Que sont les Bitcoin Ordinals et en quoi se distinguent-ils des NFT ?
Apparues le 14 décembre 2022, les inscriptions sur Ordinals ont provoqué un véritable raz-de-marée dans l’écosystème du Web3. Ces NFT d’un nouveau genre imaginés par le développeur Casey Rodarmor sont inscrits directement dans la blockchain Bitcoin. Certains accueillent cette révolution à bras ouverts, tandis que d'autres considèrent qu'elle va à l’encontre de la raison d'être de Bitcoin. Dans cet article, nous vous expliquons tout ce qu’il faut savoir sur les Bitcoin Ordinals.

Bitcoin Ordinals : c'est quoi ?
Pour faire simple, le protocole Ordinals permet d’inscrire de manière permanente et immuable des données sur la blockchain Bitcoin. Cela fonctionne un peu comme sur un cloud, mais tout y est décentralisé et transparent.
Derrière cette invention, on trouve Casey Rodarmor, un ancien développeur de Bitcoin Core. C’est sur Twitter qu’il a annoncé la finalisation du protocole Ordinals le 20 janvier 2023, un peu plus d’un mois après avoir réalisé la première inscription sur le réseau principal de Bitcoin.
Inscriptions are finally ready for Bitcoin mainnet.
Inscriptions are like NFTs, but are true digital artifacts: decentralized, immutable, always on-chain, and native to Bitcoin. ?https://t.co/a4dK7zdITS
— Casey Rodarmor (@rodarmor) January 20, 2023
C’est bien beau tout ça, mais comment ça marche ? Comme vous le savez probablement, chaque Bitcoin est divisible en 100 millions d’unités appelées satoshis (ou sats). Ce sont ces satoshis qui sont utilisés comme supports pour les inscriptions sur Ordinals.
Comme pour les NFT (tokens non fongibles), les inscriptions sur Ordinals permettent de stocker des images, du texte, des clips audio, mais aussi des security tokens, des stablecoins, des smart contracts, etc. Pour la blague, un utilisateur nommé Nicholas Carlini est allé jusqu’à mettre en ligne sur la blockchain Bitcoin un énième clone du jeu vidéo Doom, qui a déjà connu tous les supports possibles et imaginables.
Il convient de noter que cette innovation a été rendue possible suite à deux mises à jour de la blockchain Bitcoin : SegWit en 2017 et Taproot en 2021. En effet, elles ont permis de quadrupler la taille des blocs pour atteindre 4 mégaoctets, et ainsi leur permettre d’héberger les données inscrites sur Ordinals.
? À lire avant d'acheter vos premiers bitcoins : Comment acheter du Bitcoin en 2023 ? Faites-vous guider étape par étape
Cryptoast Research : ayez un temps d'avance sur le marchéLes inscriptions sont des artéfacts numériques, pas des NFT
Les inscriptions sur Ordinals sont généralement désignées comme des NFT inscrits sur la blockchain Bitcoin. Mais en réalité, ils diffèrent largement des tokens non fongibles émis sur d'autres protocoles comme Ethereum ou Solana.
Quand il explique sa création dans son Manuel de la Théorie Ordinale (Ordinal Theory Handbook en version originale), Casey Rodarmor insiste sur la distinction entre ce qu’il appelle des artéfacts numériques (« digital artefacts ») et des NFT classiques.
Nous avons compilé pour vous les principales différences mises en avant par Casey Rodarmor entre artéfacts numériques et NFT. Elles permettent de bien cerner les caractéristiques des inscriptions sur Ordinals :
- Il insiste sur le fait que les artefacts numériques sont complets. Contrairement aux NFTs qui renvoient quasi systématiquement vers du contenu hébergé sur IPFS ou Arweave, les inscriptions sur Ordinals sont directement conservées dans les blocs de la blockchain Bitcoin.
- Il souligne que les NFT ne peuvent être vendus gratuitement (sans payer de frais ou de royalties) et peuvent faire l’objet de mises à jour, contrairement aux Bitcoin Ordinals qui sont permissionless et immuables.
En conclusion de sa présentation, Casey Rodarmor regrette que les NFT ne soient pas de vrais artéfacts numériques, contrairement aux inscriptions sur Ordinals :
« La définition d'un artéfact numérique vise à refléter ce que les NFT devraient être, sont parfois, et ce que les inscriptions sont toujours, de par leur nature même. »
? Pour mieux cerner l'intérêt des tokens non fongibles et leur potentiel : NFT : nos explications pour tout comprendre en quelques minutes
Acheter des NFT sur Binance
Découvrez la place de marché NFT de Binance ?

Une révolution qui divise la communauté Bitcoin
Comme à chaque innovation ou presque, la communauté Bitcoin est divisée par rapport aux inscriptions sur Ordinals. Parmi les critiques les plus virulentes, on trouve ceux qui considèrent ces artéfacts numériques comme une attaque contre le réseau Bitcoin, à l’image du développeur historique de Bitcoin Luke Dashjr qui dénonce la méthode employée par Casey Rodarmor.
We can have NFTs and collectables on Bitcoin without spamming/attacking the network.
Taproot actually makes this even easier; the "tapscript" could be a new kind that refers to a torrent magnet instead of a script, and the spend on-chain doesn't need to add any data.
— Luke Dashjr (@LukeDashjr) February 3, 2023
De manière plus générale, de nombreux utilisateurs estiment que Bitcoin n’a pas été créé pour héberger des artéfacts numériques.
Fidèles à la bonne parole de son géniteur Satoshi Nakamoto, qui avait déclaré en 2010 que Bitcoin ne pouvait être utilisé autrement qu’à des fins financières, ils estiment que Bitcoin ne peut avoir d’autre rôle que celui d’une cryptomonnaie.
Un autre problème est pointé du doigt : les inscriptions sur Ordinals remettent en question la fongibilité des satoshis, qui peuvent être perçus comme plus ou moins précieux selon les données qu’ils contiennent.
D’autres sceptiques avancent des arguments plus convaincants concernant le fonctionnement de la blockchain Bitcoin. Ils pointent le fait que les inscriptions sur Ordinals pourraient encombrer les blocs au détriment des transactions traditionnelles. Ils craignent également l’augmentation des frais de Bitcoin causée inéluctablement par cette innovation.
Selon un rapport émis par Glassnode, cette hausse a déjà été observée depuis le lancement d'Ordinals fin janvier, mais elle reste contenue pour le moment. Enfin, certains s’inquiètent du fait que cette innovation pourrait ouvrir la porte à des attaques de logiciels malveillants sur la blockchain Bitcoin.
Si quelques voix s’offusquent de l’arrivée des inscriptions sur Ordinals, d’autres accueillent ces artéfacts numériques à bras ouverts. C’est notamment le cas du Bitcoin maximaliste Dan Held, qui a montré son soutien au protocole Ordinals en déterrant un e-mail de la légende Hal Finney allant à l’encontre de l’opinion de Satoshi Nakamoto.
Il y a plus de 30 ans, ce pionnier de Bitcoin évoquait déjà la possibilité de vendre et d’acheter des cartes cryptographiques à collectionner, ce qui suggère qu’il aurait probablement été partisan de la création de Casey Rodarmor.
Hal Finney would like Bitcoin NFTs. pic.twitter.com/z4cO468pcA
— Dan Held (@danheld) February 6, 2023
Parmi les autres points positifs avancés par des membres de la communauté Bitcoin, nombreux sont ceux qui se félicitent de l’augmentation des frais causée par les inscriptions sur Ordinals.
La raison est simple : les mineurs qui sécurisent la blockchain sont mieux rémunérés, et sont donc plus incités à œuvrer au bon fonctionnement de Bitcoin. C’est un argument de poids quand on garde à l'esprit que les halvings divisent leurs récompenses par 2 tous les 4 ans.
? Découvrez notre guide ultra-complet sur Bitcoin
Commander notre Livre pour tout comprendre aux cryptos
Publié aux Éditions Larousse

Les collections les plus notables à ce jour sur Ordinals
La création de Casey Rodarmor a connu un certain succès. Au moment de la rédaction de cet article (février 2023), on comptait près de 175 000 inscriptions sur Ordinals. C’est la preuve que ce nouvel outil a trouvé son public malgré les critiques.
Certaines collections d’artéfacts numériques se sont déjà fait remarquer depuis le lancement du protocole Ordinals. Si certaines s’inspirent largement des NFT que l’on peut trouver sur Ethereum, d’autres sont des créations originales. Nous avons compilé pour vous les projets les plus notables à ce jour :
- Ordinal Punks : cet hommage aux incontournables CryptoPunks regroupe 100 inscriptions figurant parmi les 650 premières du protocole Ordinals. L’un de ces Ordinal Punks a été vendu contre 9,5 BTC le 8 février 2023, soit l'équivalent de plus de 220 000 dollars lors de la vente.
- Taproot Wizards : ces dessins créés par le développeur indépendant Udi Wertheimer ont fait parler d’eux lorsque la première inscription de la collection a conduit à générer le plus gros bloc et la plus importante transaction de l’histoire de Bitcoin.
- Bitcoin Rocks : inspirée de l’une des toutes premières collections de NFT sur Ethereum, les EtherRocks, ce projet compte 100 artéfacts numériques.
- Ordinal Loops : démarrant à l’inscription 452, les Ordinal Loops font partie des collections pionnières sur le protocole Ordinals. Elles utilisent le format texte pour créer des œuvres d’art rendant hommage à Bitcoin et à l’émergence d’un nouveau système monétaire plus inclusif.
Très techniques au départ, et réservées aux opérateurs de nœuds Bitcoin, les inscriptions sur Ordinals se démocratisent à vitesse grand V.
Elles sont désormais accessibles à tous, et on voit fleurir de nouvelles collections d'artéfacts numériques sur Bitcoin chaque jour. Et visiblement, ce nouveau phénomène ne compte pas s’arrêter là… Le 19 février dernier, le développeur Anthony Guerrera a transposé le protocole Ordinals à la blockchain Litecoin, qu’il considère comme mieux adaptée à ces artefacts numériques (moindres frais, blocs plus volumineux et possibilité de profiter de transactions anonymes).
Les Ordinals ont la cote en ce début d’année 2023, mais on ne sait pas encore s’ils réussiront à s’imposer dans la durée, et à connaître le même succès que les NFT déployés sur d’autres blockchains. Une chose est sûre, ils ne laissent personne indifférent dans l’écosystème de Bitcoin et du Web3.
? Pour approfondir le sujet des Bitcoin Ordinals et ses implications pour la reine des cryptomonnaies, visionnez notre interview de Fanis Michalakis, développeur pour LN Markets
Sources : NFT Now, Glassnode, Les Échos
Recevez un récapitulatif de l'actualité crypto chaque lundi par mail 👌
Ce qu’il faut savoir sur les liens d’affiliation. Cette page peut présenter des actifs, des produits ou des services relatifs aux investissements. Certains liens présents dans cet article peuvent être affiliés. Cela signifie que si vous achetez un produit ou que vous vous inscrivez sur un site depuis cet article, notre partenaire nous reverse une commission. Cela nous permet de continuer à vous proposer des contenus originaux et utiles. Il n'y a aucune incidence vous concernant et vous pouvez même obtenir un bonus en utilisant nos liens.
Les investissements dans les crypto-monnaies sont risqués. Cryptoast n'est pas responsable de la qualité des produits ou services présentés sur cette page et ne pourrait être tenu responsable, directement ou indirectement, par tout dommage ou perte causé suite à l'utilisation d'un bien ou service mis en avant dans cet article. Les investissements liés aux crypto-actifs sont risqués par nature, les lecteurs doivent faire leurs propres recherches avant d'entreprendre toute action et n’investir que dans les limites de leurs capacités financières. Cet article ne constitue pas un conseil en investissement.
Recommandations de l'AMF. Il n’existe pas de rendement élevé garanti, un produit présentant un potentiel de rendement élevé implique un risque élevé. Cette prise de risque doit être en adéquation avec votre projet, votre horizon de placement et votre capacité à perdre une partie de cette épargne. N’investissez pas si vous n’êtes pas prêt à perdre tout ou partie de votre capital.
Pour aller plus loin, lisez nos pages Situation Financière, Transparence du Média et Mentions Légales.