Le géant AXA rejoint les PSAN - Quel impact pour l'écosystème crypto ?
AXA Investement Managers, la filiale du groupe AXA spécialisée dans la gestion de placement, vient de s'enregistrer en tant que Prestataire de services sur actifs numériques (PSAN). Nous avons demandé à Faustine Fleuret, la présidente de l'Adan, ce qu'augurait l'arrivée d'un tel mastodonte pour l'écosystème des PSAN et plus largement pour le marché des cryptomonnaies.
AXA veut proposer des services de cryptomonnaies
Le 7 mars, la filiale d'Axa spécialisée dans la gestion de placement, Axa Investment Managers, a été enregistrée en tant que Prestataire de services sur actifs numériques (PSAN).
Grâce à cet enregistrement délivré par l'Autorité des marchés financiers (AMF), Axa Investment Managers sera à même de proposer des services de conservation, d'achat, de vente, mais également d'échange d'actifs numériques.
Enregistrement d'AXA Investment Managers sur le site de l'AMF
L'intérêt du groupe AXA pour les cryptomonnaies et le secteur de la blockchain n'est cependant pas nouveau : au mois d'avril 2021, sa filiale AXA Suisse annonçait qu'elle acceptait le Bitcoin (BTC) comme moyen de paiement pour ses services d'assurance dans le cadre d'un partenariat avec Bitcoin Suisse. Un responsable de la filiale mentionnait alors « la demande croissante de ses clients » pour ce type de paiement alternatif.
Dans la même veine, au mois de février 2022, AXA France s'était offert une parcelle dans le metaverse de The Sandbox (SAND), justifiant alors cette initiative audacieuse par sa « responsabilité de prendre part aux grandes avancées technologiques pour imaginer l'assurance du futur ».
? Qu'est-ce que le statut PSAN et comment l'obtient-on ?
Trade Republic : acheter des cryptos et des actions en 5 minutesQue signifie l'arrivée d'un tel géant dans l'écosystème des PSAN ?
L'arrivée d'Axa dans le secteur n'est pas anodine : le groupe français, qui évolue à l'international, réalise des dizaines de milliards d'euros de chiffre d'affaires chaque année. Sa filiale AXA Investment Managers n'est pas en reste, évoluant elle aussi à travers le monde. Cette dernière détient effectivement plus de 827 milliards d'euros d'actifs sous gestion, des fonds provenant à la fois de clients institutionnels et de clients particuliers.
Pour bien comprendre l'intérêt qu'a une telle entreprise à s'enregistrer en tant que PSAN, nous avons posé quelques questions à Faustine Fleuret, la présidente de l'Association pour le développement des actifs numériques en France (Adan).
Le groupe Axa vient d’affirmer son intérêt pour le secteur des actifs numériques, sa filiale Axa Investment Managers venant de recevoir l’enregistrement de Prestataire de services sur actifs numériques (PSAN). Comment percevez-vous l’arrivée d’un tel géant dans le milieu, qui détient par ailleurs plus de 820 milliards de dollars d’actifs sous gestion ?
Faustine Fleuret : L'Adan accueille très positivement l'enregistrement d'AXA IM en tant que PSAN, lequel traduit un nouveau signe d'institutionnalisation du secteur et qui montre qu'un nombre croissant d'acteurs qui ne proviennent pas nécessairement de l'écosystème crypto perçoivent malgré tout le potentiel de cette innovation. À ce titre, ces derniers peuvent se l'approprier à leurs propres fins, mais également la développer et en profiter pour créer de nouvelles activités.
Le point saillant de cette annonce, c'est surtout l'appartenance d'AXA au CAC40, ce qui vient directement faire écho à l'enregistrement de Forge, la filiale de la Société Générale, qui s'était également enregistrée en tant que PSAN en septembre dernier. L'arrivée d'acteurs de cette envergure vient directement apporter de la crédibilité à la catégorie des crypto-actifs et aux cas d'usage qu'ils permettent. Le domaine des crypto-actifs demeurant un sujet sensible, l'arrivée de telles sociétés permet de faire bouger les choses et d'encourager d'autres grandes entreprises à emboîter le pas.
Notons également que l'enregistrement d'AXA IM permet de resserrer les liens encore timides établis entre la finance traditionnelle et les acteurs du secteur crypto. Effectivement, ces liens constituent directement un vecteur d'adoption, puisque si nous prenons le cas d'AXA IM, nous pouvons imaginer que nombre de ses clients ne sont pas forcément familiers avec les crypto-actifs. Par conséquent, l'enregistrement dont nous parlons ici pourrait permettre à ces derniers de s'y ouvrir.
Enfin, avec l'adoption des crypto-actifs par les institutionnels, nous pouvons également imaginer que les freins qui se posent habituellement aux sociétés désireuses de s'enregistrer en tant que PSAN pourraient être plus facilement levés.
Nous savons que l’agrément PSAN (qu’aucune entreprise n’est encore parvenue à décrocher) requiert de la part des sociétés souhaitant l’obtenir, entre autres, qu’elles souscrivent à une assurance de responsabilité civile professionnelle (RC pro). Le groupe Axa étant avant tout spécialisé dans les assurances, tenterait-il de prendre les devants à cet effet ? Il pourrait ainsi proposer d’assurer les fonds d’autres PSAN, ou, dans un autre cas de figure, d’assurer sa propre filiale et ainsi se créer le monopole en obtenant l’agrément.
F.F : Bien que nous ne soyons pas dans le secret d'AXA, le fait est que, factuellement, la filiale d'AXA devra être autorisée à proposer ses services sous le régime MiCA, une étape incontournable pour ceux qui souhaiteront opérer au sein de l'Espace économique européen une fois cette dernière entrée en application. Les PSAN font aujourd'hui face à certaines exigences prudentielles leur imposant d'obtenir une assurance en responsabilité professionnelle pour couvrir leurs activités.
Nous savons que ce sont des produits qui demeurent extrêmement rares aujourd'hui et qui sont donc compliqués à obtenir pour les PSAN. Très peu d'assureurs proposent aujourd'hui de couvrir les PSAN à cet effet, et le peu d'entre eux qui le proposent le font encore à des tarifs extrêmement prohibitifs, ce qui constitue une barrière à l'entrée importante pour les nouveaux entrants qui démarrent parfois tout juste leur activité. Un manque d'offres qui se justifie par ailleurs par une certaine incompréhension du secteur et de ses risques inhérents.
Concernant AXA IM, l'entreprise devant fatalement s'assurer à l'avenir, il est tout à fait possible qu'elle propose des services d'assurance dédiés au secteur le moment venu puisqu'elle en fera elle-même usage par la force des choses. Malgré tout, il est également possible qu'AXA souhaite s'autosuffire en termes d'assurance sans pour autant proposer ce type de couverture à d'autres PSAN, mais cela reste encore difficile à déterminer.
Quoi qu'il en soit, l'enregistrement d'AXAI IM en tant que PSAN est une bonne nouvelle pour le secteur et constitue une preuve de crédibilité pour l'ensemble du marché des cryptomonnaies, et qui pourrait aider, pourquoi pas, à lever les freins auxquels font aujourd'hui face les PSAN.
Nous avons contacté AXA IM qui nous a apporté la précision suivante :
« Cet enregistrement en tant que Prestataire de services en actifs numériques (PSAN) est une étape importante pour nous et devrait nous être bénéfique dans le cadre de nos initiatives autour de la technologie blockchain sur lesquelles nous travaillons activement, comme la tokenisation des titres financiers ou des fonds, et l’intérêt de l'utilisation de monnaies numériques comme les CBDC (monnaies numériques de banques centrales) ou les stablecoins dans notre écosystème.
La demande d’enregistrement a été formulée fin 2021 afin de nous permettre de nous développer sur les actifs numériques. Mais nous pouvons confirmer qu’AXA IM n’a pas de stratégie d'investissement ni d'exposition aux cryptomonnaies (Bitcoin, Ethereum...) - et que nous ne prévoyons pas d'en avoir. »
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Axa est depuis bien longtemps impliqué dans les crypto.
Depuis 2013 avec Ardian: https://www.reuters.com/article/us-axa/axa-spins-off-private-equity-arm-as-ardian-idUSBRE98T0R420130930
Depuis 2017 avec blockstream: https://www.axa.com/en/news/axa-strategic-ventures-blockchain