Un membre de la Banque de France appelle à mieux réguler les crypto-actifs
Le premier sous-gouverneur de la Banque de France, Denis Beau, a donné quelques pistes pour mieux réguler le domaine des crypto-actifs, à l’occasion d’un discours devant l’Official Monetary and Financial Institutions Forum (OMFIF) à Londres.
Surveiller l’émergence des cryptos
Denis Beau part d’un constat : il faut prendre en compte les cryptodevises, à cause de leur potentiel perturbateur pour les marchés financiers : “Nous pourrions voir des actifs de réglement se développer, qui entreraient en compétition et pourraient même selon leurs promoteurs remplacer les monnaie commerciales issues des banques centrales [qui sont] au centre de nos systèmes de paiements.”
Selon Beau, il reste erroné de qualifier ces actifs de “monnaie”, pour trois raisons : d’une part, leur valeur fluctue énormément, de l’autre elles sont moins efficaces que les espèces et n’offrent pas de garantie en cas de fraude. Enfin, Beau estime qu’elles “n’ont pas de valeur intrinsèque” et ne peuvent pas “être utilisées pour créer des réserves de valeur fiables.” Malgré ces critiques, le sous-gouverneur estime quand même que les crypto-actifs ont un potentiel. Les technologies développées peuvent selon lui “amener […] des opportunités d’amélioration pour les systèmes de paiement”.
Comment réguler les crypto-actifs ?
Partant de ce constat, Denis Beau estime que les Banques centrales peuvent opter pour plusieurs stratégies. Elles peuvent simplement choisir d’ignorer les cryptos, au vu des volumes peu élevés. Mais ce n’est pas souhaitable selon Beau, car elles représentent des sources potentielles de “fragmentation, d’instabilité et de fraude”, en particulier les stablecoins.
Il est également possible d’interdire purement et simplement une partie de l’écosystème des cryptos, comme l’a fait la Chine. Mais cette stratégie ne fait qu’alimenter des marchés parallèles. La troisième option, qui est préférable selon Beau, est d’établir des régulations appropriées au domaine de la blockchain. Il rappelle que c’est la stratégie privilégiée en France et en Europe, car elle a deux avantages. D’une part, elle permet de répondre aux risques mentionnés, et de l’autre, elle permet de préserver les innovations technologiques développées par l’écosystème des cryptos.
Denis Beau mentionne également une possible monnaie numérique émise par les banques centrales. Il estime qu’il pourrait être intéressant de développer une telle cryptodevise, non pas afin de la rendre accessible au public, mais pour faciliter les échanges avec les intermédiaires financiers. Selon lui, l’élaboration de ces stratégies doit cependant se faire au niveau global : “La nature intrinsèquement numérique et globale des crypto-actifs nécessite cependant une approche coordonnée et internationale, qui est nécessaire afin d’être efficace.”
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