Voter en période de pandémie : Pour une expérimentation de la blockchain lors des municipales
Les communications officielles du gouvernement et internes aux entreprises présentent le télétravail comme l’alternative efficace au travail de bureau en temps de coronavirus. Pourtant, dans le même temps, les élections municipales françaises sont maintenues pour des raisons politiques discutables et dans des conditions sanitaires approximatives. Les systèmes de vote à distance existent et la technologie blockchain permettrait de relever efficacement ce défi rapidement, de manière flexible et sécurisée.
Une blockchain est avant tout, une base de données, décentralisée, qui ne peut être falsifiée ou modifiée unilatéralement par un administrateur.
Bien que la blockchain puisse encore être qualifiée de technologie expérimentale, elle figure parmi les composants incontournables des systèmes de vote électronique sécurisés. Les votes électroniques restent encore difficiles à mettre en place comme l’a encore prouvé récemment l’expérience dysfonctionnelle du parti Démocrate américain en février 2020 lors du caucus de l’Iowa. Néanmoins, la blockchain permet de résoudre ou au moins de limiter les difficultés de mise en place de ces scrutins électroniques grâce à des systèmes de chiffrement efficaces pour l’expression anonymisée du choix lors du vote (bulletin secret électronique) et de la transparence dans le mode de réalisation du scrutin et de décompte des voix. La blockchain résout ainsi des problèmes de faillibilité, d’opacité, de centralisation et d’inefficacité.
Les contrats intelligents dont l’usage s’est généralisé avec les blockchains de deuxième génération, notamment la blockchain Ethereum, permettent de déployer rapidement, des scrutins numériques avec des organisations autonomes décentralisées (DAO).
L’argument classique selon lequel le taux d’illectronisme des personnes âgées empêcherait ces derniers de voter à due proportion dans le cas de vote électronique à distance doit, en cas de pandémie, être mis en balance avec les risques encourus et donc le taux de participation réduit de cette catégorie de population. Si la vie démocratique doit continuer en cette période, mieux vaut un accompagnement technologie de ces populations qu’un accompagnement en soin intensif.
Nous vivons actuellement un moment particulièrement propice à l’expérimentation des solutions électroniques, pour la définition de bonnes pratiques durables avec le numérique et pour susciter l’intérêt et le réveil technologique de personnes réticentes. Ne manquons pas cette opportunité, en cette période troublée où des précautions sanitaires imposent de changer, au moins ponctuellement, les habitudes de vie sociale, professionnelle et citoyenne.
Le déploiement de systèmes de DAO à l’échelle municipale permettrait également de fluidifier et de rendre transparents l’affectation du budget municipal participatif, voire même à terme de rendre possible de vrais systèmes de participation citoyenne contemporains d’empowerment (responsabilisation) modulaire et raisonnés.
? Qu'est-ce qu'une organisation autonome décentralisée (DAO)
La blockchain se présente ainsi comme la technologie permettant l’avènement d’une démocratie liquide, c’est-à-dire d’un mode de démocratie directe teinté de représentativité ponctuelle et thématisée. Les transitions sociétales guidées par de nouveaux possibles technologiques sont des phénomènes récurrents. La transition de la démocratie représentative à la démocratie liquide est le pendant politique de la transition des massmédias (télévision, radio…) aux médias multi-points (réseaux sociaux, forum, encyclopédie participative…).
Au-delà du cadre souvent conservateur de reproduction systémique dominant lors des élections, cette technologie peut permettre d’œuvrer au renforcement démocratique et s’avère un outil efficace pour réaliser des sondages d’opinion, de la consultation citoyenne locale ou de la gestion de projets citoyens.
La blockchain a également prouvé son utilité pour fournir des solutions de responsabilité et de transparence dans le domaine des chaînes d’approvisionnement. Tout laisse à croire que cette technologie serait également adaptée à la transparence de la vie publique et à la conformité, dans la mesure où la blockchain permet un horodatage des opérations, ce qui facilite les audits et le travail des autorités de contrôle.
En ce qu’elle se caractérise intrinsèquement comme une technologie glocale, comme un mécanisme pair-à-pair sans frontière, la blockchain permet de dynamiser des projets gérés localement, par exemple à l’échelle d’une municipalité, grâce à des financements et des expertises globales. Cette approche est celle qui permet de donner un réel écho aux dynamiques visant à tirer avantage des décalages en termes d’apparition et de progression du coronavirus en monitorant l’affectation locale de ressources globales.
En outre, la blockchain et les dispositifs de tokenisation permettent de créer des mécanismes incitatifs à l’échelle locale et des mécanismes d’échanges éco-responsables et solidaires. Ces dispositifs permettent de réajuster les priorités sociétales et les comportements valorisés en limitant le recours à l’autoritarisme. La tokenisation mérite sa place parmi les outils de smartpower pour gérer et orienter les décisions individuelles dans le sens de l’intérêt général dans un contexte évolutif et risqué notamment pour la santé publique et l’économie.
Même si ces mutations imposent la création d’identités numériques fiables et qu’un recul est souvent préférable avec des expérimentations, des solutions de e-voting existent déjà, par exemple, dans la commune de Zoug en Suisse et pourraient être répliquées en France, si l’Etat se mobilise avec la communauté blockchain et si un renouvellement immédiat des élus s’impose vraiment...
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