Bruno Le Maire souhaite la création d’une crypto-monnaie publique
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé vouloir ouvrir une réflexion sur la création d’une crypto-monnaie publique, dans une interview à La Croix. Le projet aurait pour but de concurrencer le stablecoin de Facebook, Libra.
Libra non, les crypto-monnaies pourquoi pas
La méfiance de Bruno Le Maire face à Libra n’est plus un secret. Interrogé sur la viabilité du stablecoin de Facebook en juin dernier, le ministre avait été clair : « il est hors de question qu’elle devienne une monnaie souveraine ». Il estime que la gestion d’une monnaie doit être centralisée autour d’un gouvernement, afin d’assurer la sécurité des citoyens : « La capacité d’émettre des titres, de constituer une réserve et d’être un prêteur en dernier ressort : tout cela n’est pas envisageable [pour une cryptodevise] ».
Mais si le ministre de l’Économie freine des quatre fers quand il s’agit d’adopter un altcoin issu d’une entreprise, ce n’est pas forcément le cas pour d’autres options. En avril dernier, il avait ainsi estimé que la France devait devenir leader en Europe sur les technologies blockchain, à l’occasion de la Paris Blockchain Week :
La France a tous les moyens pour devenir un pays leader en Europe sur les technologies #blockchain : des start-ups qui réussissent dans ce domaine, des centres de recherches et de formation, des grands groupes qui l'expérimentent. #ParisBlockchainConference pic.twitter.com/hdHwaw7t3I
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) April 15, 2019
Jusque là, il n’était pas question pour la France d’émettre une crypto-monnaie souveraine, mais il semble que le projet ait mûri au cours des derniers mois.
La France aura-t-elle sa crypto-monnaie publique ?
C’est le souhait du ministre, qui entend aborder le sujet à l’occasion des assemblées du FMI et de la Banque mondiale. Il souhaite « [engager] une réflexion sur une monnaie numérique publique émise par les banques centrales qui garantirait la sécurité totale des transactions, leur rapidité, leur simplicité et leur gratuité. » Cette crypto-monnaie publique serait centralisée autour de l’État, elle aurait pour but de mettre à niveau le système de transactions financières actuel.
Le ministre estime que la blockchain a un vrai potentiel pour améliorer les outils de paiement modernes, notamment pour les personnes qui ne possèdent pas de compte bancaire : « Le vrai défi pour les services de paiement est de réduire les délais de fonctionnement, les délais de transition et les coûts des opérations financières transfrontalières. Mais aussi d’offrir un accès facile aux populations dans les pays peu bancarisés »
Parmi les grandes puissances occidentales, le gouvernement français est un des plus favorables aux monnaies virtuelles. Bien qu’il estime qu’aucune société ne puisse se substituer à l’État en termes de finance, il a quand même une approche positive du milieu de la blockchain. La création d’une crypto-monnaie publique française pourrait en tout cas représenter une petite révolution et peut-être inciter d’autres pays à suivre l’exemple.