Quelle place pour le Web3 au sein des élections européennes ? L'éclairage de Faustine Fleuret

Alors que la date butoir pour les élections européennes approche à grands pas, une question subsiste : y a t-il des candidats en mesure de porter les couleurs du Web3 ? Faustine Fleuret, présidente de l'Adan, nous apporte un éclairage quant à la place de l'écosystème à l'aune de ces nouvelles élections.

Quelle place pour le Web3 au sein des élections européennes ? L'éclairage de Faustine Fleuret

Web3 et élections européennes : l'analyse de Faustine Fleuret, présidente de l'Adan

Du 6 au 9 juin prochain, comme tous les 5 ans, les citoyen(e)s européen(ne)s seront appelé(e)s à élire leurs représentant(e)s au Parlement européen, l’institution qui - avec le Conseil de l’Union européenne - dispose du pouvoir législatif : en synthèse, il adopte et modifie la législation européenne, arrête le budget de l’Union, et contrôle le travail de la Commission européenne (l’organe exécutif de l’UE, qui sera lui-même renouvelé d’ici la fin de l’année). Aujourd’hui présidé par Roberta Metsola et composé de 705 député(e)s, le Parlement européen en comptera 720 à l’issue du scrutin de cette fin de semaine (suffrage universel direct, à un tour unique), dont 81 élu(e)s français(e)s parmi les 38 listes en compétition.

Le rôle crucial de cette institution pour le citoyen (en tant que consommateur, utilisateur, investisseur, entrepreneur, employeur, etc.), associé à la longueur du mandat d’un parlementaire européen (surtout lorsque ce dernier n’est pas un allié…), explique aisément les préoccupations que l’enjeu de ces élections suscite, y compris celles de l’industrie Web3. Les préoccupations, mais aussi les frustrations : y a-t-il une liste, un(e) candidat(e), qui portent les couleurs de l’Internet de la Valeur ?

Acclimater les futur(e)s parlementaires au Web3, l’inscrire à leur agenda, l’intégrer à leur programme : un travail de longue haleine poursuivi par l’Adan durant toute la campagne, et bien en amont.

Un travail qui commence par de l’éducation. Si ces dernières années la France et ses décideurs publics (gouvernement, administration, législateurs, régulateurs) ont acquis une connaissance et une expertise dont ils ne pouvaient faire l’économie dans le contexte de nos nombreux débats réglementaires (la réglementation des ICO et des PSAN, la loi Influenceurs, le régime Jonum des jeux vidéo Web3, etc.), le Parlement européen s’est - en comparaison - saisi bien plus tardivement (concrètement, lorsque la Commission européenne leur a présenté son projet de règlement MiCA) et moins massivement de nos sujets. Qu’est-ce que le Web3, que représente ce secteur et qui s’en est aujourd’hui emparé, quelles opportunités pour l’Europe ? C’est à ces questionnements que l’étude annuelle de l’Adan (en partenariat avec KPMG et Ipsos) entend répondre en apportant les chiffres et les informations qui leur parlent : les Européens détiennent déjà des crypto-actifs, et veulent continuer d’en acquérir dans un environnement sécurisé. Le secteur crée des emplois et de la richesse, la concurrence internationale est rude et le financement de nos champions domestiques est macrophagé par les investisseurs américains et asiatiques…

Un travail qui se poursuit, et se poursuivra au-delà des élections, par le portage de messages et de propositions concrètes. L’Adan porte ainsi auprès des candidat(e)s 22 recommandations, déclinées et précisées dans notre manifeste.

Alors oui, j’entends regretter, dénoncer, fustiger : aucun(e) candidat(e) n’a parlé et n’a débattu de Web3 et de crypto (à l’exception du Parti Pirate). C’est sur la base de ce constat que j’ai été appelée à rédiger cette tribune. J’en conviens : passer au crible les entretiens et les discours des têtes de liste et leurs programmes, vous ne trouverez que peu d'occurrences de ces termes.

Pour autant, cela signifie-t-il que les problématiques de l’industrie et des utilisateurs du Web3 sont absentes de leurs discussions et de leurs ambitions ? La réponse est non.

Non, car ces discussions, l’Association les a avec les prétendant(e)s des principaux groupes parlementaires (CRE, PPE, S&D, Renew, Verts/ALE, etc.). Le thème du Web3 est suffisamment large et inclusif pour que chacun, quelles que soient son histoire partisane et les valeurs qu’il porte, puisse s’approprier cette innovation et s’appuyer sur elle pour déployer efficacement des politiques publiques.

Non, car promouvoir le Web3 de façon pragmatique, ce n’est pas l’ériger comme un sujet parallèle, spécifique, exotique : c’est impulser un sujet qui émane de partout, qui concerne tout le monde, qui imprègne toutes les solutions aux problématiques rencontrées par les Européens, qui accompagnent tous les objectifs poursuivis par l’Europe.

Ostraciser le Web3 comme un enjeu à part, un univers parallèle, n’est assurément pas une stratégie gagnante. Car comment amener des parlementaires à se saisir d’un sujet qu’on leur présenterait comme annexe, niche, hors des enjeux actuels ? A contrario, nous devons leur montrer qu’il ne s’agit pas pour eux de découvrir un nouveau sujet, mais plutôt de comprendre que le Web3 est l’un des puissants moteurs de l’évolution en cours de notre société et de notre économie.

C’est ainsi que l’Adan défend les actions que l’Europe doit mener en facteur du Web3, que l’Association avance avec les candidat(e)s pour qu’ils prennent la mesure de la cohérence de nos combats avec les leurs. Ceux en faveur de l’autonomie stratégique de l’Europe, de la croissance économique, des emplois, des droits fondamentaux des Européens, de la protection de leur vie privée, de la lutte contre la désinformation, du programme de la décennie numérique ou encore pour la concrétisation du Green Deal. Ce sont ces combats qui structurent les 22 recommandations du manifeste de l’Adan. Lesquelles ont été entendues par les principales listes françaises, dont on peut par exemple citer les composantes suivantes : le programme de développement de champions européens dans l'industrie des jeux vidéo de Renew, le projet de pacte numérique vert et social des Verts, le fonds souverain pour investir dans le numérique et les obligations de financement à imposer aux GAFAM et BATX en contrepartie de l’accès au marché européen proposés par Place publique.

Mais aucune ligne d’aucun programme ne deviendra une réalité sans le bulletin dans l’urne pour en soutenir la matérialisation. Alors renseignez-vous et votez. Venez rencontrer vos élu(e)s à Bruxelles lors de la 4e édition du Web3 Leaders Forum de l’Adan. Et parlez-leur le langage commun du Web3 pour l’Europe.


Pour ne pas louper l'actualité et les analyses de Faustine Fleuret, nous vous invitons à suivre cette dernière sur ses comptes LinkedIn et X.

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Diplômée en économie-finance, Faustine Fleuret travaille d’abord pour l’Autorité des marchés financiers (AMF) avant de rejoindre l’Association française des marchés financiers (AMAFI), où elle initie le développement de l’expertise blockchain et fonde le groupe de place « Actifs numériques ». Elle co-écrit un ouvrage sur la réglementation européenne des marchés d’instruments financiers (MIF 2).

Elle rejoint ensuite Consensys, où elle mène plusieurs missions de conseil (auprès du ministère de l’Économie et des Finances, de la Commission européenne, etc.) tout en étant responsable des affaires réglementaires. En 2020, elle devient directrice Stratégie et Relations institutionnelles à l’Adan, et co-écrit le livre « Droit des crypto-actifs et de la blockchain » (LexisNexis).

Elle est élue présidente de l’Association en mai 2021, tout en reprenant sa direction générale.

Parallèlement, elle enseigne depuis 2017 à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne : les produits dérivés et la gestion des risques, puis la Fintech. Elle est membre du Laboratoire d’excellence en régulation financière (LabEx-ReFi). Elle est également advisor de l'incubateur / accélérateur cube3.

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