Qu'est-ce que World Liberty Financial (WLFI), le projet crypto soutenu par Donald Trump ?

Un projet crypto soutenu par Donald Trump

World Liberty Financial (WLFI) est un protocole de finance décentralisée (DeFi) lancé en 2024, étroitement lié à l'ancien président américain Donald Trump et à sa famille.

Présenté comme une tentative d'« améliorer le dollar », le projet se compose de 2 piliers : un stablecoin, l'USD1, adossé au dollar américain, et un token de gouvernance, le WLFI.

L'ambition proclamée de ce projet est double. D'une part, rendre les services financiers décentralisés plus accessibles au grand public, et notamment aux personnes peu familières avec les mécanismes de la DeFi. Pour l'heure (septembre 2025), ces fonctionnalités ne sont pas encore disponibles.

D'autre part, renforcer la suprématie du dollar américain à l'ère numérique en proposant un stablecoin solide et fiable, soutenu par des réserves en bons du Trésor, dépôts en dollars et équivalents de trésorerie, gérés par BitGo et soumis à des audits réguliers

Pour atteindre cet objectif, la WLF croit fermement au soutien des stablecoins basés sur le dollar américain et des applications DeFi qui cherchent à préserver le statut du dollar américain, en s'assurant qu'il reste la monnaie de réserve mondiale pour le siècle à venir - sans compromettre les libertés que les actifs décentralisés offrent.

La gouvernance du protocole repose sur le token WLFI, dont l'offre est limitée à 100 milliards d'unités. Ce token était initialement non transférable, destiné uniquement aux votes communautaires, mais un mécanisme de déblocage progressif a été mis en place pour en permettre l'échange sur les marchés.

Par ailleurs, World Liberty Financial est piloté par la famille Trump : Donald Trump y est présenté comme « Chief Crypto Advocate », tandis que ses fils (Eric, Donald Jr. et Barron) occupent des rôles clés dans la gestion opérationnelle.

Plusieurs cofondateurs, notamment Zach Witkoff, Zachary Folkman et Chase Herro, assurent le fonctionnement quotidien. Un organe juridique contrôlé par la famille Trump détient 60 % des actions du protocole et perçoit 75 % des revenus issus des ventes de tokens.

Ce positionnement a suscité des critiques, certains médias dénonçant une porosité sans précédent entre les intérêts privés et la politique publique, illustrée par des investissements d'entités étrangères, dont une firme d'Abu Dhabi ayant utilisé le stablecoin USD1 pour un investissement de 2 milliards de dollars dans Binance.

À quoi sert la crypto WLFI ?

La cryptomonnaie WLFI est conçue pour offrir un pouvoir décisionnel à ses détenteurs.

En effet, elle permet de participer à la gouvernance du protocole : proposer des modifications, voter sur les allocations de trésorerie, décider des partenariats et ajuster les paramètres du système. L'idée est d'attribuer une voix à chaque unité détenue, comme cela se pratique dans une DAO (organisation autonome décentralisée).

À l'origine, la crypto WLFI était non transférable, et n'avait donc aucune valeur. C'est suite à un vote de la communauté qu'il a été décidé de le rendre disponible sur les marchés.

L'offre totale des tokens WLFI s'élève à 100 milliards d'unités Lors de la prévente, 25 % de cette offre a généré 550 millions de dollars auprès de plus de 85 000 investisseurs.

Un fonds des associés, notamment la famille Trump, détient entre 22,5 et 25 % de ces tokens (soit 22,5 à 25 milliards d'unités), encore bloqués, mais évalués à plusieurs milliards de dollars.

Le déblocage des tokens pour le public est progressif. Lors du Token Generation Event (TGE) du 1er septembre 2025, seuls 20 % des tokens acquis lors la prévente ont été débloqués, les autres restant sous verrouillage (lockbox) jusqu'à ce qu'une décision communautaire les libère.

Logo du WLFI, stylisé par Cryptoast

Un lancement un peu sulfureux

Le lancement public de WLFI le 1er septembre 2025 a été spectaculaire. Le token, listé sur des plateformes majeures, a connu une volatilité extrême : après un bond initial jusqu'à 0,46 $, le prix du WLFI a rapidement chuté de près de 50 % à environ 0,23 - 0,24 $.

Malgré cela, sa capitalisation a atteint plus de 6 milliards de dollars, le hissant dans le top 25 des cryptomonnaies les plus valorisées.

Le stablecoin USD1, rapidement devenu l'un des plus gros au monde

Le stablecoin USD1, lancé en mars 2025, constitue le second pilier de l'écosystème de WLFI. Il est conçu pour maintenir une parité 1 : 1 avec le dollar américain, grâce à une réserve fiable composée de titres du Trésor à court terme, de dépôts en dollars et d'équivalents de trésorerie, gérés par BitGo et soumis à audits indépendants réguliers.

L'USD1 est disponible sur plusieurs blockchains, dont Ethereum, BNB Chain, TRON, et son déploiement sur Solana est prévu prochainement, ce qui accentue sa portée et son accessibilité

Par ailleurs, USD1 a déjà été utilisé dans des transactions institutionnelles majeures : notamment un investissement de 2 milliards de dollars par MGX, fonds d'Abu Dhabi, dans Binance.

En outre, un airdrop d'USD1 d'un total de 4 millions de dollars a été distribué à chaque détenteur de WLFI (soit 47 USD1 chacun) indépendamment du montant investi.

À ce jour, avec une capitalisation de 2,6 milliards de dollars, l'USD1 est le 5e stablecoin le plus capitalisé du marché, juste derrière l'USDS de Sky (ex DAI).

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La forte dépendance à l'image de Donald Trump

L'identité du protocole World Liberty Financial est intrinsèquement liée à la famille Trump, ce qui pose plusieurs défis. La plus grande partie des tokens et des revenus est contrôlée par une entité familiale, ce qui limite la décentralisation réelle du protocole et expose le projet à des accusations de conflits d'intérêts et de manipulation potentielle du marché.

Cette imbrication a attiré l'attention des régulateurs et des médias, certains qualifiant le projet de modèle inédit d'« érosion entre entreprise privée et politique publique » selon le News

De plus, le lancement de la crypto WLFI et du stablecoin USD1 en plein second mandat de Donald Trump a soulevé de vives critiques concernant l'usage de l'influence présidentielle à des fins économiques.

Si Trump se retire, décède ou perd son statut politique, la confiance des investisseurs pourrait basculer, la gouvernance devenir incertaine, et la pression réglementaire s’amplifier. Le projet manque actuellement de mécanismes alternatifs clairs pour garantir sa viabilité sans sa figure emblématique.

World Liberty Financial : un mouvement pour « renforcer le dollar américain » ?

Plus qu'un protocole de finance décentralisée, World Liberty Financial prétend être un mouvement visant à protéger et renforcer la suprématie du dollar américain dans un monde de plus en plus dominé par le numérique.

D'après le « Gold paper » de World Liberty Financial, ce projet s'inscrit dans la volonté de maintenir le dollar américain comme monnaie de réserve mondiale sans tomber sous le contrôle des monnaies numériques de banques centrales (MNBC), souvent critiquées pour leur centralisation et leur surveillance accrue​.

Au cœur de cette initiative, la défense du dollar américain s'appuie sur l'adoption du stablecoin USD1, qui, selon le projet, peuvent soutenir la liquidité et la stabilité du système financier américain.

Donald Trump, fervent défenseur du dollar américain, considère les stablecoins comme un outil stratégique permettant de contrer les menaces que représentent les tensions géopolitiques, l'émergence de devises concurrentes et l'expansion des MNBC.

Toujours selon le « Gold paper » de World Liberty Financial, l'idée est qu'un stablecoin, en détenant d'importantes réserves de dollars et de bons du Trésor, peut contribuer à maintenir la position dominante du dollar sans compromettre la liberté financière des utilisateurs.

En somme, World Liberty Financial se présente comme un protocole DeFi visant à renforcer le dollar américain dans un environnement financier de plus en plus numérique. Toutefois, il est nécessaire d'aborder ce projet avec prudence, en gardant à l'esprit ses dimensions politiques et les défis inhérents à sa forte dépendante à la famille Trump.

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