Selon Chainalysis, 73 % des revenus des logiciels de rançon seraient liés à la Russie
Le logiciel de rançon est une méthode d’extorsion en hausse ces dernières années. Une étude de Chainalysis se penche sur le cas de la Russie dont bon nombre des réseaux criminels de cette industrie y sont affiliés. Faisons le point sur ces informations et l’ensemble de la crypto-criminalité russe.
Les logiciels de rançon affiliés à la Russie
Dans un extrait d’un rapport à paraitre ce mois-ci sur la crypto-criminalité, Chainalysis nous apprend qu’une grande partie des revenus des logiciels de rançon, à savoir près de 73 %, sont affiliés à la Russie de près ou de loin.
Selon leurs critères de recherche, ce pourcentage de revenus se répartit dans les catégories suivantes :
- 26,4 % proviennent de logiciels évitant les pays de la Communauté des États indépendants (CEI), une organisation intergouvernementale d’ex-nations de l’URSS ;
- 9,9 % sont rattachés à Evil Corp, une organisation russe de cybercriminalité ;
- 36,4 % des revenus étant classés comme « autres connexions avec la Russie ».
Répartition des revenus liés aux logiciels de rançon - Source : Chainalysis
Chainalysis se base sur plusieurs éléments afin d’arriver à ces conclusions, par exemple, elle recherchera si les logiciels utilisés partagent des documents en langue russe. Ou alors, si ces mêmes logiciels excluent de leurs attaques les ordinateurs configurés en russe, à l’image du cheval de Troie Mars Stealer qui, bien que fonctionnant différemment, reprend cette fonctionnalité.
L’enquête révèle aussi que le butin de ces attaques s’élève à 400 millions de dollars sur l’année 2021, et sans surprise, les cibles se situent majoritairement en Amérique du Nord. De plus, 13 % de ces fonds extorqués transiteraient directement des adresses de ces logiciels de rançon à la Russie.
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Loin de se limiter aux logiciels de rançon, l’étude de Chainalysis nous montre qu’une grosse partie des revenus issus de la crypto-criminalité en Russie passent par Moscou durant le processus de blanchiment.
Plus spécifiquement, ces fonds passent par des entreprises liées aux cryptomonnaies. Bien que celles-ci ne soient pas directement impliquées dans des activités illicites, les entrées d’argent proviennent pour une part conséquente d’activités criminelles, comme le montre le graphique suivant :
Répartition de l’origine des entrées de cryptomonnaies dans les entreprises moscovites - Source : Chainalysis
Sur la période s’étalant de début 2019 jusqu’au deuxième trimestre 2021, les fonds illicites reçus par les entreprises de cryptomonnaies moscovites pèsent 700 millions de dollars, soient 13 % des transactions. Suivant le trimestre étudié, cela peut monter jusqu’à 48 %. Concernant l’origine de ces capitaux, ils sont générés à près de 89 % par des escroqueries et du commerce sur le darkweb.
L’ironie de l’histoire, dans un écosystème décentralisé, est que près de la moitié des entreprises scrutées par Chainalysis opèreraient depuis la Tour de la Fédération, un complexe de double gratte-ciel au sein du quartier économique, Moskva-City.
Les statistiques unitaires de chaque entreprise du panel étudié sont très disparates. Pour certaines, ces fonds litigieux représentent moins de 10 % de leur volume global, ce qui accorde un bénéfice du doute concernant une implication volontaire ou non. Mais pour d’autres entreprises, ils représentent parfois plus de 30 %, ce qui au contraire laisse à penser que le blanchiment d’argent est effectué sciemment.
Bien évidemment, même si toute cette industrie représente une masse monétaire conséquente, cela reste marginal comparé au volume total de notre écosystème. Il ne s’agit pas de tomber dans le travers qui consiste à dire que la cryptomonnaie alimente la criminalité. La cryptomonnaie reste un outil qui ne peut pas être réduit à ce cas d’usage, au même titre qu’il serait absurde de dire qu’un ordinateur est dangereux, car les hackers s’en servent.
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