur » ou un « PDG du Salvador ». Son positionnement lui a cependant attiré la faveur de certains acteurs, à l’instar d’Elon Musk ou de Donald Trump, qui ont eux aussi fait des cryptomonnaies un enjeu de campagne.
Nayib Bukele, entre innovation et prise de risque
Très soutenu par ses concitoyens mais critiqué par des organismes de défense des droits de l’homme, Nayib Bukele est assurément un homme de contraste. Ses politiques ambitieuses lui ont permis d’opérer des changements drastiques dans un pays historiquement marré de violence et son style de communication se détache nettement des traditions de la classe politique.
Ses réformes structurelles se font au bâton plutôt qu’à la carotte, mais elles sont largement approuvées : il bénéficie d’une cote de popularité locale qui n’est jamais passée sous les 75 %. Le dirigeant actuel du Salvador restera par ailleurs dans l’Histoire comme le premier chef d’État à avoir misé sur le Bitcoin, vent debout contre des organisations économiques internationales méfiantes.
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