Crypto Brunch - 10 Novembre 2019
Bonjour et bienvenue dans le Crypto Brunch. Je suis Ryo, et je partage avec vous chaque dimanche un condensé de l'actualité crypto de la semaine.
À table !
Cette semaine dans les cryptos nous nous sommes surtout retrouvé affiché devant la communauté des économistes pour deux raisons. BitFinex s'est fait pincer et les banques centrales veulent leurs cryptos privées. On y jette un œil tout de suite !
Spoofy, on t'a vu !
Une étude qui a subi l'évaluation par les pairs semble confirmer les soupçons que beaucoup portaient sur le bullrun de 2017. Si vous étiez présent cette année là, il est possible que vous ayez entendu parlé de "Spoofy", le market maker de Bitfinex, comme étant celui qui décide de la direction du marché. Pour rappel un market maker (MM) est un individu ou une entreprise, mandaté ou non par l'exchange pour assurer la liquidité de ce dernier via des algorithmes. Je me souviens qu'entre les analyses alambiquées des débutants et les rumeurs sur les traders chinois, beaucoup de spéculateurs du dimanche avaient bâti une espèce de culte envers cette whale qui semblait donner un carburant infini au bitcoin. Visiblement ils avaient raison, plus encore ce carburant porte un nom, il s'agit du Tether.
L'étude en question, qui sera bientôt publiée dans une revue spécialisée, met en lumière l'impact très important qu'a eu cette baleine qu'ils n'osent nommer sur les prix. Spoofy semblait dériver de sa fonction qui consiste à seulement rendre liquide un marché. Il est au final accusé de manipulation de marché en utilisant les USDT quasi-illimités de BitFinex, afin d'acheter en boucle des BTC, et faire ainsi monter sa valeur par l'accroissement de la demande.
BitFinex dément, évidemment. N'oublions pas qu'ils sont actuellement en procès pour cette affaire.
“Nos résultats suggèrent que plutôt que des milliers d'investisseurs déplaçaient le prix du bitcoin, ce n'était que le travail d'un grand investisseur.”
La manipulation était pourtant facilement faisable. Tether étant une société sœur à BitFinex et imprimant des USDT selon la demande, il est tout à fait envisageable de fournir des fonds illimités à un MM sans que quiconque ne s'en mêle. N'oublions pas le flou qui existait et existe encore sur la juridiction des cryptos, sur les contrôles des exchanges... Des procédures qui sont en cours mais qui ont permis pendant une dizaine d'années à des entrepreneurs de profiter du far-west.
C'est donc visiblement confirmé, la bulle n'était pas "naturelle". Dorénavant les économistes du monde entier pourront savoir ce qui a provoqué l'envolée des prix en 2017 et utiliser "Spoofy" comme argument. On en entendra surement parler si jamais le BTC dépasse les 20.000$. Je suis convaincu que si ce scénario arrive, on nous rabâchera qu'il s'agit d'un marché manipulé, qu'il s'effondrera d'un coup sans savoir pourquoi, exactement ce qu'il se passe depuis quelques années sur les bourses américaines, lesquelles sont à leur plus haut historique...
Pourtant, il persiste quelques taches sur l'étude menée. Sa méthodologie omet plusieurs faits comme celui que l'émission d'USDT vient d'une demande et ne lui est pas antérieure. On peut aussi citer que l'étude regarde le comportement d'une adresse en l'interprétant comme une whale omnipotente. L'enquête stipule donc que la création de l'USDT permet intrinsèquement une hausse du BTC, ce qui s'est révélé faux à quatre reprises même si globalement le parallèle est vérifié. Quelques incohérences qui serviront sûrement à la défense de BitFinex, même si les manipulations de Spoofy ne sont pas un secret pour les traders actifs.
Suite à tous ces déboires juridiques, Bitfinex a même préféré annuler l'IEO du K.im, la crypto du fondateur de MegaUpload. Inutile de mettre en place une énième levée de fond quand les yeux de la justice sont tournés vers eux. Il est préférable de montrer patte blanche, même si cette dernière a été blanchie à la chaux. Après tout, tant qu'on ne se fait pas prendre, il n'y a pas délit... hein ?
Toasts
- La Tunisie vient de lancer le E-dinar, monnaie 100% numérique nationale. Pied de nez à la Chine qui voulait être la première à sortir une CBDC (monnaie numérique de banque centrale). Un choix qui n'étonne qu'à moitié quand on regarde la situation économique du pays, victime d'un déficit et d'une dette croissantes sans possibilité de contrôler ces aspects. Plus qu'à voir si une CBDC aidera ou non à résoudre certains problèmes de souveraineté.
La Turquie prévoie de lancer la même chose pour fin 2020. Situation encore plus grave quand on voit les problèmes qu'a eu la lyre, divisant par deux sa valeur en 2018. Un enjeu pour la reprise économique du pays. ?
La même question est posée cette semaine à la BCE. Avec Christine Lagarde aux commandes, il est possible que l'on accélère l'évaluation et l'utilisation d'un e-euro. Les avantages sont connus et permettraient surtout de donner davantage de contrôle sur la monnaie. Un système pertinent dans une mondialisation qui laisse forcément beaucoup de perdants. Dans le cas où l'idée est acceptée en décembre, il faudra que le l'aborde en plus amples détails car la proposition suggère aussi d'interdire certains projets.
Il était à prévoir que les États réagiraient aux cryptos en mettant à jour la leur, en créant le FIAT 2.0. L'étape suivante de cette prédiction était la supplantation du FIAT par les cryptos. Une prophétie peu probable mais qui, pourtant, fait son chemin.
- Sans même avoir consulté sa communauté, Stellar a décidé de brûler la moitié du montant total de XLM. 50 milliards de XLM hors de la circulation ont été supprimés. Cependant, en plus d'avoir eux même pris la décision, le burn n'était pas équitable. La team a détruit seulement 5 milliards de ses pièces et concentré le reste sur les opérations de airdrops. Une méthode pour le moins discutable qui permet à l'équipe de passer de 16 à 24% de hold tout en multipliant théoriquement par deux la valeur de chaque coin. Quand on se met à créer artificiellement de la valeur, c'est rarement bon signe... ?
- Cette semaine le CEO de Ripple, Brad Garlinghouse, a prit la parole sur Bloomberg et a dressé un bilan des cryptos. Selon lui 99% des crypto-monnaies vont disparaître prochainement. C'est ce même constat que l'on répète inlassablement depuis l'éclatement de la bulle mais qui ne s'est jamais produit. "Les alts vont disparaître !! ?"
Aujourd'hui on manque de cryptos de premier plan, ce qui augmente la visibilité des projets moins sérieux. Pourtant même la bourse est gavée de shitcoins. La visibilité des grosses entreprises nous fait oublier qu'il existe un océan de start-ups éphémères tentant de faire leur trou dans cet univers monopolisés par des multinationales au budget illimité. Les shitcoins n'ont jamais disparus du "vrai marché" car il y a et aura toujours la possibilité d'améliorer ce qui existe. À terme 100% des entreprises sont condamnées à mourir. Et ton projet, il disparaîtra quand Brad ? ?
Par ailleurs, Ripple a été très content de MoneyGram. Ces derniers utilisent du XRP dans 10% de leurs échanges avec le Mexique. Aucune somme n'a été partagé bien sûr, il faudra se contenter de ce 10% qui peut autant signifier 1000 milliards que 10 dollars. Un exploit qui aura seulement coûté 50 millions de dollars à Ripple. ? Cessons d'être mauvaise langue, ils semble que MoneyGram ait enfin un partenariat sérieux avec WalMart pour procéder à des échanges de fond via XRP, on verra bien si il s'agit finalement d'une vraie avancée ou encore d'un autre flop à visée publicitaire, j'ai ma petite idée sur la question.
- Bakkt est en forme ! Parti comme un flop, les échanges ont fini par dépasser le million de dollar quotidien depuis deux semaines. Aujourd'hui c'est un nouveau record de volume avec 15 millions de dollars en 24h. Plus qu'un x20 pour atteindre les contrats à expiration de la CME. Intéressant de constater que cela arrive après un mouvement baissier.
- Dans le domaine des blockchains d'entreprise on retrouve cette semaine Coca-Cola. La multinationale a décidé d'implanter la technologie pour ses nombreux sous-traitants. La solution de blockchain privée devrait permettre de très grandement améliorer la rapidité dans le traitement des commandes.
Même domaine mais pour une crypto cette fois, VeChain lance FoodGates. Il s'agira d'une blockchain publique pour la traçabilité de l'agro-alimentaire. Il est même possible qu'elle serve activement nos contrées en suivant à la trace les produits Label Rouge par exemple. Peut être enfin une alt utile ? Pas sûr, quand on voit que les multinationales ont énormément plus d'attrait que les cryptos sur la traçabilité.
- CSW est en incapacité de financer l'accord qu'il a eu lors de son procès avec les Kleiman. Pour rappel, Craig Wright et Dave Kleiman ont soi-disant miné entre 2009 et 2013 plus ou moins un million de BTC, en tant que "Satoshi Nakamoto". Depuis la mort de Dave (et une théorique dissolution du "groupe Satoshi"), CSW s'est supposément approprié la totalité du pactole, d'où le procès. L'enjeu de ce procès étant tout d'abord le dump potentiel d'un million de BTC, mais il est aussi d'enfin prouver à tous que personne n'est Satoshi Nakamoto.
Le jugement a conclu que CSW devait remettre 550 000 BTC aux héritiers de Kleiman, mais coup de théâtre, c'est impossible ! Sans qu'on sache bien pourquoi, CSW annonce qu'il ne peut simplement pas respecter l'accord. Étrange pour celui qui revendique être l'inventeur même de Bitcoin et légitime détenteur du million de BTC. À jouer avec des cartes dans la manche, on finit par sortir tout le paquet. ?
Le finance décentralisée est un enjeu pour les blockchains. En France on est un peu à la ramasse, peu de gens comprennent l'importance de la "DeFi". Zoom sur cette aspect novateur de l'économie, la décentralisation du monde gigantesque de la finance.
Expresso
“ Pas vu, pas pris. ”
Proverbe
Difficile de condamner, en ayant la place d'un spéculateur, les actions d'une entreprise qui nous a enrichie et cherche elle-même à gagner un maximum d'argent. Dans le brouillard complet qui a longtemps entouré les cryptos, il est encore facile aujourd'hui de manipuler au grand jour les marchés, sans se cacher derrière mille précautions.
Tous les marchés sont manipulés au même titre que tous les individus sont les victimes et les acteurs d'une manipulation généralisée. C'est même l'une des spécialités des Hommes que de se mentir. François Raux disait que la séduction a toujours été une histoire de manipulation. Aujourd'hui qui peut prétendre que nous ne manipulons pas nos voinsins avec notre projet abracadabrantesque de monnaie libre ? Chacun cherche à faire investir son semblable en espérant lui vendre ses gains, lui proposer des projets qui n'en portent que le nom, tout pour satisfaire notre appétit du gain et que le meilleur gagne.
Du moment qu'un prédateur ne nous repère pas, on peut continuer notre manège. Au final, il ne s'agit que d'une gigantesque partie de chasse ...
Bon brunch !
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