L’avenir de la blockchain est-il dans l'espace ?

Et si l'on vous disait que le Bitcoin est la première monnaie utilisable depuis l’espace ? Science-fiction ou réalité ? La guerre des protocoles informatiques a toujours fait rage, mais cette fois-ci le champ de bataille s’étend à l’espace. Dans cet article vous comprendrez quels sont les enjeux de la diffusion d’Internet dans l'espace et pourquoi la blockchain ne doit surtout pas rater le coche (ou plutôt la fusée) si elle veut tenir ses multiples promesses de décentralisation et de démocratisation de l’accès au capital.

L’avenir de la blockchain est-il dans l'espace ?
  1. Internet depuis l’espace, quel intérêt ?
  2. Peut-on diffuser Internet depuis l’espace ?
  3. Quel impact social pour les humains ?
  4. La tête dans les étoiles, mais les pieds sur terre
  5. La blockchain dans l’espace, pour quoi faire ?
  6. À qui cela va-t-il profiter ?

 

En 2017, pour la première fois dans l’Histoire, le protocole Bitcoin (BTC) est arrivé dans l’espace grâce à l’entreprise Blockstream. Deux ans plus tard, elle intégrait également le Lightning Network, protocole permettant de faire des paiements instantanés de l’ordre de quelques millisecondes en BTC. Renforçant ainsi le statut du bitcoin comme monnaie universelle et non censurable.

Mais avant de parler de l’impact de la blockchain dans l’espace, il faut déjà comprendre les enjeux de l’accès à Internet depuis l’espace.

 

Internet depuis l’espace, quel intérêt ?

Une infrastructure non censurable pour les terriens

Aujourd'hui, Internet est devenu un réseau incontournable utilisé par des millions de personnes sur la planète. Mais la place d’Internet et des réseaux sociaux inquiète les gouvernements. Ces derniers peuvent bloquer Internet pour faire taire la presse ou certaines organisations citoyennes qui tenteraient, par le biais du numérique, de défendre leurs droits ou de lutter contre des injustices.

 

Mais qui contrôle Internet ?

En 2020, les principaux acteurs terrestres d’Internet sont :

  • Les FAI (fournisseurs d’accès Internet) que chacun connaît en tant qu’abonné.e ;
  • Les sociétés privées (opérateurs de télécommunication traditionnels) qui déploient et maintiennent l’infrastructure (comme les câbles sous-marins et les antennes) ;
  • Les gouvernements, qui peuvent à tout moment faire pression sur les FAI pour couper Internet, comme ça a été le cas en Égypte par exemple. Mais aussi demander aux opérateurs de télécommunication d’accéder à nos données téléphoniques ;
  • Moins connus du grand public, il y a deux organismes principaux qui gouvernent Internet : l’ICANN (forte présence américaine) et le W3C. L’ICANN a le pouvoir fondamental de bloquer des noms de domaines. Cela a été le cas avec le « .iq » irakien et pour les noms de domaine afghans ;
  • Et enfin les GAFA, bien connus du grand public, qui proposent les applications et services (réseaux sociaux, moteurs de recherche et référencement) dont dépendent des milliards de personnes dans le monde.

Comme vous l’aurez compris, tous les acteurs ci-dessus peuvent à tout moment « fermer le robinet » d’une manière ou d’une autre.Si vous ne ressentez aucune peur vis-à-vis de ça, c’est que vous avez la chance de vivre dans un pays avec plus de libertés.

Parmi les 10 pays listés comme « ennemis d’Internet » par Reporters sans frontières se trouvent la Chine, la Birmanie et l’Iran qui espionnent les internautes. Et parmi les 10 pays listés comme « sous surveillance » on peut voir la Russie, le Vénézuéla et même la France.

Au Togo, Internet a été coupé pour des millions de citoyens à deux reprises en septembre 2017 (pendant environ 10 jours). L’objectif était de perturber l’organisation des manifestations citoyennes. Une décision historique a été rendue à ce sujet par la cour de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre l’état du Togo le 25 juin 2020, reconnaissant qu’il s’agit bien d’une violation de la liberté d’expression.

La Russie avait également été condamnée sur un motif similaire par la Cour européenne.

Nous allons vers un monde où les citoyens reprennent le contrôle sur l’information en dépendant de moins en moins des médias traditionnels, et ce, grâce à Internet.

Mais si la gouvernance d’Internet n’est pas décentralisée, alors le problème ne fait que se déplacer. Si Internet est censurable, alors ce sont nos libertés qui sont en danger. C’est pourquoi il n’est pas étonnant que le Bitcoin, technologie de l’émancipation financière par excellence, se retrouve dans l’espace.

C’est également pour cela que mettre à disposition une blockchain publique dans l’espace, dont les applications seraient accessibles partout dans le monde et dont la gouvernance serait réellement décentralisée, n’est pas une idée fantaisiste, mais sans doute l’avenir de la blockchain.

 

Peut-on diffuser Internet depuis l’espace ?

Oui c’est déjà possible. L’accès à Internet par satellite n’est pas une nouveauté. En revanche, cette technologie n’est pas très démocratisée, car le très haut débit n’existe pas !

Pour simplifier, on considère deux principales catégories de satellites : les satellites géostationnaires et les satellites à orbite basse.

 

Les satellites géostationnaires

La première catégorie, les satellites géostationnaires, ont une position fixe dans le ciel et fournissent un débit peu élevé avec un long délai de transmission. Ces gros satellites sont situés à 36 000 km de la Terre et leur signal puissant peut être capté sur de vastes zones. Pour couvrir le monde entier, il en faudrait au minimum trois. En revanche, pas la peine pour le commun des mortels d’espérer faire du streaming, du téléchargement de films en HD ou de synchroniser un nœud Bitcoin (plus de 65 gigabits) avec ce type de satellite.

Fonctionnement Internet par satellites

Exemple de fonctionnement d’un fournisseur d’Internet classique par satellite géostationnaire.  La latence (délai de transmission) de cette installation ne permet pas de faire des jeux en ligne, trop gourmands en bande passante.

 

Les satellites à orbite basse

Puis on a une seconde catégorie, les satellites à orbite basse, qui à l’inverse peuvent atteindre du très haut débit. Ces satellites sont plus petits et moins chers à fabriquer, leur signal est moins puissant, mais cela ne pose pas de problème, car ils sont plus proches de la Terre, qu’ils survolent à environ 550 km d’altitude.

C’est cette seconde catégorie qui stimule la course à la diffusion de l’Internet depuis l’espace qui se joue actuellement, comme nous allons le voir avec SpaceX.

Lancement fusée SpaceX

SpaceX - Source : Flickr

 

SpaceX souhaite devenir le plus grand opérateur satellitaire privé

La société SpaceX, présidée depuis maintenant 18 ans par Gwynne Shotwell, a créé la constellation Starlink. Avec ce projet, SpaceX compte fournir un Internet haut débit aux zones les plus isolées du globe. Pour y parvenir, SpaceX a déjà effectué de nombreux lancements et a demandé des licences pour pouvoir déployer à terme jusqu’à 42 000 satellites afin de contenter ses futurs « abonnés ». Ceci n’est donc que le début.

Outre la problématique de la censure d’Internet se pose la question de son accès.
Une nouvelle offre d’Internet satellitaire est en train de se créer et elle vise un marché conséquent, car 50% de la population mondiale n’a pas accès à Internet.

« 50% de la population mondiale n’a pas accès à Internet, » analyse annuelle de Mary Meeker, Le Figaro

L’Internet satellitaire n’a pas été conçu initialement pour un marché de masse. Il a été conçu par les gouvernements et les entreprises pour répondre à leurs besoins. Typiquement pour établir des liaisons dans certaines zones reculées pour des raisons militaires ou business.

Or avec les nouveaux satellites Starlink, on pourrait atteindre des vitesses de transmission jusqu’à 10 Gigas par seconde, soit plus que la fibre optique. C’est donc bien une nouvelle ère qui pourrait démarrer.

La course aux abonnés ! Outre SpaceX avec Starlink, on peut également citer Amazon avec Kuiper - qui compte d’ailleurs une centaine d’offres d’embauche sur son site  - et OneWeb qui à l’inverse connaît de grandes difficultés financières.

 

Une résonance particulière dans l’ère post-covid

Les utilisateurs initialement ciblés par ce type d’offre sont bien entendu les personnes vivant dans des zones rurales, désertiques ou dans des océans. Mais la crise du Covid va sans doute accélérer encore plus cette tendance des humains à se déplacer vers des zones moins saturées.

On aura donc très certainement de nombreuses personnes en quête d’une vie plus tranquille et qui pourrait volontairement quitter les villes tout en souhaitant avoir une excellente connexion Internet pour télétravailler, participer à des conférences, faire de la réalité virtuelle, trader de la cryptomonnaie, gérer leur business en ligne, etc. L’Internet par satellite deviendra alors peut-être une évidence.

 

Quel impact social pour les humains ?

Sans Internet, pas de cryptomonnaies

Certaines zones de la planète n’ont pas accès à Internet (ou à une partie du web) et cela signifie un manque d'accès à l’information, aux réseaux sociaux, aux formations en ligne, à la recherche d’emploi, etc.

Désormais avec l’arrivée des applications blockchain cela signifie également un manque d'accès à la cryptomonnaie, à la finance décentralisée (micro-prêt, micro-assurance, micro-investissement, placement avec intérêts) et donc encore une fois, au capital.

Accessibilité Internet aux populations

Pour certaines personnes, une majorité espérons-le, l’objectif de la finance décentralisée est de favoriser l’inclusion et l’accès à certains services aux personnes habituellement exclues du système comme on l’a vu avec le mouvement « banking the unbanked ».

Or, ces nouveaux systèmes financiers sont créés principalement par des personnes qui vivent dans des pays où l’accès à l’électricité et à Internet est acquis. Ainsi, dans la conception de certaines solutions, ils oublient que certains utilisateurs rencontreront leur premier obstacle non pas à « comment sécuriser ma clé privée », mais plutôt à »comment accéder au site Internet ou télécharger l’application mobile ». Surtout si leurs appareils de navigation ne sont pas adaptés ou si leur gouvernement a la possibilité de censurer l’accès à certains sites.

Un système satellite est donc un excellent premier moyen de démocratiser l’accès à l’information pour tous les citoyens du monde, que l’on vive en France, mais surtout en Chine, en Corée du Nord, au Vietnam, à Cuba, en Syrie ou en Tunisie.

Si le secteur de la finance doit connaître une révolution, cela paraît primordial qu’un maximum de personnes sur la planète y ait accès. Dans le cas contraire, la technologie blockchain risquerait finalement d’aggraver les inégalités déjà bien profondes dans le monde.

Agriculteur Bitcoin

 

Un modèle économique et politique pas évident à trouver

Cette vision n’est pas simple à concrétiser, car les business modèles sont encore incertains et l’investissement de départ est très lourd. Il y a aussi de nombreuses considérations géopolitiques comme on le voit avec l’exemple de OneWeb, accusé d’espionnage.

OneWeb a déposé le bilan il y a très peu de temps au tribunal des faillites aux USA en pointant le Covid comme raison. Un coup dur pour Arianespace et Airbus qui étaient très impliqués dans le programme. OneWeb avait déjà déployé plus de 70 satellites. Mais cette entreprise a connu un parcours semé d’embûches depuis 2014. Contrairement à SpaceX avec la Falcon 9, Oneweb ne dispose pas de ses propres fusées.

Oneweb a donc utilisé les fusées Soyouz ce qui lui a valu de nombreuses complications avec les responsables russes. Ces derniers craignaient l’impact politique qu’aurait la mise à disposition d’un Internet haut débit auprès des populations habituellement écartées des réseaux. Le gouvernement avait finalement décidé d’adopter le modèle chinois et pris part au capital à hauteur de 51% de l’entreprise pour avoir le contrôle sur cet Internet venu de l’espace. Cela n’avait pas empêché les services secrets russes d’accuser OneWeb d’espionnage.

 

La tête dans les étoiles, mais les pieds sur terre

L’Internet depuis l’espace c’est donc avant tout des enjeux financiers importants, des problématiques de gouvernance et des jeux de géopolitiques. Autrement dit, un terrain propice à la blockchain.

Les monopoles sont en train de se créer à vitesse grand V et il y a beaucoup d’acteurs dans la course.

  1. Un paradoxe entre modernisation et maintien du pouvoir.
    Il est connu que pour maintenir le pouvoir sur une population, il faut pouvoir contrôler son accès à l’information (cf. le cas de la Chine et de la Russie). Pour autant, les gouvernements ne peuvent pas réellement restreindre l’accès à Internet.  Par exemple sur toute la zone européenne de la Russie, les résidents pourront sans problème capter le signal des satellites déployés par les pays voisins.
  2. Une opportunité de réinventer la gouvernance de l’espace.
    La philosophie blockchain peut être intéressante si elle nous permet de décentraliser la gestion et l’exploitation des ressources spatiales. Permettant ainsi de passer outre les organismes gouvernementaux obnubilés par l’espionnage et donc réticents à la collaboration entre acteurs. Pourtant nécessaire pour un projet si ambitieux et nécessaire pour l’humanité.
  3. La lutte des états contre les corporations.
    Le comportement des gouvernements, par leur inertie et indécision, laisse la porte ouverte aux entreprises privées dont les intérêts ne sont ni la liberté ni la souveraineté nationale, mais bien le profit et une volonté de transformer le monde selon une certaine vision. C’est ce qu’on voit avec la superbe percée de SpaceX qui fait décoller ses satellites avec ses propres fusées, et qui bientôt s’occupera de la colonisation de Mars. Entre le tourisme spatial, l’Internet haut débit pour des millions de personnes et le départ du Starship à destination de Mars en 2025, SpaceX est en train de développer un monopole et pourrait bien devenir le Google de l’espace.

 

La conquête spatiale se doit d’être en phase avec notre époque. En 2020 ne pourrait-on pas financer un programme géré par une fédération mondiale composée de représentants d’états, d’entreprises (petites ou grandes) et d’associations citoyennes ? Cela permettrait d’éviter la défiance entre pays et entreprises - et la paranoïa qui en découle - mais aussi de mutualiser les ressources et savoirs - dans un cadre équitable - afin d’aller plus loin.

La blockchain peut ici nous être utile, car elle permet de créer une nouvelle forme d’organisation qu’on appelle DAO. Ces organisations décentralisées et autonomes peuvent être le socle de n’importe quel type d’organisation humaine. La DAO minimise le risque de corruption interne, permet la création d’une démocratie réelle et fournit par défaut une transparence sur sa gestion interne auprès du grand public.

Une DAO citoyenne dont le but serait de financer le déploiement et la maintenance d’un réseau alternatif de satellites aurait une valeur inestimable.
Un autre point de convergence entre blockchain et espace serait tout simplement de rendre accessibles la blockchain et ses applications par satellite.

 

La blockchain dans l’espace, pour quoi faire ?

Le Bitcoin circule déjà dans l’espace sans Internet

Quand on parle de mettre la blockchain dans l’espace, on ne parle pas au futur, mais au présent. L’entreprise Blockstream diffuse la blockchain de Bitcoin sur la planète entière via son réseau satellitaire.

Comment ça marche ? Blockstream dispose de « teleports », des stations terrestres qui sont connectées au réseau Bitcoin. Elles transmettent les blocs de la chaîne entre elles et à des satellites géostationnaires (rappelez-vous, la catégorie des gros satellites au signal puissant).

Les six satellites géostationnaires utilisés par Blockstream couvrent une grande partie de la planète :

Carte Blockstream

Carte de couverture des 6 satellites utilisés par Blockstream - Source : Blockstream

 

Depuis 2019 Blockstream a intégré la technologie de l’entreprise Lightning Network. Elizabeth Stark, la PDG et cofondatrice de cette entreprise, explique que cette technologie permet d’effectuer des « paiements blockchain ultra-rapides sans se soucier des délais de confirmation des blocs. » Il est donc possible d’effectuer des micro-paiements en bitcoins à travers le monde (et au-delà) sans connexion Internet terrestre. Adam Back, PDG de Blockstream, déclare :

« Les personnes vivant dans des endroits isolés auront accès au réseau Bitcoin sans passer par les opérateurs Internet terrestres, et à moindre coût. » 

Le fait de passer par le réseau satellitaire de Blockstream permet donc d’accéder à la puissance du réseau Lightning de manière indépendante des fournisseurs Internets traditionnels. Blockstream propose aux utilisateurs de recevoir les blocs gratuitement et sans faire payer la connexion. Un accès Internet depuis l’espace est également une manière plus résiliente de communiquer en cas de catastrophes majeures sur terre qui viendraient perturber le réseau traditionnel.

Comment y accéder ? Tout le monde peut accéder à la blockchain de Bitcoin avec un simple récepteur sans avoir besoin de passer par un opérateur Internet terrestre traditionnel.

Si vous voulez avoir votre propre récepteur satellite Blockstream, il vous en coûtera : $279.99 (basic) ou $749.99 (pro). Auquel il faudra associer une antenne pour capter le signal que Blockstream propose à $179.99. Tous leurs produits sont en précommande pour le moment sur leur site Internet.

Vous pouvez également créer votre propre système à moindres coûts en suivant ce tutoriel. Une parabole télé classique fera très bien l’affaire comme antenne. Il vous faudra également un PC avec Linux et quelques pièces que vous pouvez acheter en ligne.

 

Cette solution reste toutefois dépendante de l’entreprise Blockstream qui devient à son tour un opérateur privé.  Verrons-nous dans le futur la création du premier opérateur Internet décentralisé de l’espace ?

Dans l’exemple suivant, nous verrons que certaines communautés ont déjà commencé à explorer la convergence entre décentralisation et espace.

Satellites Bitcoin

 

Une gouvernance de l’espace plus distribuée

L’exemple de TruSat

ConsenSys Space a créé le projet TruSat. La première version a été lancée en octobre 2019, puis le contrôle total à la communauté a été donné en avril 2020.

TruSat est un projet qui vise à enregistrer les positions orbitales des satellites. Les informations sont fournies par des citoyens dans le monde. Les données collectées sont accessibles par tous. Pour quoi faire ? Nous l’avons vu tout au long de l’article, de plus en plus de satellites sont en train d’être lancés.

Actuellement, il y a plus de 2000 satellites en orbite autour de la Terre (cf. une infographie intéressante) et les lancements ne font que s’accélérer. Ce qui ne fait qu’augmenter le risque de collision entre les satellites. Or une collision est coûteuse et potentiellement risquée, car les débris peuvent créer à leur tour d’autres collisions. Il est donc important de surveiller au quotidien leur trajectoire dans l’espace.

Chris Lewicki, cofondateur de ConsenSys Space, explique que le système TruSat est « ouvert, autonome et résistant aux saisies erronées » grâce à la technologie blockchain sous-jacente.

TruSat est un bon exemple de projet décentralisé dans le domaine spatial. La communauté de citoyens-scientifiques qui surveillent l’espace arrive à générer une source de vérité qu’aucun acteur gouvernemental ou privé ne peut fournir. En effet, beaucoup de personnes ne font pas confiance au gouvernement, qu’il soit américain, russe, chinois ou autre, pour fournir un compte rendu de ce qui se passe dans l'espace.

Avec le collectif TruSat, et son système de gouvernance décentralisé, n’importe quel.le citoyen.ne peut contribuer et les résultats sont protégés de toute modification grâce à la blockchain. D’autres projets de ce type pourraient voir le jour et constituer un contre-pouvoir citoyen intéressant et nécessaire dans le secteur spatial.

Trusat

 

Les entreprises s’y mettent...

Le 31 janvier 2020, la société Accubits Technologies a annoncé qu’elle comptait lancer le premier satellite blockchain pour les entreprises. Cette société avait notamment développé une solution basée sur la blockchain pour gérer les registres fonciers pour Dubaï.

Leur système permet d’avoir une source unique de vérité sur le statut de propriété et une automatisation des processus récurrents tels que le paiement des impôts et les paiements hypothécaires. Accubits va désormais plus loin avec sa mission Chainsat. L’entreprise veut lancer un satellite en 2021 pour développer des systèmes financiers et d’IoT (Internet des objets). Mais quelles raisons poussent les corporates à vouloir créer leur propre réseau blockchain dans l’espace ?

Aharsh MS de CMO d'Accubits Technologies, apporte quelques éléments de réponses. Il explique que la technologie blockchain va permettre de nombreux cas d'utilisation intéressants pour les entreprises, mais que pour tirer parti de cette technologie, il faut un canal de communication indépendant de l'Internet terrestre.

 

  • Pour protéger les données  

En effet, certaines institutions bancaires et agences fédérales n’ont pas le droit d’héberger leurs données dans des ordinateurs connectés à Internet (pour éviter le piratage). Ainsi passer par une connexion satellitaire permettrait de rendre leurs ordinateurs « connectés » et donc aptes à utiliser la blockchain, tout en étant inaccessibles via le réseau Internet.
On peut également y voir un moyen permettant à ces entreprises de ne pas être soumises aux réglementations en vigueur sur terre.

 

  • Pour les entreprises basées dans des endroits reculés

Dans le cadre d’une entreprise d’agroalimentaire qui souhaiterait par exemple créer de la transparence autour de sa chaîne de production. Il faudrait un accès Internet (souvent inexistant) sur site afin de collecter des données de production, étape par étape, du champ jusqu’au magasin. Pour pallier au manque de connectivité, un service dédié à l’IoT disponible via Satellite pour les fermes et autres sites de production reculés serait fort utile.

 

À qui cela va-t-il profiter ?

Il est légitime de se demander si une constellation de satellites dédiés aux entreprises répond à un réel besoin de la part des industriels de tous secteurs, ou s’il s’agit d’un nouveau moyen pour certains acteurs de passer outre les lois et réglementations terrestres afin de mieux nous contrôler et collecter nos données.
Comment souvent, sans doute un peu des deux.

En tout cas cela signifie qu'il est nécessaire, parallèlement à la conquête de l'espace par les infrastructures informatiques, que la régulation évolue afin d'encadrer ces pratiques. L’enjeu étant de s'assurer que les droits et libertés dont jouissent les citoyens sur terre soient également respectés dans le cyber-espace.
Il faut également aller plus loin et s’assurer que l’espace sera une ressource commune pour tous les humains.

En effet, l’ironie actuelle est que les personnes qui bénéficieraient le plus d’un accès à la blockchain et à la crypto, sont celles qui aujourd’hui n’ont pas accès à un Internet de qualité et qui vivent dans des endroits économiquement et politiquement instables.

Les sociétés humaines doivent donc passer d’un modèle primitif de gestion de ressources, qui est source de nombreux conflits et inégalités, à un modèle organisé, aujourd’hui largement facilité par des innovations sociales et techniques.

La manière dont nous allons gérer l’espace, tant d’un point de vue scientifique, que d’un point de vue touristique, minier, énergétique, informatique ou résidentiel, sera le témoin soit d’une évolution, soit d’un retour en arrière.

Les enjeux sont clairs : donner plus de pouvoir aux citoyen.nes en leur donnant accès à l’information et au capital, se libérer des monopoles des fournisseurs d’accès Internet et autres acteurs centralisés d’Internet, préserver et augmenter les libertés des personnes à l’échelle mondiale, quel que soit leur pays de résidence.

 

L’odyssée spatiale sera-t-elle une opportunité d’émancipation pour l’être humain ou le théâtre nouveau de l’hégémonie des états et corporations sur les citoyens ?

#Moon

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Raphael Merieux

Bonne introduction à ce sujet qu'est la blockchain et l'espace. Vous avez aussi oublié de mentionner le projet pionnier en la matière qu'est spaceup.tech

ATAS_1100

Bon article mais dommage qu'il n'y ait pas un seul mot à propos de Space Chain (SPC) à ne pas confondre avec SpaceX

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