Libra trouvera-t-elle son point d’ancrage en Afrique ?

Libra trouvera-t-elle son point d’ancrage en Afrique ?

 

La Libra pourrait-elle apporter une solution aux populations non bancarisées, présentes en Afrique ? C’est ce que suggère l’économiste Jérôme Mathis, qui analyse le potentiel du stablecoin sur le continent africain dans une tribune parue dans Le Monde le 1er septembre.

 

Libra et l’Afrique : un mariage rêvé ?

De plus en plus d’économistes le suggèrent : l’Afrique pourrait utiliser la blockchain pour permettre aux personnes non-bancarisées d’avoir accès aux services financiers. Les banques restent en effet peu présentes sur le continent, mais sa population jeune et dynamique est avide de moyens d’envoyer et de recevoir de l’argent facilement. Seul problème, les solutions proposées sont fragmentées, une monnaie virtuelle unique serait donc nécessaire pour vraiment créer une révolution. Le Bitcoin (BTC), qui est utilisé comme rempart contre l’inflation, reste cependant trop volatil pour être viable sur le long terme.

Alors pourquoi pas Libra ? Selon Jérôme Mathis, le stablecoin de Facebook possède plusieurs avantages qui pourraient bien séduire la population africaine. D’une part, son cours sera stabilisé car il sera adossé à différentes devises. De l’autre, il est destiné à être utilisé sur des plateformes mobiles, « comme WhatsApp ou Messenger, toutes deux propriétés de Facebook, particulièrement présentes en Inde et en Afrique et adaptées à des connexions Internet à faible débit ». De là à le voir détrôner le BTC, il n’y a qu’un pas.

 

Transférer des capitaux vers l’Afrique

Comme le rappelle Mathis, de très nombreux Africains établis en dehors du continent envoient régulièrement des sommes importantes dans leur territoire d’origine. Ce sont « plus de 60 milliards de dollars (plus de 54 milliards d’euros) » qui sont envoyés en Afrique chaque année. Au Liberia, ces rentrées d’argent correspondent à plus d’un quart du PIB du pays. Libra pourrait donc à la fois proposer un service de paiement au sein du continent, et favoriser les envois de fonds internationaux. Le stablecoin concurrencerait au passage les services de transferts comme Western Union.

 

L’altcoin Dash (DASH) l’avait déjà bien compris avec son positionnement en Amérique latine : il est bien plus facile de convaincre des populations en manque de moyens de paiements stables, qui voient une vraie utilité aux monnaies virtuelles. L’adoption massive tant souhaitée par les crypto-monnaies pourrait donc bien venir de ces régions. On peut voir arriver avec crainte un système de paiement porté par une entreprise aussi tentaculaire que Facebook. Mais ici, comme ailleurs, c’est bien le marché qui décidera si Libra a sa place ou non en Afrique.

 

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