Libra pourrait menacer WeChat Pay et Alipay selon Tencent

Le géant chinois de l'Internet et des communications Tencent s'est dit préoccupé par le fait que Facebook parvienne à lancer la Libra d'ici 2020. D'après l'entreprise, les fournisseurs de services de paiement chinois comme WeChat Pay et Alipay seraient alors menacés sur le plan international.

Une menace pour la Chine

Dans un whitepaper publié cette semaine, Tencent a déclaré que la Libra affectera non seulement les institutions financières traditionnelles, mais aussi les sociétés de la FinTech qui ont construit des écosystèmes de paiement relativement matures. Tencent qualifie l'initiative de Facebook d'« ambitieuse et radicale », mais aussi de « prudente et rationnelle ». La société a illustré l'efficacité de la stratégie d'expansion de la Libra :

“ Dans cette stratégie, la Libra pourrait rapidement entrer sur des marchés dont l'infrastructure financière est sous-développée, en particulier ceux qui n'ont pas de monnaie locale bien ancrée, avant de s'implanter sur les marchés développés. ”

Bien que la Libra de Facebook ait le potentiel de répondre aux besoins de toutes ces personnes, il est peu probable que les plateformes de paiement chinoises existantes se penchent sur un système similaire :

“ Toute société sur Internet qui a un système de paiement numérique relativement mûr, comme WeChat Pay et Alipay, serait menacée par le stablecoin si jamais il est lancé. ”

Dans ses propos, Tencent n'envisage pas une seule seconde de créer son propre stablecoin et craint simplement l'impact que la Libra pourrait avoir, même au sein du territoire chinois. Tencent a toutefois affirmé que la tokenisation peut réduire les coûts de recherche et développement, de gouvernance et d'expansion de la base d'utilisateurs, tout en poussant les entreprises de la FinTech à innover.

La CBDC comme concurrente ?

Tencent et Alibaba dominent le marché chinois des paiements locaux avec leurs services de paiement, respectivement WeChat Pay et Alipay. Les deux services sont en concurrences directes, mais aucun d'entre eux ne semble travailler sur des projets de cryptomonnaies pour le moment.

Même si ces deux géants se rendent bien compte du potentiel d'une telle technologie, il est probable qu'ils soient dans l'incapacité de faire quoi que ce soit en raison du rude climat qui pèse sur les cryptomonnaies en Chine.

N'oublions pas que les régulateurs chinois restent très vigilants sur toute activité liée aux cryptomonnaies dans le pays depuis qu'ils les ont fait interdire en 2017. Cependant, la Libra pourrait se trouver rapidement un adversaire de taille si jamais elle voit le jour. En effet, le gouvernement chinois travaille sur une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) depuis quelques mois et compte bien aussi se positionner sur ce marché.

Le 23 octobre, Mark Zuckerberg a témoigné devant le Comité des services financiers de la Chambre des représentants des États-Unis pour défendre le projet Libra. Durant son audience, il l'a défendu en affirmant que la Libra pourrait être un moyen pour les États-Unis de garder leur puissance financière internationale. Le stablecoin de Facebook serait un moyen de contrer la menace potentielle que pourrait représenter une cryptomonnaie similaire lancée et gérée par le gouvernement chinois.

Directeur de publication de Cryptoast, je découvre le Bitcoin et la technologie blockchain en 2017. Depuis, je m'efforce de partager un contenu qualitatif pour que le secteur se démocratise auprès de tous.

Clément Wardzala

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