Des thérapies proposent de guérir l'addiction au trading de cryptomonnaies

La dépendance au trading de cryptos est reconnue par certains soignants

Nos confrères de Bloomberg ont interrogé plusieurs thérapeutes spécialisés dans le traitement de l'addiction au trading de cryptomonnaies. Les spécialistes de la santé assurent que cette dépendance se rapproche de l'addiction au jeu. Dylan Kerr, un thérapeute en ligne basé en Thaïlande, compare d'ailleurs l'addiction au trading au fait de se retrouver assis à une table d'un casino :

« Cela semble sans fin, et cela demande votre attention. Si vous détournez les yeux du prix, vous pourriez rater des opportunités massives et encourir des pénalités ». 

Interrogée par le Washington Post, Lia Nower, directrice des études sur le jeu à l'Université Rutgers aux États-Unis, compare plutôt le trading excessif à des billets de loterie. Pour elle, cette addiction cache surtout une dépendance au risque :

« Les gens aiment les billets à gratter de loterie, parce qu'ils peuvent gratter follement et qu'ils obtiennent leur récompense dans la seconde et cela leur donne une bouffée de dopamine ».

Comme le jeu, la drogue ou l'alcool, le trading de crypto-actifs active les récepteurs de la dopamine dans le cerveau. La dopamine provoque une sensation de plaisir et de bien-être. La personne risque alors de continuer à trader des cryptomonnaies uniquement pour ressentir les bienfaits de la dopamine. C'est l'engrenage qui conduit à l'installation d'une addiction.

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Les accros au trading de cryptomonnaies se multiplient

Sans surprise, l'addiction au trading a un impact néfaste sur la santé mentale. D'après une étude finlandaise publiée en janvier dernier, les individus qui ont développé une dépendance souffrent de « détresse psychologique, de stress et de solitude ».

De nombreux thérapeutes affirment avoir remarqué une augmentation des patients qui consultent pour un problème de dépendance au crypto-trading. Aaron Sternlicht, thérapeute à New York, assure qu'il y a « un afflux de personnes cherchant de l'aide » sur le sujet.

Les demandes relatives au trading de crypto-actifs ont augmenté de 40% à son cabinet, assure le thérapeute américain. Malheureusement, « beaucoup de gens qui ont besoin d'un traitement ne finiront pas par recevoir un traitement », souligne le soignant. Cette dépendance n'est pas encore reconnue par les assurances. Seuls les individus avec d'importants revenus peuvent donc se payer une thérapie.

Les thérapies consacrées à l'addiction au trading sont particulièrement coûteuses, révèle l'enquête du Washington Post. Par exemple, Aaron Sternlicht facture 2500 dollars pour une consultation sur le sujet. Un plan de traitement thérapeutique intensif de 45 jours est vendu pour 25 000 dollars.

Des cliniques privées proposent des thérapies coûteuses

Certaines cliniques privées ont également développé des offres analogues pour les patients les plus fortunés. C'est le cas de Paracelsus Recovery, un centre de désintoxication de luxe situé à Zurich et Londres.

La clinique propose notamment des séances de thérapie en ligne à 484 euros de l'heure, un programme de désintoxication de 7 jours à 96 000 euros et un traitement en résidence d'un mois à 348 000 euros. D'après Jan Gerber, le dirigeant de la clinique privée, les demandes de renseignements concernant la thérapie axée sur le trading de cryptomonnaies ont augmenté de 300 % entre 2018 et 2021.

Même son de cloche en Écosse, où la clinique de luxe Castle Craig affirme avoir traité plus de 100 accros au trading de cryptomonnaies depuis 2016. Le thérapeute de l'établissement a développé un processus de guérison en 12 étapes similaire à celui des Alcooliques anonymes.

Malgré l'augmentation des cas, Aaron Sternlicht précise qu'il n'y « a pas encore assez de recherches » sur le sujet pour que les patients soient correctement diagnostiqués. Bien souvent, les individus qui se disent accros au trading ont développé en parallèle des dépendances plus traditionnelles, à l'alcool, à la drogue ou aux médicaments.

L'étude finlandaise relayée plus haut émet d'ailleurs l'hypothèse que les personnes « ayant des problèmes de santé mentale existants seraient plus susceptibles de prendre des risques » avec les cryptomonnaies. Concrètement, le trading excessif serait plutôt l'un des symptômes d'une souffrance psychologique déjà existante.

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Sources : Bloomberg, Washington Post, Science Direct

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Florian Bayard

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