Après les photos, les bulletins de salaire : les nouvelles vérifications d’identité affolantes de Bitstamp
La plateforme d’échange Bitstamp avait déjà fortement durci ses mesures KYC il y a quelques semaines. Et elle persiste et signe, puisqu’elle demande maintenant des informations personnelles comme les revenus de ses utilisateurs, ou l’origine de leurs cryptomonnaies. Du jamais-vu, qui montre bien que les gouvernements ne comptent pas laisser les cryptomonnaies exister de leur côté.
Bitstamp durcit encore fortement ses vérifications d’identité
Le premier volet de ces nouvelles vérifications d’identité avait fait couler beaucoup d’encre et suscité la colère des utilisateurs de Bitstamp en milieu de mois. L’entreprise demandait alors aux investisseurs de prendre en photo le wallet ou compte exchange destinataire des fonds retirés de la plateforme. Beaucoup avaient jugé la mesure invasive, et peu utile en termes de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Bitstamp y avait cependant été forcé par une nouvelle réglementation mise en place par le gouvernement des Pays-Bas récemment. C’est pourquoi ces nouvelles mesures ont surpris : elles iraient encore plus loin que ce que requiert la loi, selon certains commentateurs.
C’est à nouveau l’utilisateur Marcus Bitcoin qui a signalé ce changement, avec une copie de l’email envoyé aux utilisateurs néerlandais de Bitstamp. Le document les incite à procéder à des vérifications d’identité :
Today @Bitstamp has gone even further than the law requires. They now want me to:
- show them how much I earn
- show them where I got my #bitcoin from
- proof of fundsSeriously!! WTF!! And I can’t withdraw and leave so must comply.. pic.twitter.com/ze4ixNJJyd
— Plan Marcus ⚡️🧡🍀 (@plan_marcus) January 25, 2021
« Aujourd’hui Bitstamp est allé encore plus loin que ce que la loi requiert. Ils veulent maintenant que je leur montre combien je gagne, où j’ai obtenu du Bitcoin, et une preuve que je détiens les fonds. WTF ! Et je ne peux pas retirer mes fonds sans cela, je suis donc forcé d’accepter. »
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Bulletins de salaire et origine des cryptomonnaies reçues
L’exchange détaille les nouveaux documents qui sont attendus. Les utilisateurs doivent prouver d’où viennent les fonds qu’ils utilisent sur la plateforme, en soumettant un bulletin de salaire, une preuve de vente, ou encore un attestation de crédit contracté auprès d’une banque.
En ce qui concerne les cryptomonnaies, l’exchange est naturellement plus vague, mais Bitstamp demande quand même « un document pertinent et actualisé qui montre l’origine de vos crypto-actifs. » Les utilisateurs sont également invités à mettre à jour leur justificatif de domicile afin que ce dernier date d’il y a moins de trois mois.
La dérive de Bitstamp et des exchanges néerlandais
Dans le document, Bitstamp précise que ces nouvelles vérifications d’identité et de solvabilité sont faites dans le cadre de nouvelles « mesures réglementaires ». Le service client de Bitstamp a par ailleurs répondu à la publication, expliquant que jusqu’au 31 janvier, il est quand même possible de retirer les fonds… À condition de prendre en photo le wallet ou l’adresse de retrait, bien sûr.
Cela dit, il est peu probable que Bitstamp ait de lui-même décidé de muscler ses procédures de vérifications d’identité, en s’aliénant au passage une partie de ses utilisateurs. Il est donc possible que le durcissement de ces règles vienne de la banque centrale du pays. C’était déjà le cas pour les retraits, comme l’expliquait le directeur technique de Bitstamp, David Osojnik, à nos confrères de The Block :
« Les changements que nous avons appliqués à nos processus de retrait pour nos clients situés aux Pays-Bas sont une réponse aux règles stipulées par la Banque des Pays-Bas [la banque centrale], que nous sommes obligés de suivre si nous souhaitons continuer à exercer dans le pays. »
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Des mesures qui arrivent en France ?
Bitstamp, qui a qualifié la situation de « non idéale pour [ses] clients », pourrait au passage perdre quelques utilisateurs. Plusieurs plateformes ont été obligées de durcir leurs procédures d’identification, dont Deribit en octobre dernier et BitMEX le même mois. La crainte est bien sûr que cela conduise à un exode des utilisateurs vers des échanges en pair à pair via des plateformes moins régulées comme LocalCryptos.
Et cela arrive en France : en décembre, le ministre des Finances Bruno Le Maire a annoncé une série de mesures visant à renforcer les vérifications d’identité des exchanges opérant sur le territoire. Cela pourrait-il menacer le monopole des exchanges centralisés ? Cela reste à voir, mais il est certain que l’époque où l’on pouvait acheter des cryptomonnaies simplement et de manière anonyme est maintenant derrière nous.
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