Qu’est-ce que le fee switch en finance décentralisée (DeFi) ?

Qu’est-ce que le fee switch ?

Si vous êtes membre d’une organisation autonome décentralisée (DAO) associée à un protocole de finance décentralisée (DeFi) et que vous détenez de ses tokens, il est probable que vous ayez récemment entendu parler du fee switch.

Le fee switch se présente comme un mécanisme destiné à introduire des récompenses pour les  détenteurs de tokens d’un protocole DeFi. Avec le fee switch, une fraction des revenus générés est « redirigée » vers le protocole lui-même ou ses détenteurs de tokens.

Aujourd’hui, les tokens de protocoles comme Uniswap ou Aave ont un rôle exclusivement axé sur la gouvernance. Ainsi, leurs détenteurs ne dégagent aucun bénéfice financier concret à les détenir, hormis si leur valeur se met à augmenter, ou s'ils fournissent des liquidités dans certains cas.

💡 Qu'est-ce que la gouvernance en crypto ?

En introduisant un fee switch, un protocole DeFi peut non seulement offrir de nouvelles incitations à ses utilisateurs, mais aussi stimuler l’achat de son token et attirer une communauté plus large.

Concrètement, pour qu’un fee switch soit intégré à un protocole, l’organisation autonome décentralisée (DAO) de ce dernier doit voter en faveur du partage d’une partie des revenus du protocole avec les holders de son token. 

Ces revenus proviennent généralement de frais de transactions ou d’autres activités économiques liés au protocole. Si un mécanisme de fee switch est intégré au sein d’un protocole, celui-ci suivra des règles définies au préalable par la DAO, mais il peut également être intégré dès la conception du protocole par ses développeurs initiaux.

Le fee switch pourrait profondément transformer l'industrie DeFi en redistribuant les cartes. En partageant une partie des revenus avec leurs utilisateurs, les protocoles pourraient non seulement renforcer leur attractivité, mais aussi créer un modèle plus équitable, où les bénéfices ne sont plus exclusivement captés par les projets eux-mêmes. Ce changement marquerait une étape clé vers une finance décentralisée réellement participative.

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Comprendre le fee switch avec les exemples de LayerZero et de Aave

Ces derniers mois, de nombreux protocoles DeFi ont souhaité mettre en place un fee switch. C’est notamment le cas d’Ethena, d’Uniswap ou encore d’Aave. En ce qui concerne ce dernier protocole, le 2e plus important de l’écosystème en termes de valeur totale verrouillée (TVL), les statistiques générées ces derniers mois laissaient peu de place au doute quant à la mise en place prochaine d’un fee switch.

Avec des dépôts nets records de 33,4 milliards de dollars en 2024 sur la plateforme de prêt décentralisée, et une trésorerie nette avoisinant les 90 millions de dollars (hors tokens AAVE), le fee switch constitue une opportunité d’amplifier l’attractivité du protocole sans risque.

Une perspective soutenue par Marc Zeller, le fondateur de l’Aave-Chan Initiative, qui a récemment déclaré qu’il serait inconcevable de ne pas activer cette fonctionnalité compte tenu des performances et de la maturité actuelle du protocole.

Sur X, Stani Kulechov, le fondateur d'Aave, s’est aligné sur la position de l’ACI, annonçant que le fee switch était en route.

Fee switch incoming. https://t.co/Rk5oMGg1Ch

— Stani (@StaniKulechov) January 4, 2025

Pour mieux comprendre le mécanisme de fee switch, prenons l’exemple de LayerZero qui l’a suggéré pour la 1re fois à sa DAO à la fin de l’année 2024. Cet exemple peut se transposer sur les protocoles précédemment cités, mais aussi pour les protocoles qui, à l’avenir, envisagent l’intégration d’un fee switch.

🔎 Tout savoir sur LayerZero, le protocole qui prône l’interopérabilité entre les blockchains

Le 20 décembre 2024, la LayerZero Foundation a invité les holders du token ZRO à voter en faveur ou non d’un fee switch.

De cette manière, le protocole souhaitait garantir que « les politiques financières de la plateforme puissent s’aligner sur les intérêts de ses utilisateurs ».

Dans le cas de LayerZero, la proposition de fee switch présentée est la suivante : tous les 6 mois, un vote sera organisé pour permettre aux détenteurs de ZRO d’activer, ajuster ou supprimer les  « protocol fees ». Par exemple, jusqu’à présent, une transaction entre Arbitrum et Optimism coûte 0,01 dollar en frais d’utilisation du réseau de vérification décentralisé (DVN) de LayerZero.

Avec l’introduction des protocol fees, des frais supplémentaires de 0,01 dollar seront facturés, portant les frais pour les utilisateurs à 0,02 dollar. Suite à cela, ces frais supplémentaires en ZRO seront  envoyés à la trésorerie de LayerZero pour être brûlés.

Ce burn de tokens aura pour effet de réduire l’offre de ZRO en circulation. Ainsi, si le fee switch de LayerZero est adopté sous cette forme, cela aurait potentiellement pour effet de soutenir le prix du token ZRO à la hausse, ce qui aurait alors profité à ses holders.

Le vote a duré 7 jours, se clôturant le 27 décembre. Si le « Oui » l’a largement emporté à 96 %, la LayerZero Foundation exigeait un quorum d’au moins 66 millions de tokens pour que le vote soit valide. Or, avec 7,2 millions de votants, soit seulement 11 % du quorum nécessaire, le fee switch n’a pas été adopté.

Un nouveau vote sera organisé à la fin du mois de juin 2025, permettant aux holders de ZRO de « réévaluer et d’adapter régulièrement les protocol fees afin de s’aligner sur les besoins et évolutions du protocole ».

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