500 €, 3 000 €... L'euro numérique sera (très) limité pour épargner les banques

Les portefeuilles d’euro numérique auront des limites

Le secteur bancaire s’est montré historiquement méfiant face au projet d’euro numérique. La future devise émise par la Banque centrale européenne (BCE) a en effet de quoi les inquiéter, puisqu’elle existerait en dehors du système bancaire, une première en Europe. Face à cela, les banques crient au risque de « bank run » : elles envisagent un futur où les utilisateurs videraient leurs comptes bancaires pour obtenir des euros numériques, déstabilisant ainsi l’économie.

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Dans les faits, les économistes s’accordent plus ou moins pour dire que cela est peu probable. Mais les banques s’allient : avec BNP Paribas à leur tête, elles ont demandé le mois dernier à ce que le portefeuille de l’euro numérique ait une limite haute de 500 €. Face à cette demande, le groupe de travail chargé d’esquisser l’euro numérique a répondu : il a publié hier un rapport qui continue d’envisager une limite haute de 3 000 €.

C’est un acte symbolique de refus face à un secteur bancaire qui s’est organisé ces derniers mois. On rappelle cependant que la phase préparatoire de l’euro numérique devrait s’étendre jusqu’à au moins 2025. Il y aura donc des occasions pour que le positionnement de la Banque centrale européenne change, à la hausse comme à la baisse.

Des limites trop basses pour avoir un intérêt ?

À quoi donc pourra servir un euro numérique qui serait limité à 3 000 €, voire à 500 € ? Le message envoyé est là aussi clair : il ne s’agit pas de proposer une devise numérique dont on pourrait disposer à l’envi, à l’instar des cryptomonnaies. L’euro numérique devra être utilisé pour de petits achats, des transactions du quotidien. Mais il ne permettra pas de faire des achats conséquents… Ni de se constituer une réelle réserve. Ceux qui souhaiteraient donc trouver un moyen de stocker leurs euros en dehors des banques ne pourront a priori pas le faire via le portefeuille de l’euro numérique.

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Cela pose question quant à l’intérêt de l’euro numérique pour le grand public. D’une part, il arrivera (très) tard par rapport aux devises numériques et autres stablecoins. De l’autre, les Européens ont déjà souvent du mal à se défaire de leur goût pour les espèces et le système bancaire. Seront-ils alors attirés par un euro numérique aussi limité ?

C’est la question qui se pose, alors que la future monnaie numérique de banque centrale européenne n’en est qu’à ses balbutiements. Une chose est sûre : les débats qu’elle suscite mettent en perspective notre rapport à l’argent « classique », aux espèces, et aux banques commerciales.

Journaliste chez Cryptoast depuis 2017, je suis passionnée par les enjeux de décentralisation, de vie privée et de régulation. Je me suis spécialisée dans l'économie et la finance traditionnelle en analysant comment les actualités de ce secteur influencent celui des cryptomonnaies, offrant ainsi une perspective unique et éclairée aux lecteurs de Cryptoast.

Marine Debelloir

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