Le Bitcoin, une solution pour protéger l'épargne des Argentins face à un peso dévalué
L’histoire monétaire de l’Argentine est un récit de lutte constante pour la stabilité économique. Des fèves de cacao aux pièces coloniales, chaque période a été marquée par ses défis et son lot de réformes. Aujourd’hui, Bitcoin apparaît comme une nouvelle voie vers la stabilité économique pour le peuple Argentin. Découvrez comment et pourquoi dans ce nouvel épisode de notre série de l'été en Argentine.
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Ce dossier est le fruit d'un travail de terrain réalisé en Argentine par Cryptoast. Il signe le troisième épisode d'une « série de l'été », composée de 7 épisodes et qui sera publiée tout au long de l'été. Vous pouvez retrouver l'épisode précédent ici.
L'Argentine : un pays de longue histoire de confiscations massives et de destruction de la richesse par les gouvernements
Malgré de nombreuses réformes, l’Argentine n’a jamais réussi à instaurer une stabilité monétaire durable, en raison de la mauvaise gestion, de la corruption et d'un manque de cohérence politique.
Pour comprendre ces défis, il est nécessaire de revenir quelques siècles en arrière. Après la révolution de mai 1810, les Provinces Unies du Río de la Plata ont tenté de créer une identité monétaire distincte de l’héritage colonial espagnol.
En 1822, la Banque de Buenos Aires a émis les premiers billets de banque argentins, mais cette institution, dominée par la bourgeoisie et les commerçants britanniques, a été largement rejetée.
Entre 1836 et 1853, l’Argentine a plongé dans une période de guerres civiles, exacerbant l’instabilité économique. Le général Juan Manuel de Rosas dissout la Banque nationale, déclarant que la monnaie était garantie par l’État et que l’émission serait assurée par la « Casa de Moneda ». Cependant, les provinces ont cherché à affirmer leur indépendance en émettant leurs propres monnaies, conduisant à une véritable anarchie monétaire.
La création de la Banque Centrale de la République Argentine (BCRA) en 1935 fut une initiative majeure pour réguler l'économie et stabiliser la monnaie. Malgré cette bonne volonté, depuis les années 1970, garder des pesos en poche est systématiquement synonyme de perte de pouvoir d’achat.
Figure 1 - Devise de la Banque Centrale Argentine : « La Banque Centrale de la République Argentine a pour but de promouvoir la stabilité monétaire, la stabilité financière, l'emploi et le développement économique avec équité sociale »
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Pour sortir de cette hyperinflation galopante, le gouvernement décide en 1992 d’arrimer la monnaie nationale au dollar. On parle alors du « miracle argentin ». L'inflation chute de 172 points en 1991 et la croissance économique décolle.
Mais cet arrimage au billet vert vient par la même occasion à lier les mains du Gouvernement argentin, il ne peut désormais plus adapter son taux de change à sa situation économique.
Ainsi, lors des crises mondiales de la fin des années 1990, lorsque le dollar fait office de valeur refuge, le peso n’arrive pas à suivre et Buenos Aires se retrouve à court de réserves pour défendre la parité du peso.
Figure 2 - Façade de la Banque centrale Argentine (BCRA)
En décembre 2001, le gouvernement gèle les retraits bancaires en réponse à la crise, provoquant des manifestations massives et la démission du président. Cette période a vu la confiscation des fonds des épargnants et une perte massive de richesse.
Après cette crise, l'économie argentine s'est redressée grâce à la hausse des prix des produits de base, mais la crise des subprimes de 2008 a ralenti cette reprise. Le gouvernement a alors été contraint de saisir les fonds de retraite privés, entraînant une nouvelle perte financière pour les citoyens.
Les Argentins ont continué à utiliser le dollar pour préserver leur valeur travail, et encore aujourd'hui, plus de la moitié du PIB argentin est encore détenu en dollars.
Bien que 60 % des Argentins soient contre l'abandon de leur monnaie nationale au profit du dollar (car cela donnerait trop de pouvoir à la banque centrale américaine), ils voient le dollar comme une solution moins dévastatrice.
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Jerónimo Ferrer et son « local crazy economy & Bitcoin tour »
C’est ainsi qu’après s’être vu confisquer ses économies par le gouvernement argentin à 2 reprises, Jerónimo Ferrer s’est tourné vers le Bitcoin.
En 2015, alors que le pays subissait un contrôle strict des capitaux, il découvrit Bitcoin comme moyen de transfert international simple et efficace pour contourner les restrictions imposées par l'État.
Figure 3 - Jerónimo Ferrer exhibant fièrement un billet de 1 000 pesos au Musée de la Banque Centrale Argentine
Ces 40 dernières années, on a retiré 13 zéros à la monnaie, utilisé 5 signes monétaires différents et mes économies ont été confisquées 2 fois. Ce n’est pas ainsi que l’on résoudra les problèmes, que l’on rendra les gens plus riches et que l’on améliorera leur situation.
Inspiré par cette découverte, Jerónimo Ferrer va s’improviser ambassadeur et évangéliste Bitcoin. Convaincu de la nécessité de changer de logique, il souhaite que les gens de son peuple aient la liberté de choisir la monnaie qu’ils veulent.
Il explique que ce n’est qu’à travers la libre concurrence que les gens s’efforceront de donner le meilleur d’eux-mêmes afin de fournir les meilleurs produits et services, profitant ainsi à la santé économique de leur pays.
Acheter des cryptos sur eToroIl fera de cette maxime son combat. En 2019, il lance son premier « Local Crazy Economy & Bitcoin Tour », une initiative mêlant histoire économique de l’Argentine et découverte de Bitcoin. L’objectif de cette initiative est aussi et surtout de montrer aux habitants des pays financièrement sains que le Bitcoin est un outil qui résout les problèmes réels d’une personne bien réelle.
Parce que pour les pays financièrement privilégiés, le Bitcoin n’est qu’un jouet de plus qui monte et descend, c’est très amusant, mais mon cas d’utilisation est réel.
Lors de cette visite, vous aurez l'occasion de découvrir le Musée de la Banque centrale d’Argentine, qualifié par ses propres mots comme « l’endroit où l’Argentine expose ses plus grands échecs économiques ».
Figure 4 - Façade du Musée de la Banque Centrale Argentine
En 5 ans, il a perfectionné ses remarques sarcastiques tout au long de la visite. Par exemple, devant une table remplie de coloriages enfantins, il explique que c’est ainsi que fonctionne l’impression de billets en Argentine.
Figure 5 - Affichage des coloriages réalisés dans le cadre d'une activité ludique proposée par le Musée de la Banque Centrale Argentine
Votre guide vous proposera ensuite un choix intéressant : descendre dans les bureaux de change informels, connus sous le nom de « caves », ou bien échanger des Bitcoins contre des pesos dans un Bitcoin store et repartir avec quelques goodies. Sachant que la première option vous permettra d'acquérir des « blue dollars », qui se négocient pratiquement 2 fois plus cher que le taux officiel.
Figure 6 - Devanture du Bitcoin Store inclus dans le tour de Jerónimo Ferrer
Fier de son parcours, il raconte avoir eu le privilège de recevoir Vitalik Buterin, cofondateur d'Ethereum, lors de l'une de ses sorties. Avec un sourire en coin, il partage qu'ils n'ont évidemment pas parlé de Bitcoin, mais plutôt du contexte global de l'Argentine avant d'aller dans un sous-sol échanger quelques Ethers contre 93 000 ARS, soit environ 450 dollars au taux de change de ce jour-là.
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Bitcoin permet à chacun de reprendre le contrôle sur sa propre richesse
Après ce panorama, revenons aux origines de l'histoire monétaire argentine. Ironiquement, cette épopée avait commencé sur des bases solides avec des cultures précolombiennes ayant une économie centrée sur les besoins humains et étroitement liée à la terre.
Ces sociétés ont rapidement eu besoin de commercer, utilisant des monnaies marchandises comme le cacao du fait de ses multiples usages, illustrant ainsi leur ingéniosité économique. Cependant, l'arrivée des conquistadors espagnols a détruit ce système, le remplaçant par un système centralisé qui a montré ses limites par la suite.
Trade Republic : acheter des cryptos et des actions en 5 minutesCette époque souligne néanmoins l'importance d'une monnaie fractionnaire, facilement transportable et capable d'être conservée en toute sécurité sur le long terme.
Aujourd'hui, le citoyen argentin ne dispose que du dollar comme monnaie d'épargne et du peso comme monnaie courante. Cependant, en 2011, lors de l'introduction des contrôles de capitaux, de nombreuses personnes ont adopté le Bitcoin pour effectuer des transferts d'argent à l'étranger.
Aujourd'hui, l’Argentine a l'un des taux d'adoption de Bitcoin les plus élevés d'Amérique latine.
Pour Jerónimo Ferrer, Bitcoin est une évidence pour les Argentins, puisqu’il est plus facile de faire confiance au protocole Bitcoin qu'aux politiciens.
Figure 7 - Jerónimo Ferrer exhibant fièrement son goodie « Not your keys, not your coins » sur la place des revendications populaires, devant le palais présidentiel argentin
Beaucoup d’Argentins ont appris à connaitre Bitcoin par nécessité. Nous avons la plus grosse communauté Facebook d’Amérique latine, composée de près de 80 000 membres.
Comme il a pu en 2015 éviter « toutes les restrictions gouvernementales, sans risques, à moindre coût, très facilement et de manière tout à fait légale », et souhaite partager cette opportunité avec ses compatriotes.
Le problème, explique-t-il, c’est que l’Argentin n’a pas le loisir de penser sur le long terme. Son horizon de planification s’étend à 4 ou 5 ans, il ne pense qu’à survivre sur cette courte période.
Quand j’étais petit, le taux de pauvreté était de 5 % ou 7 %, aujourd’hui c’est 60 %. Les gens n’ont pas le temps de penser, ils cherchent juste comment ramener assez d’argent pour manger le soir.
Malgré ce développement beaucoup plus lent que ne le souhaiteraient les Bitcoiners argentins, ces derniers restent convaincus que c’est un mal nécessaire qui s’adapte au rythme des gens qui vont comprendre sa capacité à conserver de la valeur dans le temps.
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Alors, même si le stade d’adoption est encore très précoce parce que le grand public ne veut pas apprendre quelque chose de complexe sans en avoir vraiment besoin, les Bitcoiners argentins restent optimistes. Il est évident pour eux que les pays comme l'Argentine, le Zimbabwe et le Venezuela n’ont pas à se poser de questions sur l’adoption de Bitcoin.
Il est en effet beaucoup plus simple de comprendre Bitcoin pour des gens qui vivent sous ces latitudes.
Le Bitcoin, c’est comme le vélo : tu montes dessus, tu te casse la tête mais 2 jours plus tard tu fais du vélo. Je pense qu’il faut déjà commencer par l’utiliser, et ensuite on comprend qu’il y a des milliers de chemins à parcourir.
Pour Jerónimo Ferrer le chemin est clair : lorsque l’on double clique sur Bitcoin on comprend qu’il va changer la face du monde :
C’est vrai que Bitcoin est numérique et que nous ne pouvons pas y toucher, pourtant c’est la chose la plus réelle au monde. Vous ne pouvez pas non plus toucher la liberté, être dans Bitcoin c’est toucher la liberté de vos mains.
🇦🇷 Poursuivez votre lecture avec l'épisode suivant — Voici pourquoi l’État Argentin ne doit pas être favorable au Bitcoin
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Les investissements dans les crypto-monnaies sont risqués. Il n’existe pas de rendement élevé garanti, un produit présentant un potentiel de rendement élevé implique un risque élevé. Cette prise de risque doit être en adéquation avec votre projet, votre horizon de placement et votre capacité à perdre une partie de cette épargne. N’investissez pas si vous n’êtes pas prêt à perdre tout ou partie de votre capital