Binance Research : le projet Libra sera-t-il à la hauteur de ses ambitions initiales ?

Binance Research : le projet Libra sera-t-il à la hauteur de ses ambitions initiales ?

Dans un rapport publié aujourd'hui par Binance Research, les analystes de l'exchange ont analysé en détail les dernières modifications apportées au whitepaper du projet Libra.

Cette version 2.0 du projet est-elle à la hauteur de ses ambitions initiales ? Quels pourraient être les effets de ces nombreuses modifications pour la pérennité de Libra ?

 

Un changement radical du projet Libra

Comme nous l'avons évoqué dans une récente publication, la vision initiale d'un stablecoin mondial rattaché à plusieurs monnaies fiat a été abandonnée. L'Association Libra opte maintenant pour la création de multiples stablecoins dont chacun sera adossé à une monnaie fiat.

Ainsi, le LibraUSD (≋USD), le LibraEUR (≋EUR), le LibraGBP (≋GBP) et le LibraSGD (≋SGD) seront initialement déployés. Le stablecoin Libra (≋LBR) en lui-même existera toujours, mais au lieu d'être adossé à un panier direct de monnaies fiats, il sera composé de ces nouveaux stablecoins.

Bien que le poids respectif de chaque stablecoin qui composera la Libra n'est pas encore connu, l'Association a présenté l'exemple d'une composition du LBR comme suit : "≋USD 0.50, ≋EUR 0.18, ≋GBP 0.11, etc.".

 

Les autres changements entre Libra v1 et Libra v2

En parallèle de la restructuration complète de son fonctionnement, Binance Research nous montre que la Libra v2 apporte également son lot de modifications visant à satisfaire les régulateurs.

Dans le whitepaper de la v1 de Libra, l'objectif principal du projet était de créer une « monnaie globale simple » qui donne du pouvoir à des milliards de personnes. Cette nouvelle version est accompagnée d'un changement non des moindres de sa mission. La mention d'une monnaie globale a été remplacée par un « système de paiement mondial ».

Dans la v1, le système de rattachement de la Libra était uniquement décidé par l'Association Libra. La v2 change la donne à ce niveau. Désormais, les décisions de l'Association à cet égard pourront être appliquées seulement après consultation des régulateurs, des banques centrales et des organisations internationales (par exemple, le FMI), tout cela sous la direction de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA).

Autre changement notable, un autre changement notable avec la v2 concerne la définition d'un cadre global de conformité financière et de gestion des risques. Le whitepaper de la v1 était en effet assez évasif sur le sujet. Cette nouvelle version apportera entre autres des fonctions de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme ainsi que de la prévention des activités illicites.

Tout cela prouve bien que le projet Libra se remodèle dans le but de satisfaire les régulateurs.

 

La Libra aidera-t-elle véritablement les populations non bancarisées ?

Permettre à des millions de personnes d'avoir accès aux services bancaires est l'élément le plus important sur lequel le projet s'appuie. Pour autant, est-ce que sa nouvelle structure pourrait le permettre ?

Comme l'indique Binance Research, il existe certains critères d'éligibilité pour qu'une monnaie fiat soient utilisées en tant que garantie pour la Libra. Ainsi, si les règles définies sont appliquées, plus de 70% de la population mondiale ne pourrait pas bénéficier d'un stablecoin garanti par la monnaie fiat de son pays. Cependant, la version globale de la Libra pourrait toujours être utilisée.

Le plus grand obstacle qui se pose devant le succès du projet reste l'accès aux différents wallets hébergeant le ou les stablecoins. Cela sera possible via 3 différents fournisseurs : les Unhosted Wallets, les VASP certifiés et les VASP réglementés.

Toutefois, l'Association a déjà souligné que seuls les VASP réglementés pourraient être utilisés à l'avenir. En particulier, ces fournisseurs de wallets réglementés doivent être enregistrés ou autorisés dans l'une des 38 juridictions membres du Groupe d'action financière (GAFI) ce qui exclut de surcroît les organisations locales des pays plus pauvres et moins développés.

Pour mieux comprendre cela, Binance Research indique que les institutions financières actuelles (par exemple, JP Morgan) sont les candidats les plus susceptibles de participer en tant que wallets réglementés.

On peut tirer de ces particularités que la Libra pourrait avoir certaines difficultés à se développer dans les pays les plus pauvres si ces derniers ne peuvent tout simplement pas accéder à un wallet réglementé, et donc accès à l'écosystème de Libra.

 

De meilleures chances de succès ?

En conclusion, les analystes de Binance Research estiment que le projet a acquis une certaine maturité dans sa structure. Cette nouvelle version complètement remaniée du projet permet à la Libra de ne plus se contente de lancer une cryptomonnaie à la vaste base d'utilisateurs de Facebook.

Sous la menace des régulateurs à travers le monde, la Libra 2.0 opte pour une approche axée sur la coopération et sur la création d'un système de paiement global basé sur la blockchain.

Malgré cette version 2.0, l'objectif principal reste intact, la nouvelle Libra multidevise étant appelée à coexister avec les stablecoins qui l'accompagne. Ce remaniement complet vient confirmer le désir du projet d'offrir un produit accessible et utilisable par le plus grand nombre. L'accès aux wallets réglementés pourrait toutefois être problématique pour certaines populations.

Ainsi, Binance Research conclu son rapport en comparant la Libra et SpaceX, en expliquant que cette dernière vise à faire au système de paiement traditionnel ce que SpaceX a fait à l'industrie spatiale : changer les codes malgré la pression de l'industrie et des organismes de réglementation.

Succès

Bien que le projet ait souffert de l'abandon de certains de ses membres fondateurs, l'Association accueille petit à petit de nouveaux membres dans ses rangs. Après les départs en séries de PayPal, Visa, MasterCard et eBay, l'Association a été rejointe par Shopify, Tagomi et Heifer International.

? À lire sur le même sujet : L’organisme caritatif Heifer International rejoint la Libra Association.

 

Cet article a été réalisé avec des informations fournies par Binance Research. Pour plus de détails sur le fonctionnement de la Libra 2.0, nous vous invitons à poursuivre votre lecture avec l’analyse complète faite par Binance Research via ce lien.

Binance Research fournit des analyses approfondies et des renseignements dans les domaines de la cryptomonnaie et de la blockchain en produisant des rapports de recherche impartiaux de qualité institutionnelle.

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