La BCE se prépare aux initiatives cryptos des géants de la Tech
Libra va-t-elle forcer les grandes institutions régulatoires internationales à prendre en compte les cryptos rapidement ? C’est ce que pense Benoît Coeuré, un membre du directoire de la Banque Centrale Européenne (BCE), qui a été interrogé par Bloomberg ce dimanche 7 juillet.
La BCE surveille les géants de la Tech
Selon l’économiste et ex-administrateur de l’Insee, Facebook et Libra ne sont que les premiers d’une vague de géants de la Tech américains qui se mettront tous aux cryptos… Ou tout du moins aux pseudo-cryptos, puisque c’est ainsi qu’est de plus en plus qualifiée Libra. Interrogé depuis Aix-en-Provence, Benoît Coeuré a insisté sur l’urgence à traiter de ces questions, avant que d’autres entreprises puissent profiter de l’absence de cadre qui existe encore : « Il est hors de question de laisser [les géants de la Tech] développer leurs activités de services financiers au sein d’un vide régulatoire, car c’est bien trop dangereux. Nous avons besoin de nous mettre en mouvement bien plus rapidement que ce que nous avons été en mesure de faire jusque là. »
Libra, un révélateur de failles pour les régulateurs ?
Coeuré estime également que si Libra à un rôle à jouer, c’est celui de catalyseur qui permettra aux institutions de se mettre à jour. « Tous ces projets sont en fait des coups de semonce assez utiles pour les régulateurs et les autorités publiques. Ils nous encouragent à soulever un certain nombre de questions et ils pourraient également nous permettre d’améliorer la manière dont nous faisons les choses. » La BCE pourrait ainsi modifier en profondeur la manière dont elle prend en compte les géants de la Tech.
Si on regarde les autres régulateurs actuels, on est en effet tenté de croire l’analyse de Benoît Coeuré. Plutôt passifs face au Bitcoin (BTC) et aux altcoins, les régulateurs mondiaux se sont réveillés en sursaut avec l’arrivée de Libra et de son potentiel perturbateur. Comme nous vous l’expliquions il y a quelques jours, les législateurs américains ont officiellement demandé à Libra de mettre en pause son développement. Au Royaume-Uni, c’est la même course qui a débuté, avec des régulateurs financiers qui tentent de prendre la mesure du projet le plus rapidement possible. La France, pour l’instant, s’est contentée d’un commentaire du gouverneur de la Banque de France, qui estime que Libra devrait être prise en compte comme une banque.
Ces réactions montrent que le monde des crypto-monnaies doit quant à lui se préparer à une vague régulatrice. Au-delà de légiférer sur le « Zuckerberg coin », toutes ces institutions vont créer des précédents qui influenceront fortement la nébuleuse des altcoins et des crypto-actifs. Après les recommandations du GAFI, approuvées par le G20, une ère plus stricte se dessine à l’horizon. Les crypto-monnaies, qui sont par définition décentralisées, devront donc naviguer avec prudence pour conserver leurs avantages.