Entretien avec Éric Larchevêque : ses conseils pour réussir dans l’entrepreneuriat
Éric Larchevêque est un entrepreneur et investisseur connu dans l’écosystème des cryptomonnaies pour avoir cofondé Coinhouse et Ledger. Nous sommes allés à sa rencontre, afin qu’il nous partage son expérience ainsi que ses conseils pour réussir en entrepreneuriat.
Entretien avec Éric Larchevêque, cofondateur de Coinhouse et Ledger
Éric Larchevêque a rencontré plusieurs succès entrepreneuriaux, et est connu dans l’écosystème des cryptomonnaies pour avoir cofondé la Maison du Bitcoin, qui deviendra plus tard Coinhouse tout en donnant naissance à Ledger. Nous sommes allés à sa rencontre, afin d’en apprendre plus sur son parcours.
Peux-tu nous dire quelques mots pour te présenter ?
« J’ai passé mon diplôme d’ingénieur en microélectronique en 1996. À ce moment-là, Internet commençait à arriver doucement dans les foyers et j’y ai vu une opportunité de travailler dans ce domaine. Je m’étais dit à l’époque que je ne voulais pas travailler dans de grosses entreprises et que mon diplôme ne pouvait m’amener qu’à cela et ce n’était pas pour moi. »
À partir de ce constat, notre invité a alors créé une première entreprise avec un ami d’école la même année, puis une deuxième « qui a beaucoup mieux marché ». Plus tard, il s’essaye à l’entrepreneuriat à l’étranger, à l’immobilier, et même au poker durant une pause de deux ans.
« J’ai fait des championnats d’Europe, championnats du Monde, et cela m’était assez utile. J’ai beaucoup appris sur moi-même, sur la gestion des émotions et du stress. Je suis rentré en France en 2010 et j’ai créé un comparateur de prix que j’ai revendu. C’est juste après que j’ai découvert le Bitcoin et que cela m’a amené à la création de la Maison du Bitcoin (aujourd’hui Coinhouse, ndlr), qui a elle-même amené à la création de Ledger que j’ai dirigée pendant 5 ans. »
En 2019, Éric Larchevêque passera la direction de Ledger à Pascal Gauthier afin de se concentrer sur l’investissement ainsi que le coaching d’entrepreneurs, et commence une carrière médiatique grâce à l’émission « Qui veut être mon associé ? » sur M6.
Le business plan ? « On verra bien »
À plusieurs reprises, tu as dit que lorsque tu as cofondé la Maison du Bitcoin avec Thomas France, le business plan était « on verra bien », peux-tu nous en dire plus ?
« Nous sommes en 2013 quand je commence à comprendre le Bitcoin et les enjeux et cela me frappe, car j’y vois une double révolution. La première est technologique en permettant d’échanger de la valeur sur Internet sans tiers de confiance. La deuxième révolution pour moi est monétaire, car nous sommes capables de créer une nouvelle forme de monnaie dont la banque centrale est basée sur un algorithme. »
En effet, c’était la première fois que l’être humain parvenait à réussir cela, et pour notre invité, cela aurait « un impact civilisationnel » :
« J’avais vu comment Internet avait impacté la notion d’informations et je me suis dit que Bitcoin allait impacter l’industrie financière du futur. Clairement, je me suis dit que je devais consacrer les prochaines années de ma vie au Bitcoin, j’étais assez certain que ça allait devenir quelque chose de très important, par contre je ne savais pas exactement quoi faire. »
L’idée a donc été de créer un lieu qui pourrait « générer des opportunités », avec la croyance d’être au bon endroit au bon moment, afin de réunir un maximum de personnes qui comptaient dans cet écosystème naissant.
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Au regard de ce que sont Coinhouse et Ledger aujourd’hui, l’histoire a montré que cette approche a payé.
Souvent, les personnes qui souhaitent entreprendre ont tendance à attendre que « tous les feux soient au vert ». As-tu des anecdotes pour lesquelles, à l’inverse de la Maison du Bitcoin, il aurait mieux valu pour toi être mieux préparé ?
« Je pense que dans l’entrepreneuriat, il ne faut pas raisonner comme ça. Si l’on attend que les feux soient au vert, on ne va jamais se lancer, réfléchir c’est renoncer. Je pense que faire des business plans pour essayer de répondre à toutes les questions n’est pas très utile parce que dès que l’on va se confronter au marché, rien ne va se passer comme prévu. Donc il vaut mieux se lancer et se prendre des gamelles, plutôt que d’être bien préparé et se prendre les mêmes gamelles, mais en ayant perdu 6 mois et beaucoup d’argent. »
Ainsi, Éric Larchevêque n’a pas d’anecdotes le concernant, mais alerte néanmoins sur le risque « de se lancer trop tôt » :
« Le seul risque que l’on prenait avec la Maison du Bitcoin était d’arriver trop tôt sur le marché, que cela mette deux ou trois ans avant qu’il se passe quelque chose, par manque de monde, de maturité et d’opportunité, pour se retrouver sans liquidités à la fin. C’est un vrai danger, mais tu ne peux pas le savoir à l’avance, donc tu es bien obligé de prendre des risques. »
Ainsi, notre invité estime qu’être sur le marché est le meilleur moyen d’avoir des retours concrets pour s’adapter en temps réel.
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De par ses différentes expériences, Éric Larchevêque a toujours privilégié l’entrepreneuriat en équipe :
Quels sont les avantages et inconvénients entre l’entrepreneuriat solo et à plusieurs ?
« Entreprendre est vraiment difficile, et y aller seul est encore pire parce que l’on fait face à la solitude de l’entrepreneur. Pour créer réellement une start-up assez grosse, nous avons besoin d’expertises différentes, que ce soit au niveau du produit, du commercial, de la technique, et c’est rare d’avoir quelqu’un capable de tout faire. Même en créant Prixing, le comparateur de prix, j’ai commencé tout seul pendant plusieurs mois pour valider le prototype auprès du marché, mais la première chose que j’ai faite ensuite était de trouver un associé. »
L’entrepreneuriat étant un ascenseur émotionnel constant, c’est pour cela que notre invité recommande de bien s’entourer :
« Maintenant il y a quand même des cas où l’on peut être solopreneur et des fois il y a des modèles où il n’y a pas de sens de s’associer. Par contre, comme nous devons faire face à la solitude du dirigeant, c’est important de s’entourer, comme en étant dans des communautés d’entrepreneurs. Je connais des entrepreneurs qui ont entreprit seuls, ils souffrent beaucoup et ce n’est pas une vie. »
Alors justement, comment trouve-t-on des associés, et comment gère-t-on les conflits, que ce soit du simple désaccord jusqu’au cas où il faille se séparer d’une personne ?
« Pour la première question, la réponse n’est pas évidente. C’est la même question que “comment trouver un ou une partenaire dans la vie ?”. Il faut créer des opportunités, créer des rencontres et se mettre en situation de pouvoir rencontrer des gens. Il faut aussi trouver quelqu’un de complémentaire, par exemple “si je suis un tech, je vais plutôt chercher quelqu’un qui va être commercial” et cela dépend du contexte. »
En outre, il convient de se projeter pour s’imaginer travailler plusieurs années avec une personne. Pour cela, Éric Larchevêque nous partage « un test », qui permet de se forger une idée intéressante :
« Une des manières pour répondre à cette problématique est de se forcer à passer du temps seul avec cette personne. Par exemple, prendre un train pour une destination où l’on est obligé de passer plusieurs heures l’un à côté de l’autre. À un moment, nous n’avons plus rien à nous dire, et si l’on arrive à avoir des silences sans être gêné ou sans se sentir obligé de rompre ce silence, car l’on se sent mal à l’aise, c’est un bon indicateur. »
Ainsi, notre invité appelle « au bon sens », et enjoint les entrepreneurs à « poser un maximum d’éléments sur la table sans se cacher derrière de la fausse pudeur » :
« Si nous avons une bonne association et que parfois il y a de petits conflits, il faut les résoudre de manière directe avec des compromis, car si l’on se retrouve à deux ou à trois devant un mur, et bien là, nous pouvons dire que c’est la fin de la boîte. C’est très difficile de sortir un associé, surtout au début d’une entreprise où l’on doit être à 100 % sur l’opérationnel. »
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Tu nous as partagé beaucoup de conseils sur la manière de s’entourer. Maintenant, quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui démarre de zéro ?
« Souvent avant de se lancer, les gens se posent trop de questions, ils veulent tout comprendre, tout savoir et avoir un plan. Mon conseil serait de ne pas avoir de plan, et qu’à partir du moment où l’on sait ce que l’on veut faire, par exemple avec un projet qui nous reste dans la tête, il faut le faire. Il faut se lancer même avec une version extrêmement réduite et dégradée du projet, il faut aller sur le marché et se créer des preuves pour savoir si l’on est capable de le faire et si cela fonctionne. Ça ne sert à rien de retourner son idée à l’infini, parce que l’on trouvera toujours des excuses pour ne pas se lancer, et c’est pour cela que beaucoup n’osent pas se lancer. »
Pour notre invité, la peur de l’échec viendrait donc d’une tendance à trop réfléchir, et il incite alors à plutôt passer à l’action. Par ailleurs, il tient également à nous interpeller sur la notion d’idée et la peur de se faire copier. Selon lui, une idée n’a pas de valeur en tant que telle, et il encourage les entrepreneurs à la partager autour d’eux afin d’avoir des retours pour l’améliorer.
À quel moment doit-on être capable de se dire que l’on fait fausse route et qu’il vaut mieux arrêter ?
« Il ne faut pas confondre résilience et obstination. Un entrepreneur doit être capable de faire face à tous les obstacles et avancer contre l’adversité, et en même temps, il ne faut pas être obstiné. Concrètement, cela veut dire qu’il faut écouter, être capable de regarder les signaux faibles et de les comprendre. »
Pour cela, Éric Larchevêque reprend cette célèbre parabole du mineur, qui s’arrête de creuser à un mètre du filon d’or alors qu’il suffisait de continuer un peu. Ainsi, il alerte sur les dangers de cette comparaison :
« Dans la vraie vie, si tu es à quelques centimètres ou un mètre du filon d’or, tu es capable de le mesurer, tu vas avoir des indices qui te montrent que tu as une veine aurifère pas loin. Donc il ne faut pas faire preuve d’une obstination ultime et être à l’écoute du marché et de son instinct. »
À son niveau, notre invité nous partage son expérience avec Prixing, lancé en 2010 et revendu en 2013. Même si l’entreprise fonctionnait, il « ne la voyait pas devenir une licorne ». Cette vente lui a alors permis de repartir vers de nouveaux horizons, qui l’ont mené à la création de la Maison du Bitcoin.
La suite de l’aventure Web3
Après Coinhouse et Ledger, nous avons demandé à Éric Larchevêque s’il comptait de nouveau entreprendre dans l’écosystème des cryptomonnaies.
Quelles sont tes autres initiatives dans l’univers Web3 ? Je pense notamment à Blast, peux-tu nous en dire plus ?
« Il y a effectivement Blast, qui est le fonds d’investissement d’Anthony Bourbon qui a maintenant une branche Web3 depuis mon arrivée. L’objectif est de financer des dossiers avec plutôt des applications d’usages que des protocoles parce que les gens doivent être capables de comprendre les choses et parfois, tu as des projets Web3 qui sont extrêmement techniques comme en finance décentralisée. Cela peut être trop compliqué à présenter et ne marcherait pas, mais par contre des applications Web3 orientées grand public ou BtoB sont plutôt ce que l’on va regarder pour Blast. »
De plus, notre invité revient sur l’école de développeurs ALGOSUP, qu’il a cofondée, pour laquelle la blockchain et le Web3 « ont une existence », sans que cela en soit le cœur principal. C’est aussi le cas de B³ Village by CA, un incubateur de startups basé à Vierzon, développé en collaboration avec le Crédit Agricole Centre Loire au sein duquel des projets Web3 se font accompagner.
« C’est plutôt via une approche investissement et coaching. Je n’ai pas de nouvelles startups dans le Web3, car je ne veux pas créer quelque chose d’opérationnel, mais évidemment que je reste proche de ce domaine parce que c’est quelque chose qui continue de m’intéresser. »
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Les investissements dans les crypto-monnaies sont risqués. Il n’existe pas de rendement élevé garanti, un produit présentant un potentiel de rendement élevé implique un risque élevé. Cette prise de risque doit être en adéquation avec votre projet, votre horizon de placement et votre capacité à perdre une partie de cette épargne. N’investissez pas si vous n’êtes pas prêt à perdre tout ou partie de votre capital