Comment la blockchain peut-elle révolutionner l’agriculture ?

Comment la blockchain peut-elle révolutionner l’agriculture ?

La blockchain pourrait révolutionner le monde de l’agriculture. De nombreuses initiatives visant à tirer parti de la chaîne de blocs voient actuellement le jour dans le monde agricole et agro-alimentaire. D’après les experts, la blockchain va permettre d’améliorer la traçabilité des marchandises, de maîtriser le partage des données générées par une exploitation agricole et d’offrir un financement alternatif aux plus petits exploitants.

? Explication de la chaîne de blocs également appelée blockchain

 

Un meilleur suivi de la chaîne d'approvisionnement

Dans un premier temps, la blockchain va surtout permettre aux agriculteurs de garantir une meilleure traçabilité de leurs produits aux acheteurs. Comme le rapporte Blockchain Partner, expert français du conseil sur les technologies blockchain, dans une étude publiée en 2017, les exploitants vont pouvoir « enregistrer toutes les étapes de la vie d’un produit impliqué dans la supply chain agricole ». In fine, le consommateur final aura accès à un historique complet du produit qu’il s’apprête à consommer.

Grâce à la technologie blockchain, toutes les informations enregistrées concernant un produit sont immuables et « incontestables », précise Blockchain Partner. De par sa nature même, elle préviendra donc tous les risques de fraudes dans le domaine de l’agro-alimentaire. Les bavures dans le domaine ont en effet fortement fragilisé la confiance des acheteurs ces dernières années. On se souvient par exemple de la fraude à la viande de cheval de 2013. Cette année là, Findus, une entreprise suédoise spécialisée dans les surgelés, se rend compte, à l’issue de plusieurs tests ADN, que ses lasagnes à base de boeufs contiennent aussi de la viande de cheval. Sans surprise, l’affaire a créé un véritable tollé.

Pour Blockchain Partner, l’utilisation de la blockchain aidera donc tout le secteur de l’agriculture et de l’agro-alimentaire à regagner la confiance des acheteurs. De nos jours, le consommateur moyen souhaite en effet de connaître la provenance exacte de la viande ou des légumes qu’il glisse dans son caddie et dans son assiette. Grâce à une blockchain publique, il pourra consulter à loisir la provenance de son steak ou de ses tomates. De même, le consommateur est garanti que les informations fournies ont bien été enregistrées par le cultivateur ou l’agriculteur. « Ce système permettrait de maintenir une relation de confiance entre l’agriculteur et l’acheteur en apportant plus de transparence » note Blockchain Partner.

Carrefour, la chaîne de supermarchés française, a déjà commencé à expérimenter l’utilisation de la blockchain pour assurer la traçabilité de certains produits de ses « filières qualité ». C’est notamment le cas du poulet fermier d’Auvergne élevé en plein air. Pour obtenir une foule d’informations sur le poulet avant l’achat, le consommateur est invité à scanner un QR Code apposé sur l’emballage à l’aide de son smartphone. Il y découvre notamment la date de naissance du poussin, le contenu de son alimentation, le nom de son couvoir, celui de l’éleveur ou encore le lieu d’abattage de l’animal. Une petite vidéo de l’éleveur, au beau milieu de ses poulets, est même proposée. Dans les années à venir, Carrefour souhaite étendre l’usage de la Blockchain à de nombreux autres produits. « La nature de la chaîne d’approvisionnement évolue et si vous ne suivez par la cadence, si vous n’êtes plus à la pointe de la technologie, vous disparaissez du métier » soulignait d’ailleurs Theo de Jager, président de l’Organisation mondiale des agriculteurs, lors d’une conférence en 2019.

? Les technologies blockchain ne sont pas toujours pertinentes

 

L’outil idéal pour partager et maîtriser les données d’une exploitation agricole

De nombreuses exploitations agricoles modernes sont bardées de capteurs destinés à renseigner l’agriculteur sur l'état de ses cultures et de son sol. Intégrés à un tracteur ou à un drone par exemple, ces capteurs sont notamment capables de mesurer la teneur en azote ou de repérer la présence de parasites. Pour le moment, les données générées par les exploitations ne sont que peu collectées pour une analyse à grande échelle (le Big Data). Pourtant, « il y a, en agriculture, un fort intérêt à collecter et à traiter des données en vue de créer de nouvelles connaissances et de nouveaux services » assure Bruno Lauga, gestionnaire de bases de données chez Arvalis, l’institut du végétal.

Depuis plusieurs années, Arvalis prône l’utilisation de la blockchain dans ce cadre. L’agriculteur ou l’éleveur pourrait par exemple attribuer des droits d’accès et de valorisation aux données générées par son exploitation dans un « registre de consentements ». Atos, un des leaders de la transformation digitale, et Acta-les instituts techniques agricoles, abondent dans le même sens. Dans un livre blanc publié en 2018, les deux acteurs plaident pour le partage de données via la technologie blockchain.

Certaines initiatives en cours de développement vont dans ce sens. C’est le cas de Multipass, un projet financé par le CasDAR (le compte d’affectation spéciale développement agricole et rural), et lancé en fin 2017. Dans le détail, le projet étudie deux approches possibles pour collecter et échanger les données agricoles. Une première approche consiste à mettre sur pied une vaste base de données administrée par un tiers. La seconde approche imagine plutôt la création d’une infrastructure décentralisée basée sur la technologie blockchain. Cette solution est toujours au stade de la recherche pour le moment.

 

Un financement alternatif pour les petits exploitants agricoles

Enfin, la blockchain va aussi permettre l’éclosion de nouveaux outils de financement pour les exploitants agricoles les plus modestes. En effet, la moitié des agriculteurs français rencontrent chaque année des problèmes de trésorerie, regrette Turbo Cereal, une plateforme de financement, d'encaissement et de paiement instantané pour la filière agricole. Afin de « désendetter la filière agricole » en France, la start-up a lancé en septembre 2019 le « Cereal coin », une nouvelle cryptomonnaie indexée sur le cours de l’euro. Ce nouvel altcoin a pour objectif de financer des avances sur récoltes pour les exploitants, à hauteur de 70% de la moisson, remboursables sous cinq ans. Turbo Cereal met aussi en avant la traçabilité des produits grâce à la blockchain ainsi que les paiements instantanés entre acheteurs et agriculteurs.

Les smart-contracts, ces programmes autonomes capables d’exécuter automatiquement des clauses prévues dans un contrat, vont en effet permettre aux agriculteurs d’être payés instantanément dès la livraison de leur récolte. Pour rappel, c’est AgriDigital, une start-up australienne, qui a réalisé le premier paiement d’une récolte de blé via la technologie blockchain en décembre 2016. De plus, un contrat intelligent conclu entre un agriculteur et un assureur est aussi capable de déclencher automatiquement le paiement d’une indemnité. Pour ça, les smart-contracts peuvent notamment s’appuyer sur les capteurs intégrés aux exploitations agricoles, et faire ainsi l’impasse sur l’intervention d’un expert envoyé par l’assurance, met en avant Blockchain Partner. !

? Plus d’infos dans notre dossier : les applications pratiques de la blockchain

Toutes ces innovations, rendues possibles par l’apparition de la blockchain, sont appelées à transformer le monde de l’agriculture et de l’agro-alimentaire dans les années à venir. Que pensez-vous de ces innovations ? On attend votre avis dans les commentaires ci-dessous.

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2 Commentaires
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mbissokom

Ensemble nous pourrons faire mieux.

Laurent

Super interessant! J'ai grandit dans une petite exploitation agricole et je dois avouer que si la Blockchain avait démarré a cette époque, j'aurai été beaucoup plus motivé pour prendre la relève. C'est vraiment passionnant.

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